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Le libéralisme : ennemi de la liberté

Il est probable que si Voltaire, Diderot ou Montesquieu avaient pu imaginer à quelle société le succès de leurs idées allait finalement donner naissance, ils auraient consacré le restant de leurs existences à rechercher la formule de l’antidote.

Les Lumières se battaient pour le triomphe de la Liberté et de la Raison sur toutes les formes d’oppression et d’autorité, sociale ou religieuse. En lançant son célèbre cri de guerre « Écrasons l’infâme ! », Voltaire se voulait clair : ce n’est que lorsque l’obscurantisme religieux et le fanatisme moral auront été terrassés que l’Homme pourra accéder au statut d’être libre. D’ici là, il doit traquer l’Intolérance partout où elle se niche. La débusquer. Et l’anéantir.

Notre si précieuse liberté d’expression est le fruit de ce libéralisme voltairien. Un libéralisme philosophique qui place au premier plan le droit de l’individu à penser et à agir selon ses propres désirs et représentations, à l’abri des diktats du Pouvoir et des commandements de l’Église. Un libéralisme qui défend coûte que coûte le principe de « neutralité axiologique » qui récuse à tout gouvernement le droit de juger de la valeur d’une croyance ou d’une pratique, dès l’instant où celle-ci ne nuit à personne. Un libéralisme qui fait des notions de « bien » et de « mal » une simple affaire de vision personnelle, de choix privé, de goût. Des goûts et des couleurs, on ne discute pas… et les ânes seront bien gardés !

Le problème, c’est qu’une liberté bâtie sur les ruines de l’« infâme » est une liberté dont le socle est friable. Et il s’est effrité… Car, à partir du moment où on disqualifie par avance toute position qui se réfère à d’autres critères normatifs que celui du droit individuel ou du désir privé, on ratifie, sans le vouloir, l’adage de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » Belle ironie pour ce pauvre Voltaire ! En appuyant sa défense du libéralisme sur une lutte à mort contre l’autorité, le conservatisme et la tradition, il ne se rendait pas compte qu’il allait, en réalité, contribuer à saper les conditions de la liberté réelle. [....]

Charles Robin

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