Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Entretien] Le comte de Paris à L’AF : " Il faut reconstruire l’Europe autrement. "

Au lendemain des élections du Parlement européen, marquées par le vote important en faveur des mouvements souverainistes, nous nous sommes entretenus avec Mgr le comte de Paris, duc de France, qui nous a livré sa vision et son analyse à propos de l’avenir de l’Europe et de la France. 

L’Action Française 2000 – Quelle est votre conception de l’Europe ?

Mgr le comte de Paris – L’Europe n’a pas attendu M. Monnet, ni M. Delors, pour exister. Depuis des siècles, l’Europe a tenté de se bâtir selon deux schémas que l’on retrouve encore de nos jours. L’Europe fédérale, celle du Saint-Empire germanique, héritière des Romains, a fait souche avec Charlemagne. Ensuite, les Habsbourg ont poursuivi cette œuvre. Cette Europe s’appuyait sur des conquêtes éphémères, mais surtout sur la puissance de l’économie, celle des marchands et des banquiers, ainsi que de la Ligue hanséatique germanique, de la banque Fruger autrichienne et du Zollvereïn de Bismark, premières ébauches modernes d’une Europe sans frontières que nous retrouvons de nos jours au travers de la Banque centrale européenne et de ses affidés aux ordres de Berlin. Face à cette Europe-là, dès le Moyen Âge, des gens riches ou pauvres, artisans, artistes ou étudiants, parcouraient le continent d’un bout à l’autre, à la recherche du savoir. Ils ne craignaient ni les intempéries, ni les brigands. C’est l’Europe de la culture, une Europe spirituelle ou sociale, qui a alors émergé. Les maîtres enseignaient le beau, le bon et le juste. N’oublions pas tous ceux qui allaient révérer les reliques des lieux saints d’Espagne, de Russie, de France ou d’ailleurs... Nous avons de la difficulté à comprendre et à appréhender, nous, esprits matérialistes étroits, ce formidable mouvement qui poussait les hommes, les femmes et les enfants à la recherche de la connaissance et de la foi. C’était éblouissant. Cette autre Europe a été encouragée par les rois capétiens protégeant cette recherche culturelle sans frontières, cette foule de personnes en quête de leur vérité, avec leur besoin de savoir. La papauté, en ces époques, était encore confuse. Elle avait néanmoins su créer un "cordon ombilical" entre tous les États européens. Très vite, les Capétiens ont compris qu’il fallait séparer le pouvoir temporel du pouvoir spirituel. Cette séparation nécessaire a été maintenue jusqu’à nos jours. Elle n’empêchait alors aucunement chacun de vivre sa vie dans la foi.

Le système monarchique, en particulier en France, protégeait alors les identités nationales et culturelles spécifiques à chaque État européen. Pensez-vous que la République dénature cette conception ? 

La Révolution de 1789 a coupé le tronc de l’arbre pour créer une civilisation différente et plus moderne, matrice de toutes les révolutions suivantes, créant dans ses gènes le besoin d’intervenir dans la conduite des autres États et de leur imposer un modèle appelé démocratie, au nom de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est ainsi que ce qu’on appelle le "Printemps arabe" s’est transformé en chaos dont profitent les djihadistes... 1789 a initié les dislocations d’une Europe qui s’était créée de façon naturelle, sur un fondement chrétien sans frontières. Qu’elle le veuille ou non, qu’elle le puisse ou non, la France, de par sa situation géostratégique, a toujours eu un rôle primordial à jouer dans la construction d’une Europe confédérale constituée d’États souverains. Elle se situe, en effet, à la croisée des courants Est-Ouest, qui vont de l’Atlantique à l’Oural, et Nord-Sud, de la Baltique à la Méditerranée.

Vous faites allusion à un éventuel partenariat avec la Russie, qui est actuellement boudée par l’Union européenne. Peut-on composer avec elle ? [...]

Propos recueillis par Elie Hatem - La suite dans L’AF 2887

Les commentaires sont fermés.