Venu mardi à Clichy-la-Garenne défendre le bilan plus que mitigé de son plan de lutte contre la pauvreté, le président normal de la République a essuyé le feu des critiques et la colère des associations. Désormais rompu à ce genre d’exercice inefficace de reconquête des Français, Hollande en a pris plein les dents par ceux qui œuvrent pour les « sans-dents ». Florilège de petites phrases hollandiennes.
On pourrait se demander si ce déplacement « social » n’est pas en fait une réplique à son ex-compagne Valérie Trierweiler, qui l’avait fait passer pour un président qui n’aime pas les pauvres. Un socialiste, quoi ! Il a souligné que la pauvreté était « une blessure pour celles et ceux qui sont concernés » et « une humiliation pour la République ». On lui retournera volontiers le compliment, tellement son bilan est catastrophique à tous les niveaux.
Il faut dire qu’il est grandement aidé par ses propres ministres dans la stigmatisation des exclus et des chômeurs. Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, vient de provoquer une levée de boucliers avec sa réforme de l’assurance-chômage. François Rebsamen, ministre du Travail, veut ressortir le bâton contre les chômeurs pas assez motivés. C’est clair, ils ont le sens des priorités au Parti socialiste pour relancer l’emploi et faire des économies… Le tout assaisonné des bons vieux « principes républicains » (selon Hollande, « la solidarité n’est pas un supplément d’âme, mais un principe républicain ») dont on nous rebat les oreilles sans cesse. Saint Louis servant les pauvres ne devait donc pas être vraiment solidaire, puisqu’il n’était pas républicain. Comme on le plaint…
« Si vous enviez la pauvreté, essayez-la et vous verrez ! » (François Hollande)
En 2011, l’INSEE révèle que 8,7 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de la pauvreté (977 euros mensuels), soit 14,3 % de la population. Le « Moi Président » commence à devenir lointain et les promesses de campagne du candidat Hollande des chimères (à part le mariage pour tous, une priorité pour la France…). Ce dernier est allé jusqu’à pasticher Jean-Paul Sartre avec un petit « la pauvreté, ce n’est pas les autres ». De l’avis des représentants des associations présentes (Emmaüs, FNARS, Collectif Alerte, Fondation Abbé Pierre, etc.), l’heure n’est plus aux discours et aux petites phrases bien policées, mais à l’action.
Pas sûr que le gouvernement Valls II soit taillé pour cela. Et le gouffre n’est plus très loin, comme l’a démontré Stéphane Mantion, directeur général de la Croix-Rouge française, avec ses propres bénévoles qui deviennent eux-mêmes bénéficiaires de l’aide qu’ils prodiguent aux autres. Ségolène Neuville, la secrétaire d’Etat à la Lutte contre l’exclusion, l’avoue elle-même : « Il nous reste encore beaucoup à faire ». C’est un doux euphémisme.
Louis Pasquerel
Commentaires
Dans le genre ridicule, le Petit Prince Macron en a remis une couche ce midi en indiquant avec sérieux que les tarifs de la SNCF étant trop élevés, il fallait libéraliser le transport en bus pour enfin permettre aux pauvres de voyager! Il faufrait peut-être lui rappeler que la SNCF est une entreprise publique dont les dirigeants sont nommés par le gouvernement.
Ce gouvernement est plus libéral que le pire gouvernement de droite. Lenine réveille-toi, ils sont devenus fous!