Ce week-end, quatre anciens ministres de François Hollande ont violemment critiqué, chacun de leur côté, les choix politiques de l'exécutif.
Un front anti-Hollande est-il en train de se mettre en place à gauche, à l'initiative d'anciens ministres déçus du chef de l'Etat ? Chacun de leur côté, quatre d'entre eux – Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti, Benoît Hamon et Cécile Duflot – ont sèchement égratigné les choix de François Hollande et de Manuel Valls, samedi 4 et dimanche 5 octobre. Francetv info a retenu quelques-uns de leurs propos.
Arnaud Montebourg s'érige contre "l'obsession" de rétablir les finances publiques
Un peu plus d'un mois après son limogeage du gouvernement, l'ex-ministre de l'Industrie, Arnaud Montebourg, a tenu ce week-end son université de rentrée. Devant quelque 200 partisans, réunis à Laudun-l'Ardoise (Gard), il a dénoncé dimanche "l'obsession, l'obstination" de la réduction des déficits et la "politique d'austérité" du gouvernement, qui est en train de devenir à ses yeux l'"erreur fondamentale" du quinquennat.
"Il faut avoir l'honnêteté de dire (...) que cette politique économique est une politique d'austérité", a-t-il insisté. Or, "la caractéristique des politiques d'austérité, c'est qu'elles conduisent à mettre l'économie à l'arrêt. Et surtout, elles ont pour conséquence d'échouer elles-mêmes à rétablir les comptes publics".
Aurélie Filippetti déplore que François Hollande "semble avoir oublié" le discours du Bourget
Le discours d'Arnaud Montebourg est largement partagé par Aurélie Filippetti. Dans un entretien accordé samedi à Mediapart, l'ancienne ministre de la Culture estime que le discours du Bourget de janvier 2012 "semble avoir été oublié" par François Hollande. A ses yeux, ce discours a pourtant "montré qu'on pouvait être élu président de la République avec un discours de gauche". "Cela signifie que nous ne devons pas nous excuser d'être de gauche. Ni toujours chercher à donner des gages à ceux qui portent une vision très idéologique et néolibérale du monde", enfonce-t-elle.
"On ne peut pas penser que l'on va dans le mur et ne pas chercher à agir pour l'empêcher", ajoute-t-elle pour justifier son départ du gouvernement, fin août, tout en regrettant que la "doxa idéologique libérale exerce une pression extrêmement forte sur tous les gouvernants".
Benoît Hamon appelle au "rassemblement de la gauche"
Comme chaque année, Benoît Hamon a de son côté rassemblé l'aile gauche du PS dans les Landes, pour l'université de rentrée de son courant. Devant ses partisans, l'ancien ministre de l'Education a appelé au "rassemblement de la gauche", avec les écologistes et les communistes, assurant n'avoir "aucun plaisir à voir sa famille politique échouer", ni "aucune jouissance à voir d'autres que moi persister dans l'erreur".
Appelant de ses vœux une VIe République, qui permettrait que "l'exécutif soit vraiment responsable devant le Parlement", Benoît Hamon s'est interrogé sur les raisons de son limogeage. "Quelle audace" y avait-il à "demander une politique qui soutienne le pouvoir d'achat des Français", à "dire qu'il fallait augmenter le Smic, demander le dégel du point d'indice (...) demander qu'il y ait plus d'étudiants boursiers", à "demander une extension du RSA aux moins de 25 ans", a-t-il énuméré, à propos de son intervention à Frangy-en-Bresse, fin août, qui lui a en partie coûté sa place au gouvernement.
Cécile Duflot se sent "beaucoup plus socialiste" que Manuel Valls
Au côté de Benoît Hamon figurait Cécile Duflot. Invitée à la tribune, l'ancienne ministre écologiste du Logement s'en est pris sèchement à Manuel Valls, affirmant se sentir "plus socialiste" que le chef du gouvernement. "Si le socialisme, c'est travailler sur une organisation sociale et économique qui tend vers plus de justice sociale et moins d'inégalités, alors je me sens beaucoup plus socialiste que le Premier ministre", a-t-elle lancé, très applaudie par les militants PS présents.
"Nous avons un devoir d'invention collective qui est de bâtir une galaxie nouvelle, de retrouver la voie d'une voie d'un projet de transformation sociale", a-t-elle plaidé, mettant en garde contre "l'alternative d'une femme blonde du Front national".
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