Fiche de lecture de Bernard Mazin, essayiste
Les habitués de Polémia connaissent bien Claude Meunier-Berthelot, dont les analyses pénétrantes sur la déliquescence du système éducatif français sont régulièrement diffusées sur le site. Elle vient de publier une contribution très éclairante sur les errements de la politique d’éducation dans les « ZEP » (zones d’éducation prioritaire).
« …un système éducatif parallèle à celui destiné à nos enfants et qui s’en démarque fondamentalement, système caractérisé par la recherche de l’excellence au seul profit de tous les enfants des ZEP et de la politique de la ville. »
Précédée d’une préface de Jean-Yves Le Gallou intitulée « L’Ecole, instrument du Grand Remplacement », cette étude ne perd jamais le fil idéologique qui sous-tend son propos, et bien qu’elle soit richement documentée, ne s’adresse pas aux seuls spécialistes.
L’auteur y démontre que depuis plus de dix ans de politique d’éducation dite « prioritaire » entreprise en faveur des ZEP et des quartiers de la politique de la ville – c’est-à-dire en faveur des enfants des banlieues – une remarquable continuité s’observe, sous des vocables différents ou que l’on fait resservir, mais dans un objectif qui lui est diamétralement opposé : créer une « Ecole d’excellence », dont ne bénéficiera pas le vulgum pecus, en l’occurrence l’élève moyen « français de souche ».
Le dessein est résumé dans ces quelques phrases de l’introduction :
« C’est ainsi que des “internats éducatifs” de Jack Lang aux “internats de réussite éducative” de Jean-Louis Borloo en passant par les “internats d’excellence” de Nicolas Sarkozy pour aboutir aux “internats de la réussite” de Vincent Peillon – à quoi s’ajoutent et se combinent une multitude d’autres dispositifs destinés à obtenir l’excellence scolaire pour les élèves des ZEP seulement – tous traduisent la continuité d’une même politique élitiste qui ne cesse de monter en puissance, allant jusqu’à organiser une « refondation de l’enseignement prioritaire », c’est-à-dire un système éducatif parallèle à celui destiné à nos enfants et qui s’en démarque fondamentalement, système caractérisé par la recherche de l’excellence au seul profit de tous les enfants des ZEP et de la politique de la ville. »
A travers les outils que nous décrit Claude Meunier-Berthelot, qui sont développés avec la même ardeur indépendamment des alternances politiques et qui ne sont pas l’apanage des seuls ministres jugés les plus sectaires comme Vincent Peillon, c’est typiquement une politique de discrimination positive qui est en place, au profit des enfants des banlieues « les plus défavorisés » – comprenez les enfants d’immigrés – à qui on fournira un luxe de structures d’accueil et d’accompagnement (tutorat), d’enseignants triés sur le volet et de dérogations par rapport aux règles de sélection sur lesquelles était fondée depuis l’origine l’école républicaine (notamment l’admission sur dossier dispensant de passer le concours ou l’examen d’entrée dans un établissement). L’auteur met en exergue plusieurs caractéristiques de cette politique :
• il ne s’agit pas de dispositifs cantonnés à des expérimentations localisées et confidentielles, mais bien d’une politique très ambitieuse tendant à concerner plusieurs milliers, voire dizaine de milliers d’élèves, toutes filières confondues ;
• les objectifs ne sont jamais revus à la baisse et s’empilent en couches successives par sédimentation au gré des changements de gouvernement ou de ministre, chaque nouvelle équipe voulant imprimer sa marque sans remettre en cause l’édifice préexistant ;
• le coût de cette politique est faramineux : l’auteur tente un chiffrage plausible malgré la difficulté de synthétiser les éléments du puzzle et relève qu’à plusieurs reprises la Cour des comptes s’est émue de cette situation, sans grand résultat, cela va sans dire.
Claude Meunier-Berthelot explique bien que la politique d’éducation dans les ZEP concerne tous les niveaux d’enseignement : primaire, secondaire et supérieur. On ne reprendra pas ici la description des dispositifs mis en œuvre à chaque niveau, qui sont exposés très clairement dans l’étude, mais il n’est pas inutile de s’arrêter un instant sur la partie concernant l’enseignement supérieur, pas seulement parce que c’est là que se révèle de la façon la plus emblématique l’objectif de discrimination positive voulu par les « pères fondateurs » de cette politique, en tête desquels figure Jack Lang, dont les extraits d’un discours prononcé en 2002 lors d’un colloque international sur les ZEP, cités en introduction, ont de quoi nous dessiller, s’il en était besoin. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est la discrimination à l’œuvre dans le supérieur qui a été le plus commentée, de la manière la plus élogieuse s’entend, dans les médias.
On lira donc avec un intérêt tout particulier les chapitres III (« Faciliter l’accès à l’enseignement supérieur d’excellence ») et IV (« Faciliter la réussite dans l’enseignement supérieur d’excellence »). On y verra comment les expériences initiées à l’Institut d’études politiques de Paris, sous la houlette du très médiatique Richard Descoings, et à l’ESSEC se sont diffusées par capillarité à la plupart des « grandes écoles » ou certaines universités de renom.
La conclusion de Claude Meunier-Berthelot est sans appel : A l’inverse de ce que font les pays voisins, « le système français vise à former une élite étrangère à notre culture pour remplacer les cadres de la nation française dans tous les domaines ». Il s’adresse à un public ciblé qui bénéficie d’une aide phénoménale et constante, sans commune mesure avec les dépenses d’éducation qui sont dévolues à nos enfants. Cette politique d’ « éducation prioritaire » propre à la France n’a d’autre but que de détruire l’identité française de notre pays et non de venir en aide à des élèves en difficulté scolaire. L’auteur appelle donc les Français à une réaction massive contre cette offensive mortifère. On ne peut que lui donner raison.
Bernard Mazin, 5/3/2015
Claude Meunier-Berthelot, C’est l’identité française qu’on assassine, Editions des Trianons, février 2015, 117 pages.
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