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Faire sa révolution intérieure :

 

La réforme ou la révolution, commençons par nous-mêmes…

« Cependant le XIVe siècle qui voit l’amélioration des transports maritimes, le déclin de l’esprit de Croisade, une extension marquée du commerce international et sur­tout maritime (les grandes foires médiévales ayant été alimentées le plus souvent par les voies terrestres ou fluviales) est un siècle d’expansion économique, et d’une importance accrue donnée au monde de l’argent. » (M-M. Martin)

Le système nous manipule mais cela se ferait-il sans penser un instant à une sorte de consentement, une voie douce nous entraînant vers l’abdication, celle d’un assouvissement accepté.

Que faire alors ?

Les actions d’éclat, les grandes manifestations existent encore, même si celles-ci font la une, l’espace d’un instant, elles ne peuvent faire osciller une tendance décisionnaire du pouvoir en place… On peut le regretter mais le système possède tous les moyens pour vous faire taire et vous anéantir, de la pression fiscale à l’interdiction, en passant par l’incarcération voir l’amende disproportionné. Proudhon se serait exclamé : « … inspecté, espionné, endoctriné, contrôlé, censuré, licencié, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, emprisonné, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, fusillé et pour comble berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! … » ("Idée générale de la révolution au XIXe siècle") Si cela ne suffit, votre disparition pourrait être programmée éventuellement dans un accident.

Ne cherchons pas à dénoncer un adversaire potentiel dans des sectes ou sociétés, communautés ou religions, car celui-ci est en nous. L’ennemi se nomme paresse, hédonisme, subjectivisme… L’alternative est dans notre auto critique et avec humilité arriver à une remise en cause essentielle. L’attrait des biens matériels que la société de consommation agite, nous conditionne comme la carotte fait avancer l’âne. Nous avons participés à cette décadence où l’aboutissement est dans l’avilissement de l’homme. Cette corruption des mentalités paralyse toute riposte, tout réflexe sain qui ralentirait cette marche inéluctable vers le chaos et l’abime. Marie-Madeleine Martin l’a montré dans son magnifique livre : « Les Doctrines Sociales en France», mettant en lumière la cassure opérée dans la mentalité Française survenue après les temps médiévaux, lorsque la part donnée au monde invisible fut oubliée. Lorsque l’argent et l’usure commencèrent à supplanter la parole donnée et toutes les valeurs humaines ancestrales :
« Si l’on se représente, tout un peuple s’occupant de politique, et depuis le premier jusqu’au dernier, depuis le plus éclairé jusqu’au plus ignorant, depuis le plus inté­ressé au maintien de l’état de choses actuel jusqu’au plus intéressé à son renversement, possédé de la manie de discuter les affaires publiques et de mettre la main au gouvernement ; si l’on observe les effets que cette maladie produit dans l’existence de milliers d’êtres humains ; si l’on calcule le trouble qu’elle apporte dans chaque vie, les idées fausses qu’elle met dans une foule d’esprits, les sentiments pervers et les passions haineuses qu’elle met dans une foule d’âmes ; si l’on compte le temps enlevé au travail, les discussions, les pertes de force, la ruine des amitiés ou la création d’amitiés factices et d’affections qui ne sont que haineuses, les délations, la destruction de la loyauté, de la sécurité, de la politesse même, l’introduction du mauvais goût dans le langage, dans le style, dans l’art, la division irrémédiable de la société, la défiance, l’indiscipline, l’énervement et la faiblesse d’un peuple, les défaites qui en sont l’inévitable conséquence, la disparition du vrai patriotisme et même du vrai courage, les fautes qu’il faut que chaque parti commette tour à tour, à mesure qu’il arrive au pouvoir dans des conditions toujours les mêmes, les désastres et le prix dont il faut les payer ; si l’on calcule tout cela, on ne peut manquer de dire que cette sorte de maladie est la plus funeste et la plus dange­reuse épidémie qui puisse s’abattre sur un peuple, qu’il n’y en a pas qui porte de plus cruelles atteintes à la vie privée et à la vie publique, à l’existence matérielle et à l’existence morale, à la conscience et à l’intelligence, et qu’en un mot il n’y eut jamais de despotisme au monde qui pût faire autant de mal»
(Fustel de Coulanges )

Que constate-t-on ? Les ravages des théories de Jean Jacques Rousseau dans le mythe du bon sauvage, où seront notamment confrontées les armées Françaises d’Amérique au XVIIIème siècle, la réalité rouvrira les yeux des naïfs !!! Les idées changèrent et se transformèrent. C’est ce que Marie-Madeleine Martin mit en évidence dans ses travaux : « Jamais il n’avait existé, comme au XVIIIe siècle, une organisation puissante, ramifiée à l’infini, reliant tous les manieurs de plume d’un bout à l’autre du territoire et couvrant la France d’un réseau serré, propre à fortifier partout l’union des principes pour une œuvre commune. L’action des intellectuels devint alors une véritable machine de guerre…».

