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La crise que traversent les nations européennes est d'abord existentielle

A l'occasion de la venue du pape à Strasbourg, le philosophe Thibaud Collins'interroge sur la place de Dieu, de l'Eglise et de la prière dans les sociétés européennes. Extraits :

S"[...] Jean-Paul II, dans un discours magistral, un an jour pour jour avant la chute du mur de Berlin dressait la carte de ce que serait un ordre politique juste pour une Europe des nations libres. Le pape philosophe affirmait ainsi avec force: «La vie publique, le bon ordre de l'Etat reposent sur la vertu des citoyens, qui invite à subordonner les intérêts individuels au bien commun, à ne se donner et à ne reconnaître pour loi que ce qui est objectivement juste et bon. Déjà les anciens Grecs avaient découvert qu'il n'y a pas de démocratie sans assujettissement de tous à la loi, et pas de loi qui ne soit fondée sur une norme transcendante du vrai et du juste. Dire qu'il revient à la communauté religieuse, et non à l'Etat, de gérer «ce qui est à Dieu», revient à poser une limite salutaire au pouvoir des hommes, et cette limite est celle du domaine de la conscience, des fins dernières, du sens ultime de l'existence, de l'ouverture sur l'absolu, de la tension vers un achèvement jamais atteint, qui stimule les efforts et inspire les choix justes. Toutes les familles de pensée de notre vieux continent devraient réfléchir à quelles sombres perspectives pourrait conduire l'exclusion de Dieu de la vie publique, de Dieu comme ultime instance de l'éthique et garantie suprême contre tous les abus du pouvoir de l'homme sur l'homme.» Jean-Paul II parlait donc l'Europe à partir de son expérience des deux totalitarismes et des défis inédits que la démocratie avait à relever dans une époque marquée par «la mort de Dieu».

[...] Les nations européennes sont traversées par le doute. Doute sur leur identité, c'est-à-dire sur leurs racines mais peut-être plus encore sur leur finalité. [...] La crise que traversent les nations européennes est d'abord existentielle et les institutions de l'UE n'ont pas les moyens de les aider à en sortir car leur critère de diagnostic est fermé à la vie de l'esprit. Que peut donc signifier la venue du Pape dans une telle enceinte? Elle est en elle-même la révélation que l'Europe a encore quelque chose à recevoir de cette vieille religion dont elle est issue [...]".

Michel Janva

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