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Inévitable échec

Nous avons inauguré en octobre dernier, en collaboration avec l’Observatoire socio-politique (OSP) du diocèse de Fréjus-Toulon, une vaste enquête sur le thème : « Se libérer du libéralisme ? » Nous concentrons ce mois-ci sept interventions dans ce dossier spécial qui présente des points de vue différents, chacun des contributeurs n’engageant que lui-même, nous le rappelons.

L’époque nous a accoutumés, comme Orwell le savait si bien, à exprimer une vérité par un terme qui signifie exactement son contraire. Le libéralisme n’échappe pas à cette règle, et il se situe pas loin derrière le communisme dans la course au mensonge sur sa propre identité. Il possède même sur la doctrine marxiste-léniniste une supériorité d’ectoplasme qui ne se laisse jamais parfaitement saisir. Les hommes et les femmes qui s’en réclament y entendent rarement le même projet, quand ce n’est pas en eux-mêmes que les vérités de circonstance s’entrechoquent et se contredisent. Certains, généralement les plus cultivés et les plus mesurés, se réclament de la pensée de Montesquieu et de Tocqueville. Très bien. L’apologie de certaines libertés politiques, la proposition d’une organisation politique où les pouvoirs s’équilibrent est parfaitement défendable et honorable. À condition toutefois, selon nous, c’est-à-dire selon la doctrine sociale de l’Église, ou du moins telle que nous l’avons comprise, que ces pouvoirs ne se rendent pas indépendants de la recherche de la vérité et du corps institué qui la propose, savoir l’ecclesia. Mais ce coin poussé dans l’absolutisme classique, avec raison, a été l’occasion historique, peut-être involontairement, de pousser cette idéologie que l’on a par conséquent intitulée du même nom, un libéralisme de mœurs et d’économie qui ne se reconnaît comme but ultime que la satisfaction des intérêts individuels. Ce qui signe de facto, même s’il a fallu plus de deux siècles pour que cette vérité s’impose, la mort de toute anthropologie comme de toute société politique.

En réalité, il est possible de montrer que c’est la vision d’un homme individu propriétaire de lui-même, plantée dès la Renaissance, décuplée par la Réforme et enfin théorisée au XVIIe siècle, sous la houlette d’un Locke par exemple, qui a fait éclater les règles anciennes, où l’homme ne se devait ni seulement de lui-même, ni seulement pour lui-même, mais se connaissait comme le fruit de sa famille, de ses dieux puis de son Créateur, et organisé ainsi comme une pièce particulière de l’univers dont le destin le dépassait infiniment. Certainement, la révolution du Christ avait conféré à la personne une liberté inouïe en la faisant responsable de son salut propre : mais ce salut n’advenait qu’en communion intense, sacrificielle disons le mot, avec le salut de l’autre, du prochain. Après tout, dans un monde vraiment libéral, il n’y eût jamais eu de sacrifice du Christ. Il aurait payé notre dette à notre créancier, le prince de ce monde. Et encore, quel eût été son intérêt ?

Le libéralisme d’Adam Smith et de ses successeurs repose dans le fond sur un développement technique qui permet à l’occidental de s’affranchir des effets néfastes de son égoïsme organisateur. Où l’on voit la contradiction historique des tenants du libéralisme : un jour ils affirment que tout le monde a toujours été libéral, l’autre jour ils reconnaissent leurs racines chez leurs théoriciens de l’âge classique. Ou encore, ils en font la promotion au nom d’une sainte lutte contre le socialisme des parasites. Ils oublient toujours opportunément de dire que ce méchant socialisme qu’ils conspuent a été historiquement une réaction, sans doute outrée, à leur libéralisme industriel. C’est cela l’ordre des choses. Le socialisme et le communisme sont les enfants adultères du libéralisme. N’est-il pas étrange que l’époque libérale soit précisément celle des ouvriers asservis, aliénés, qui travaillaient beaucoup plus que leurs aïeux ? [....]

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