De Guillaume Bernard dans Le Figarovox :
"[...] La volonté de recentrage de l'UMP (ou, du moins, de nombre de ses ténors) s'inscrit donc dans une double stratégie: d'une part, en l'arrimant à elle, empêcher le centre de basculer ou de s'allier à la gauche et, d'autre part, assurer sa présence au second tour de la présidentielle en additionnant les voix de la droite et du centre (et ainsi éviter un «21 avril» à l'envers). Cette stratégie qui semble, à première vue, logique présente cependantl'inconvénient de libérer de l'espace à droite (qui sera inéluctablement occupé) et, dans le fond, repose sur l'hypothèse que l'hémorragie des électeurs de droite vers le FN ne s'aggravera pas. Le pari est possible, mais il est d'autant plus risqué que les élections européennes ont démontré que l'abandon de la «ligne Buisson» avait conduit certains électeurs à basculer vers le FN dans la mesure où l'UMP n'entend plus incarner un authentique discours de droite. Pour nombre d'électeurs de droite, le vote FN n'est plus tabou. [...]
L'UMP ne pourra donc pas faire l'économie d'une réflexion sur la fracture idéologique et stratégique qui la traverse. Plusieurs événements - en particulier le référendum de 2005 sur le Traité établissant une constitution pour l'Europe et la loi Taubira ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels - ont révélé à toute une partie des électeurs de droite que leur idées n'étaient pas partagées par les élus qui étaient sensés les représenter.Cette distorsion entre le peuple de droite et ses élites politiques est d'autant plus profonde qu'elle ne consiste pas en de simples différences de degré dans l'appréciation des questions politiques et sociales, mais en une profonde opposition doctrinale. [...]
A cette divergence idéologique s'en ajoute une autre d'ordre stratégique. Si les dirigeants de l'UMP sont farouchement hostiles à toute forme de conciliation avec le FN, il y a près de la moitié des sympathisants de cette formation politique qui se montre favorable à des accords au moins locaux. [...]