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Nucléaire : aux abris, ça craque de toutes parts !

Dans le monde entier, les vieilles centrales arrivent en bout de course. La part du nucléaire dans la production d'énergie diminue. Les industriels de l'atome sont de plus en plus atones, et en viennent à demander de réduire la consommation d'électricité. La décroissance est notre horizon.

Nous avons régulièrement affirmé dans cette chronique qu'un destin tragique - et bien mérité - attend l'industrie nucléaire : déconfiture, décrépitude, dégénérescence, déliquescence. Il ne s'agit pas de notre part d'un pari, ou d'un hommage, au célèbre docteur Coué, mais simplement de conclusions rationnelles tirées de l'étude de la situation.

     En substance, la majorité des 390 réacteurs encore en service sur la planète a dépassé 30 ans d'âge et chacune de ces antiquités se dégrade plus ou moins rapidement mais de façon continue et inéluctable. Or, au vu de la récente actualité, il n'est d'ailleurs pas impossible que ce processus ait entamé une impressionnante phase d'accélération, illustrée par trois situations édifiantes :

     - trois réacteurs nucléaires belges sur sept sont sur le flanc, et la pénurie menace ;

     - quatre réacteurs nucléaires britanniques ont été arrêtés en urgence par EDF, propriétaire de ces antiquités (achetées à prix d'or en 2008 avec notre argent !) ;

     - la remise en service des réacteurs japonais semble de plus en plus improbable.

Reprenons dans le calme ces informations inquiétantes (pour ceux qui aiment le nucléaire) et... inquiétantes pour ceux qui n'aiment pas le nucléaire... et craignent d'être irradiés).

Réacteurs à l'arrêt

En août 2012, on apprend que les cuves de deux réacteurs nucléaires belges - Doel 3 et Tihange 2 - sont fissurées, et ce depuis leur fabrication... trente ans plus tôt. On appréciera la célérité des limiers de l'atome, prétendus les plus compétents qui soient. Les réacteurs sont arrêtés pendant un an, puis remis en service pendant quelque temps, puis stoppés à nouveau. Aujourd'hui, les "responsables" avouent que la fermeture est probablement définitive, ce qui donne des sueurs froides en pensant aux trente ans de fonctionnement et surtout à la récente remise en service momentanée.

     Cerise sur le gâteau, le réacteur Doel 4 est stoppé depuis début août et pour des mois à la suite d'une grave avarie : ce sont donc trois réacteurs belges sur sept qui sont sur le flanc et qui le seront encore cet hiver : la pénurie menace. Du coup, l'arrêt programmé pour maintenance du réacteur Tihange 1, qui tombait fort mal, va être scindé en deux périodes afin de pouvoir produire au cœur de l'hiver. Et tout ça sans causer de risque (ou du moins de risque supplémentaire), parole de "responsables" !

     On évoque aussi la mise en place d'un câble pour bénéficier de la production électrique d'une centrale à gaz néerlandaise située à 3 km seulement de la frontière, et arrêtée depuis des mois du fait de la faible consommation d'électricité qui sévit au bas pays. Enfin, en dernier recours bien entendu, "une sensibilisation du public pourrait aussi faire partie des mesures mises en place pour faire baisser la consommation électrique" (Agence Belga, 14 août 2014). Bigre, pourquoi pas la décroissance tant qu'on y est ?

     Le même "danger" (nous parlons bien de la décroissance, et non d'une catastrophe nucléaire qui, selon les nucléocrates, ne serait finalement pas si tragique) menace aussi la Grande-Bretagne où EDF détient quinze des seize réacteurs encore en service. En effet, le 11 août, EDF a stoppé en urgence, pour au moins 8 semaines, quatre réacteurs touchés par une inquiétante défaillance (AFP, 11 août 2014). Notons d'ailleurs que, depuis 2006, deux autres réacteurs d'EDF fonctionnent à seulement 70% de leur puissance du fait de problèmes non résolus. Cette situation sidérante doit d'ailleurs se poursuivre jusqu'en 2023, date d'arrêt définitif de ces antiquités boiteuses. Si elles n'explosent pas avant !

     Pour sa part, le Japon a appris à vivre sans nucléaire : ses 48 réacteurs (plus les 6 de Fukushima, qui ont été déclassés et n'existent plus administrativement comme réacteurs nucléaires) sont tous arrêtés depuis pratiquement un an. Les autorités voudraient bien en réactiver quelques-uns mais, voilà, la population n'est pas du tout "compréhensive". Du coup, l'opérateur d'électricité Kepco distribue des coupons de réduction pour que les gens fassent des achats dans les magasins entre 13 heures et 16 heures : il s'agit de réduire les pics de consommation électrique entraînés par une utilisation massive des climatiseurs en début d'après-midi (Le Figaro, 20 juillet 2014). La baisse de la consommation d'électricité passerait donc par... des achats dans les magasins : c'est la "décroissance par la consommation", un curieux concept qui devrait ne pas aboutir à grand-chose de bon...

     D'autres "mauvaises" nouvelles (réjouissances en fait) ont agrémenté l'été : Areva a enregistré une chute vertigineuse de près de 20% après l'annonce de résultats semestriels dégradés accompagnés d'un avertissement sur les comptes 2014 (TradingSat, 1er août 2014). D'autre part, l'Autorité de sûreté nucléaire des USA, la NRC, a commencé à reclasser ses experts dans d'autres industries, prenant acte du déclin net et irréversible du nucléaire américain (Associated press, 21 juillet 2014).

     La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée de 17% en 2001 à 9% à ce jour, un effondrement stupéfiant que tentent pourtant de nier les atomistes, en particulier en France. Quel courage, quelle lucidité : au bord du gouffre, ils vont encore de l'avant !

La Décroissance N°112

http://www.oragesdacier.info/2014/10/nucleaire-aux-abris-ca-craque-de-toutes.html

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