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BHL, un mythe qui s’exporte mal...

Pire, BHL, en bon mondialiste, tente même d’exporter sa méthode... avec cependant nettement moins de succès. Ainsi, dépêché par le président Jacques Chirac en Afghanistan, au printemps 2002, BHL dépose une stèle à la mémoire du fameux commandant Massoud, assassiné le 9 septembre 2001 par un commando d’al-Qaïda... Sans le moindre complexe, il fait graver dans le marbre le message suivant : « Au commandant Massoud, au combattant de la liberté, au résistant, à l’ami de la France, l’hommage de ses amis de vingt ans : Bernard-Henry Lévy, Gilles Hertzog. » Seul problème, alors que tous les médias français embraient sur cette formidable amitié forgée en 1981 – au plus fort des combats entre les partisans afghans et l’Armée rouge soviétique – un témoin explique que cette histoire est une pure invention. Celui qui ose égratigner BHL c’est Mehrabodin Mastan... principal conseiller et interprète du commandant Massoud ! Selon ses souvenirs, ce n’est qu’en 1998 – sept ans après la chute de l’URSS – que BHL a pu approcher, durant 48 heures, les troupes de Massoud stationnées à la frontière, sur un territoire parfaitement sécurisé. Durant ce laps de temps, le philosophe qui écrit avec de la poudre (de perlimpinpin), n’a pas obtenu plus de deux heures d’entretien avec le chef afghan ! Un peu court, pour un ami de vingt ans... 

     Dans un autre genre, après l’assassinat du journaliste américain Daniel Pearl – lui, un véritable reporter de guerre du Wall Street Journal – Bernard-Henry Lévy se rend en Afghanistan (par la pensée ?) et mène son « enquête ». Sur son propre blog, l’éditorialiste vedette du Point annonce sa démarche : « Bernard-Henri Lévy (sic) prend la triple décision : a) de partir sur les traces des tueurs afin de découvrir leur identité et, si possible, leurs mobiles ; b) de partir sur les traces de Daniel Pearl lui-même afin de reprendre l’enquête que celui-ci était en train de mener au moment de son enlèvement ; c) d’élever à ‘cet homme ordinaire et exemplaire’, à ce ‘juif magnifique’, un ‘mémorial de mots’ qui lui rende enfin justice, l’article non écrit de Daniel Pearl. » Cela donnera Qui a tué Daniel Pearl, un livre salué par toute la critique française, notamment Edwy Plenel (sur LCI) et Jean-Marie Colombani (sur France Culture et dans Le Monde)... Mais qui, à l’étranger, est sévèrement assaisonné. Ainsi, le spécialiste du sous-continent indien William Dalrymple estime que l’ouvrage « pâtit de défauts rédhibitoires et fourmille d’erreurs factuelles de première importance ». Il est « dépourvu de toute fiabilité quant au respect des faits » et « relève de la pure invention » car « dès lors qu’aucune preuve n’est disponible, l’auteur fait comme si elle existait ». Pour l’indianiste, BHL « a visé beaucoup trop haut, eu égard à ses compétences » ; il « étale son ignorance crasse de la vie politique de l’Asie du Sud, [...] élabore une série de théories de complots, mais sans l’ombre d’une démonstration » car pour lui, « la répétition des ragots et des rumeurs les transforme en réalités ». Conclusion : « un livre de haine [...] le comble du ridicule » (New York Review of Books, 4.12.03, traduit dans Le Monde diplomatique, décembre 2003). 

     Marianne Pearl, épouse du journaliste décapité par les islamistes, a parlé de « viol littéraire » pour évoquer la manière dont BHL a traité la mémoire de son époux. Elle parle du philosophe germanopratin comme d’un homme « dont l’ego détruit l’intelligence ». Et signale au passage que, contrairement à ce qu’a prétendu BHL, il n’était nullement l’ami de Daniel Pearl, qu’il ne connaissait même pas ! En mars 2003, lors d’un entretien donné à Paris Match, Bernard-Henri Lévy réglera ce léger malentendu en qualifiant Pearl « d’ami posthume » ! 

Jean-Yves Le Gallou, La tyrannie médiatique

http://www.oragesdacier.info/

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