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La Pologne de demain se conçoit nationale et catholique

Lu dans Minute :

2724_page_01"En Pologne, tout se joue politiquement entre la droite et le centre droit tant le pays s’inscrit dans le mouvement dextrogyre à l’œuvre en Europe, à l’instar de la Hongrie et de son premier ministre Vicktor Orban, chef de file du Fidesz. Après l’euphorie néolibérale qui suivit la chute du mur de Berlin, vient le temps de la réappropriation des mémoires nationales au grand dam des bien-pensants. L’élection d’Andrzej Duda constitue une rupture. En effet, depuis un quart de siècle que la Pologne a retrouvé sa liberté, elle est devenue, sous le coup des investisseurs occidentaux, un laboratoire du libéralisme échevelé: dans la moindre petite ville, les supermarchés anglais, français, voire portugais se côtoient en ouvrant sans discontinuer de 6 heures du matin à minuit, même le sacro-saint dimanche. Idem pour les petits commerces qui doivent s’aligner sous peine de disparaître. Les subventions européennes sont partout, permettant un réel embellissement du pays, même si le réseau routier est loin d’être performant. [...]

« Même ici [à Wroclaw], dans la région la plus europhile de Pologne, Droit et Justice progresse », nous explique une enseignante polonaise. « Son discours eurosceptique, sa défense des valeurs ancestrales polonaises séduit de plus en plus les jeunes. De même, on sent un net regain d’influence de l’Eglise catholique. » Effectivement, ici, les églises et les chapelles sont partout et les bâches publicitaires qui s’étalent sur leurs façades multiplient les slogans religieux. Ici on se marie jeune, on fait des enfants et on ne croise aucun immigré. Autour des bourgs s’étendent à perte de vue des champs de blés, entrecoupés de haies d’arbres bienvenues pour soulager le voyageur de la chaleur déjà très lourde en ce mois de juin. Pour la classe politique polonaise montante, celle des jeunes cadres de Droit et Justice, l’Union européenne (que la Pologne a rejointe en 2004) n’est pas un absolu ni un horizon indépassable. Elle est surtout une machine à subventions. Si la Pologne s’est beaucoup rapprochée de son voisin allemand, elle voit d’un mauvais œil la police de la pensée qui s’exprime au sein des instances bruxelloises. Sans pour autant vouloir se rapprocher de la Russie, dont elle voit la puissance renaître à l’Est. Les deux partis se disputant le pouvoir affichent le même atlantisme et un soutien de principe à l’Ukraine. Dépecée, envahie, mise sous tutelle pendant des siècles, la Pologne de demain se conçoit nationale et catholique. D’où la parenté que l’on peut dresser avec le cas hongrois. Les élections législatives de l’automne 2015 pourraient donc voir revenir au pouvoir, comme chef de gouvernement, Jaroslaw Kaczynski."

Michel Janva

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