La mentalité ne changea pas d’un seul coup. Il fallut beaucoup de temps et de nombreuses capitulations des élites pour arriver à ce que nous sommes aujourd’hui. L’esprit des bâtisseurs de cathédrales se transforma lentement pendant des années pour devenir l’être superficiel dont la plupart d’entre nous sont devenus, le jouisseur, le consommateur, le voyeur, l’intéressé, le parvenu, bref le robot humanoïde de demain. Ce bouleversement profond de la société a inversé le sens des valeurs et touche toutes les couches de la société. Le doute de l’autorité, de la hiérarchie, de la discipline, le sens de la parole, les dogmes, les règles de vie, la spiritualité, bref l’exception française qui faisait jadis la qualité des hommes, de la chevalerie et cela encore au XVIIIème siècle disparaissent peu à peu… Cela continuera néanmoins mais ne sera plus le reflet d’une société entière mais le fait de quelques-uns. Dans la préface du livre de Paul Hazard (La crise de la conscience européenne) réalisé par Pierre Palpant, on y lit :
« Quel contraste ! Quel brusque passage ! La hiérarchie, la discipline, l'ordre que l'autorité se charge d'assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu'aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l'autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle, leurs successeurs immédiats. Les premiers sont chrétiens, et les autres antichrétiens ; les premiers croient au droit divin, et les autres au droit naturel ; les premiers vivent à l'aise dans une société qui se divise en classes inégales, les seconds ne rêvent qu'égalité. Certes, les fils chicanent volontiers les pères, s'imaginant qu'ils vont refaire un monde qui n'attendait qu'eux pour devenir meilleur : mais les remous qui agitent les générations successives ne suffisent pas à expliquer un changement si rapide et si décisif. La majorité des Français pensait comme Bossuet ; tout d'un coup, les Français pensent comme Voltaire : c'est une révolution… » Et plus loin : « Il s'agissait de savoir si on croirait ou si on ne croirait plus ; si on obéirait à la tradition, ou si on se révolterait contre elle… L'hérésie n'était plus solitaire et cachée ; elle gagnait des disciples, devenait insolente et glorieuse. La négation ne se déguisait plus ; elle s'étalait. La raison n'était plus une sagesse équilibrée, mais une audace critique… On reléguait le divin dans des cieux inconnus et impénétrables ; l'homme, et l'homme seul, devenait la mesure de toutes choses ; il était à lui-même sa raison d'être et sa fin… il fallait édifier une politique sans droit divin, une religion sans mystère, une morale sans dogmes. Il fallait forcer la science à n'être plus un simple jeu de l'esprit, mais décidément un pouvoir capable d'asservir la nature ; par la science, on conquerrait à n'en pas douter le bonheur. Le monde ainsi reconquis, l'homme l'organiserait pour son bien-être, pour sa gloire, et pour la félicité de l'avenir… qu'à peu près toutes les idées qui ont paru révolutionnaires vers 1760, ou même vers 1789, s'étaient exprimées déjà vers 1680. Alors une crise s'est opérée dans la conscience européenne entre la Renaissance, dont elle procède directement et la Révolution française, qu'elle prépare, il n'y en a pas de plus importante dans l'histoire des idées. A une civilisation fondée sur l'idée de devoir, les devoirs envers Dieu, les devoirs envers le prince, les «nouveaux philosophes» ont essayé de substituer une civilisation fondée sur l'idée de droit : les droits de la conscience individuelle, les droits de la critique, les droits de la raison, les droits de l'homme et du citoyen… » Et encore « …de même qu'on introduisit alors dans la société un ferment d'anarchie, en opposant la vertu primitive du sauvage aux erreurs et aux crimes de la civilisation. Ces années rudes et denses, toutes remplies de querelles et d'alarmes, et lourdes de pensée, n'en ont pas moins leur beauté propre. A suivre ces vastes mouvements, à voir les masses d'idées se désagréger pour se reformer ensuite suivant d'autres modes et d'autres lois, à considérer nos frères humains cherchant courageusement leur route vers leurs destins inconnus, sans jamais se laisser décourager ni abattre, on éprouve je ne sais quelle émotion rétrospective ».

A suivre...

Frédéric Winkler

http://www.actionroyaliste.com/bibliotheque-du-gar/etre-royaliste/1335-faire-sa-revolution-interieure-

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