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La société économique s’achève aujourd’hui en société de contrôle

La société économique s’achève aujourd’hui en société de contrôle. Se met en place une logique de la domination qui n’est pas la vieille logique de l’exploitation, mais une logique quotidienne et réticulaire, ordonnée à des procédures de séduction, de fichage et de conditionnement. « Les individus ne sont pas dépouillés de leur individualité par une contrainte extérieure, mais par la rationalité même dans laquelle ils vivent » (Marcuse). Pour satisfaire le « besoin » sécuritaire (néologisme apparu au début des années 1980), se mettent en place des procédures fondées sur la détection, la mise en fiches et la traçabilité. Cette société de surveillance a maintes fois été décrite. Elle s’étend tous les jours, comparable au célèbre « Panoptique » imaginé par Jeremy Bentham, en attendant la totale réification du vivant et la lecture automatisée des expressions faciales et des ondes cérébrales par une « neuropolice » occupée à déchiffrer l’activité mentale pour mieux manipuler les comportements. 

     La Nouvelle Classe entend domestiquer le peuple parce qu’elle en a peur, et elle en a peur parce que ses réactions sont imprévisibles et incontrôlables. Pour remédier à cette peur, elle cherche à en inculquer une autre au peuple : la peur de déroger aux normes, de penser par soi-même, de se rebeller contre le désordre établi. Elle croit se prémunir contre la guerre civile, ou contre le chaos social, en généralisant des faux-semblants qui en sont autant de simulacres. 

     Paul Piccone, ancien directeur de la revue américaine Telos, a donné de la Nouvelle Classe cette définition canonique : « La Nouvelle Classe n’est pas une ‘classe’ au sens marxiste de sa relation avec les moyens de production, mais seulement dans un sens général, métaphorique. Elle désigne ceux qui détiennent un capital culturel (un savoir) et qui utilisent ce capital pour s’assurer d’une position sociale privilégiée par rapport à ceux qui en sont dépourvus. Ces relations de pouvoir ne pouvant être maintenues qu’en privilégiant la rationalité formelle et les valeurs universelles, et en rejetant les autres modes préconceptuels d’existence comme irrationnels, ou au mieux comme pré-rationnels, réalité comme condition nécessaire à sa reconnaissance. » 

     L’apparition de la Nouvelle Classe contribue, bien entendu, à rendre totalement obsolète la vieille division droite-gauche, naguère paradigmatique de la modernité, qui fonctionne aujourd’hui d’autant moins comme principium differentiationis que les membres de la Nouvelle Classe peuvent eux-mêmes aussi bien provenir de la « gauche » que de la « droite ». Comme l’avait également remarqué Paul Piccone, le clivage droite-gauche fonctionne aujourd’hui comme un écran de fumée dissimulant la seule véritable distinction opposant d’un côté les libéraux, toutes tendances confondues, qui en tiennent pour une vie politique neutralisée et procéduralisée, un Etat thérapeutique, une « gouvernance » mondiale, une démocratie purement représentative et un discours fondé sur les « droits de l’homme », et de l’autre côté tous ceux qui, au contraire, insistent sur l’autonomie locale, la démocratie directe, les particularités culturelles et les valeurs traditionnellement non négociables d’appartenance et de solidarité. 

Alain de Benoist, Les démons du Bien

http://www.oragesdacier.info/

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