Un livre revient sur ce petit garçon transformé en fille dans les années 60, par le Dr Money, qui pensait, comme nos idéologues du gender, que l'identité sexuelle est déterminée par la manière dont élève un enfant et non par la nature :
"À 8 mois, Bruce Reimer, un beau bébé canadien, a servi de cobaye à une expérience célèbre sur l'identité sexuelle qui va se révéler un échec total et un terrible drame. Tout commence par une opération banale. En 1965, les Reimer amènent leurs jumeaux, Bruce et Brian, à l'hôpital pour une circoncision, car ils souffrent de phimosis (une affection du sexe). Mais l'intervention se déroule mal et, à la suite d'une erreur médicale, Bruce perd son pénis. [...] Le Dr Money convainc les parents Reimer de transformer anatomiquement Bruce en fille. La castration suivie d'une reconstruction génitale, affirme-t-il, doit être pratiquée avant l'âge de deux ans et demi, et les Reimer ne doivent jamais remettre en question cette transformation. Bruce s'appelle donc désormais Brenda, porte de petites robes et reçoit des injections d'oestrogènes à l'adolescence.
C'est cette histoire incroyable et terriblement émouvante que raconte John Colapinto dans son livre Bruce, Brenda et David, l'histoire du garçon que l'on transforma en fille, qui vient de sortir en France (éditions Denoël). Bruce/Brenda devient célèbre - tout en restant anonyme - dans le monde médical. Pendant des années, le Dr Money, personnage suffisant et agressif, va donner en exemple dans de multiples conférences et livres le cas de cet ex-garçon devenu, selon lui, une fille parfaitement équilibrée et bien dans sa peau pour justifier ses théories sur la réaffectation sexuelle. Brenda devient un cas d'école, cité dans tous les manuels médicaux, et a une énorme influence sur de nombreux sexologues, qui, à leur tour, vont appliquer sur leurs patients affectés d'organes génitaux ambigus les théories du Dr Money. Ce dernier est également porté aux nues par le mouvement féministe, alors en plein essor, qui défend depuis des années l'absence de différence biologique entre les sexes.
Mais John Money ne tient pas compte de la réalité, bien différente.La métamorphose magique qu'il avait prédite ne s'est pas produite. Toute petite déjà, Brenda montre des signes de perturbation. Elle est agressive, mal dans sa peau, n'a pas d'amis, ne veut pas jouer avec des poupées et affirme qu'elle est un garçon. Les visites annuelles chez le Dr Money tournent très vite au cauchemar. Il est vrai qu'il a des méthodes plutôt douteuses, montrant aux jumeaux des images pornographiques, leur faisant mimer très jeunes l'acte sexuel, les harcelant de questions... En grandissant, Brenda est de plus en plus malheureuse, solitaire, violente, suicidaire. Son corps devient très masculin tout comme sa voix. Même si sa mère la force à porter des robes, elle est rejetée dans les nombreuses écoles qu'elle fréquente, objet de moqueries constantes. Les multiples psys qui vont s'occuper d'elle comprennent très vite que l'expérience est un échec. Mais personne n'ose se mettre à dos le très célèbre Dr Money, à part le biologiste Milton Diamond, qui critique, sans succès, ses théories biaisées.
Les crises incessantes de Brenda ont un impact dévastateur sur sa famille. Son père se met à boire, sa mère dépressive fait une tentative de suicide et son jumeau, lui aussi, en pâtit. Brenda, traumatisée, finit par refuser d'aller voir le Dr Money et de subir de nouvelles opérations chirurgicales. Finalement, alors qu'elle a 14 ans, un psy conseille à ses parents de lui dire la vérité. Brenda demande aussitôt à redevenir un garçon et entreprend une série d'opérations douloureuses qui, à terme, recréent un pénis et permettent des rapports sexuels. David, comme il a choisi de s'appeler en référence à Goliath, trouve un travail dans un abattoir, se marie et élève les enfants de sa femme, car, bien sûr, lui ne peut pas en avoir. Mais, psychologiquement, il reste très marqué. "C'était comme un lavage de cerveau, dira-t-il. Je donnerais n'importe quoi pour aller voir un hypnotiseur qui me fasse oublier tout mon passé parce que c'était de la torture. Ce qu'ils ont fait au niveau physique n'est pas aussi terrible que ce qu'ils ont fait psychologiquement." [...]"