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Des jeunes migrants seront pris en charge par la Ville de Paris

« Nous sommes satisfaits ! Nous avons obtenu que la quinzaine de jeunes qui étaient à la rue soient pris en charge par la Mairie de Paris, qui leur proposera un hébergement dès demain », se félicite Abir Adan, secrétaire général de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL). 
Mardi 21 octobre, on savoure la victoire, et l’humeur est à la fête dans les locaux de ce syndicat lycéen où ces jeunes, dont certains scolarisés dans des lycées professionnels, avaient, depuis huit jours, trouvé refuge. L’après-midi même, une trentaine de personnes, des jeunes migrants, entourés de militants du Réseau éducation sans frontière (RESF) et de l’Association accompagnement et défense des jeunes isolés étrangers (Adjié) avaient manifesté sur le parvis de l’Hôtel de ville. 
La conseillère municipale (Front de gauche) Danièle Simonnet était venue les soutenir, dénonçant « la suspicion systématique envers ces jeunes, dès leur arrivée dans la capitale, sur leur âge, leur identité » et faisant remarquer que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait sévèrement épinglé la Mairie de Paris sur cette question : « Force est de constater que les mineurs isolés étrangers en errance sur le territoire parisien peinent à être pris en charge et ne bénéficient pas des mesures de protection et d’accompagnement prévues par la convention internationale des droits de l’enfant », notait-il dans sa recommandation du 29 août. 
Une délégation de quatre personnes a été reçue par Dominique Versini, maire adjointe chargée, entre autres, de la lutte contre l’exclusion : « On ne va pas les laisser tomber, on ne se défausse pas », a-t-elle confirmé, remarquant cependant que « ces jeunes ne sont pas mineurs, en tout cas ont-ils été déclarés majeurs à la suite d’une décision de justice et sur la foi d’une expertise médicale. Il y a, certes, des marges d’erreur, notamment entre 17 et 19 ans, mais les juges ne prennent en compte que la fourchette basse de l’estimation de leur âge. La Mairie ou, plus précisément, le département de Paris, n’a donc pas d’obligation à prendre en charge les majeurs, car cela incombe à l’État », a rappelé Mme Versini à propos de ce dossier qu’elle connaît bien, ayant été elle-même Défenseure des droits mais aussi directrice du Samu social de Paris et ancienne secrétaire d’État à l’exclusion dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. « C’est moi qui ai proposé ce dispositif de mise à l’abri des mineurs isolés étrangers, j’ai donc à cœur qu’il fonctionne bien et nous tenons le plus grand compte des recommandations du Défenseur des droits », a-t-elle tenu à préciser. 
SANS UN SOU NI UN CONTACT 
Cette solution, bienvenue pour la quinzaine de lycéens soutenus par la FIDL, n’épuise pourtant par le problème de l’afflux soudain de ces jeunes, accru depuis trois ou quatre ans. Venus du Sénégal, du Cameroun, du Mali, ils débarquent, après un incroyable périple, en Ile-de-France sans un sou ni un contact. 
Ils vont frapper à la porte de la permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers (Paomié), confiée à France terre d’asile, qui examine leurs papiers, écoute leur récit, juge s’il s’agit bien de « mineurs isolés » et, selon le Défenseur des droits, rejette l’aide sociale dans un cas sur deux : « C’est une véritable moulinette à exclure, alors que leur devoir serait d’abord de protéger ces jeunes qui, laissés à la rue, risquent de commettre des vols, de se prostituer… », plaide Sylvie Bord, de l’Adjié, qui évalue à entre six cents et sept cents le nombre de ces jeunes en errance. 
La Mairie de Paris fait, elle, valoir ses efforts : 95 millions d’euros en 2014 (contre 35 millions d’euros en 2008) sont consacrés à la prise en charge de deux mille jeunes, dont sept cents sont majeurs et bénéficient d’un contrat « Jeune majeur », à condition qu’ils suivent avec sérieux leur scolarité.

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