La seule différence que le néo-esclavage entretiendra - pour un temps – avec le vétéro-esclavage tient à ce que le dominant ne sera pas propriétaire du dominé.
Notre modèle de développement repose sur la production de produits à haute valeur ajoutée. Celle-ci fait appel à des compétences que seule une élite du corps social peut acquérir, parce que la formation est coûteuse, et la médiocrité du système public français de formation ne fait que creuser ces inégalités entre riches et pauvres devant le savoir et la compétence. Mais par-delà ce cas particulier, la tendance est universelle.
La haute valeur ajoutée fait appel à une main-d’œuvre restreinte, fût-elle qualifiée : il faut moins de gens pour fabriquer et envoyer un satellite dans l’espace qu’il n’en faut pour vêtir une société entière de pantalons et de chemises. La complexité croissante des produits modernes entraînant une raréfaction des offres de salaires, nos sociétés se divisent entre ceux qui sont utiles par leur travail, et ceux, de plus en plus nombreux, qui ne sont utiles que par leur consommation, moteur indispensable de l’économie.