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Faits & Documents n°374 du 1er au 15 avril 2014 – Portrait : Alain Finkielkraut

Le nouveau numéro de Faits & Documents du 1er au 15 avril 2014 vient de paraître, avec (entre autres) un portrait d’Alain Finkielkraut.

Le 10 avril, l’ancien militant maoïste libertaire devenu un philosophe néo-cons (pro-américain, ultra-sioniste), à l’instar de son maître Benny Lévy, succédera sans doute au fauteuil de Félicien Marceau à l’Académie française. Positionné au cœur de l’intellocratie française, ce familier des plateaux de télévision et animateur de Répliques sur France Culture a su conquérir une large partie du public conservateur à l’aide de formules brillantes (« l’antiracisme est le communisme du XXIe siècle »). Exaltant aujourd’hui les racines de la France (« j’ai la nostalgie de la France »), il en fut pourtant l’un des contempteurs, participant largement à la destruction des valeurs identitaires. Comme quoi, les donneurs de leçons d’un jour seront les donneurs de leçons de demain, bien que s’étant plus que souvent trompés.

Faits & Documents n°374 du 1er au 15 avril 2014 - Portrait : Alain Finkielkraut

Faits & Documents n°374 du 1er au 15 avril 2014 – Portrait : Alain Finkielkraut

Je suis très nostalgique de la gauche mendésiste »
Alain Finkielkraut, Le Point (10 octobre 2013).

« Il appartient à la gauche sioniste qui ne supporte pas qu’on attente au rêve d’Israël »
Philippe Gumplowicz, Le Nouvel observateur (17 octobre 2013).

« Il fait honneur à l’intelligence française »
Nicolas Sarközy, 4 décembre 2005.

« Pour Finkielkraut, défendre la France revient à défendre Israël et vice-versa »
Le Figaro Magazine (23 août 2013).

« Dès 2003, il écrit que les enfants des cités pour lesquels il défilait au nom de l’antiracisme portent l’antisémitisme d’aujourd’hui. »
Marianne, 5 juin 2010

Alain Finkielkraut est né le 30 juin 1949 à Paris. Son père, Daniel Finkielkraut (1904-1998), maroquinier rue Jean-Pierre Timbaud (Paris XIe) était né à Varsovie où il fut inscrit au Maccabi (club de sport juif). Arrivé en France dans les années trente, il sera déporté en juin 1942 tandis que sa future femme, une juive allemande née en 1920 à Lwow (autrefois en Pologne aujourd’hui en Ukraine), passa l’Occupation à Anvers avec de faux papiers. Mariés en 1948, ils furent naturalisés en 1950, en même temps que leur fils, qui avait alors un an. On parlait yiddish à la maison et le père, sioniste de la première heure, recevait chaque matin le quotidien yiddish Unser Wort (Notre parole). Ne fréquentant pas la synagogue et ne célébrant que Roch Hachana et Kippour, Alain Finkielkraut n’a pas été élevé dans la religion stricto sensu, n’ayant même pas été circoncis. Le Point du 10 octobre 2013 indique : « Timide, il ne vous regarde pas au visage, il regarde juste en dessous […] On ne le connaissait pas guilleret, ce grand bonhomme de 1,83 mètre voûté par le poids du monde, de l’étude et de l’intelligence. De l’« intellijuiverie », selon le mot d’Albert Cohen. Finkielkraut n’est pas circoncis (ses parents tenaient à ce que leur fils unique soit « assimilé »), il ne met presque jamais les pieds dans une synagogue et il ne fait pas Kippour, mais, en bon « juif imaginaire », il a un rapport viscéral à Israël, et ça lui plaît d’être surnommé « mon Rabbi » par l’une de ses amies. »
Ses parents l’inscrivent à l’école élémentaire des Récollets (Paris Xe) sous le nom de Fink pour éviter les jeux de mots, et l’éduquent en langue française : « Ils avaient une telle haine de la Pologne qu’ils n’ont pas voulu me refiler la langue. » (Libération, 19 avril 1999). Comme le résumait L’Evénement du jeudi (16 janvier 1992) : « Il a gardé « une nostalgie inépuisable pour la vie juive d’Europe centrale » dont ses parents sont originaires. Autrefois on aurait dit de lui : c’est un juif de gauche. » Vis-à-vis du judaïsme, Alain Finkielkraut a donc toujours nourri un complexe, se voulant à l’intérieur alors qu’il était, comme non circoncis, à l’extérieur : « La culture juive lui reste extérieure, il est dans un effort permanent d’affirmation. Il y a chez lui une jouissance inavouée à croire revivre ce que ses parents ont vécu » dit à son propos Théo Klein, ancien président du CRIF (décembre 2005). Ce qui le conduit à tout mélanger allègrement. Dans l’hebdomadaire officiel du PS, L’Unité, il écrivait en 1987 (n° 593) : « Il y a toujours un dérapage possible, il y a toujours l’ambiance de pogrom, qui s’installe dans un pays quand le racisme, au lieu de n’exister que dans le secret des consciences ou dans les conversations particulières, trouve un écho massif dans la vie publique. Le rôle de la politique ici, c’est d’endiguer les pulsions agressives, l’abjection individuelle. Le Pen fait l’inverse. Au lieu d’endiguer, il flatte. Il est le courtisan des passions basses […] Il n’en reste pas moins (…)

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