Quatre ans d'appauvrissement provoqués en grande partie par des politiciens sans scrupules et soumis de e complice aux ordres conjoints de Bruxelles, de La BCE et du FMI ont eu pour effet politique l'éviction du condominium politique de la Nouvelle Démocratie et du PASOK socialiste qui se partageaient le pouvoir depuis la chute du « Régime des Colonels » en 1974. Au grand dam de Bruxelles, le parti gauchiste Syriza a gagné les élections de février 2015 bien que l'oligarchie européiste se soit sûrement mieux accommodée de cette mauvaise surprise que d'une éventuelle victoire d'Aube Dorée. Et pour cause : l'extrême gauche fait partie du système mondialiste. Il fut un très court temps où elle se désignait comme « anti-mondialiste » ; mais très vite, comme terrifiée par cette qualification qui la présentait comme un ennemi du mondialisme, elle se redéfinit comme « altermondialiste », autrement dit mondialiste, mais d'une autre manière, à savoir socialisante et "trostkisante ». En effet, l'extrême gauche adhère à ces principes de base du mondialisme qui consistent à placer l'homme au centre de toutes choses et à nier la nature culturelle, enracinée des hommes. D'ailleurs, l'expérience montre que gauchistes et mondialistes s'entendent fort bien, le dévoiement et la subversion des mœurs allant de pair avec la recherche de l'accumulation de richesses financières et matérielles. Rien n'est changé.
D’où vient la crise grecque ?
En octobre 2009, alors que le déficit grec officiellement publié était de l'ordre de 6 % du PIB, le gouvernement de Georges Papandreou décida de dévoiler la venté dissimulée par ses prédécesseurs un déficit public de 12,9 % et une dette publique équivalente à 115 % du PIB. Il s'engagea à ramener le déficit public à 8,7 % à la fin 2010. Puis, livré à lui-même, incapable d'assurer le service de la dette, le gouvernement grec demanda l'aide de l'U.E. et annonça un plan d'austérité drastique. En février 2010 le Spiegel et le New York Times firent savoir que Goldman Sachs aurait aidé la Grèce à "maquiller" ses comptes, notamment par une levée de fonds hors bilan et par le biais d'instruments financiers mis au point par ses soins, et aurait joué un rôle de conseil jusqu'en 2009, date à laquelle le gouvernement grec aurait refusé un outil financier permettant de repousser à une date plus lointaine le poids de la dette. Malgré d'importantes manifestations populaires, le gouvernement adopta en mai 2010 — sous la contrainte de la « Troïka » constituée par l'UE., la BCE et le FMI - un plan d'aide de 110 milliards d'euros sur 3 ans, cette somme devant lui permettre de faire face à ses obligations, les Etats de la zone euro contribuant à hauteur de 80 milliards d'euros, dont 30 milliards d'euros au cours de 2010, à un taux moyen de 5 %. Dès la première année, la Grèce perçut 45 milliards d'euros de prêts. En contrepartie, Athènes dut adopter un plan de rigueur aux lourdes conséquences pour la population réduction du déficit public de 30 milliards d'euros à l'horizon 2014 pour retrouver les « sacro-saints 3 % de déficit autorises par VUE., (retraites diminuées, baisse des salaires des fonctionnaires, hausse de la TVA, lutte contre l'évasion fiscale) en contrepartie d'une aide financière de 110. milliards sur trois ans, de la part de l'U.E. et du FMI. Toutefois, en dépit de ces mesures qui réduisirent le déficit à 103 % du PIB, la situation du pays continua de se dégrader. Le FMI exigea notamment comme préalable à une nouvelle tranche de prêt de 12 milliards d'euros en juillet qu'Athènes adoptât de nouvelles mesures d'austérité (privatisation à hauteur de 50 milliards d'euros d'ici 2015).
En janvier 2012, plus de 80 000 personnes défilèrent contre l'austérité à Athènes. Les États-membres de la zone euro s'entendirent sur un nouveau plan de sauvetage de 237 milliards d'euros au total dont 130 milliards d'euros de prêts jusqu'en 2014, tandis que l'on effaçait 107 milliards de dettes.
Pendant ce temps, la situation économique s'est dégradée : le taux de chômage, qui était de 9 % en 2010, dépassait 15 % en décembre 2011 ; il est de plus de 25 % en 2015, tandis qu'il est supérieur à 50 % chez les jeunes ; nombre de Grecs sont réduits à la misère par la diminution des prestations sociales et la diminution des salaires tandis que les impôts augmentent, que les hôpitaux sont exsangues financièrement.
Pour sa part, la dette qui devait être résorbée atteint 150 % du PIB en 2012 et 175 % en 2015, soit 320 milliards d'euros, dont 70 % sont détenus par des organismes publics : le FESF (Fonds européen de stabilité financière), dépendant de la BCE, pour 142 milliards ; les États européens pour 53 milliards de crédits ; le FMI pour 32 milliards. Nous pouvons nous demander à quoi servent des «plans de redressements » qui accroissent le mal, à savoir l’endettement ! Notons aussi que les actuelles négociations entre Bruxelles et Amènes portent » sur la capacité d'Athènes à rembourser ses emprunts précédents... pour qu'elle puisse obtenir de nouveaux prêts ! De qui se moque-ton ?
Mais il y a plus : selon une étude de la fondation allemande Hans Böckler, ce qu'il faut appeler le « plan de redressement mondialiste » a eu des effets sociaux désastreux : le revenu des 10 % des foyers les plus modestes a chuté de 86 % entre 2008 et 2012, tandis que les 30 % les plus riches ont "seulement" perdu 20 % de leurs revenus, les fonctionnaires ne perdant que 8 % de leurs salaires ; et les 50 % des Grecs les moins riches ont vu la pression fiscale subie augmenter de... 337 % ! Il est aisé de comprendre la réaction de rejet des Grecs face à l'inanité scandaleuse de cette politique qui fait reposer sur les plus faibles le poids des erreurs de politiciens véreux, les turpitudes de bangsters sans scrupule et de la rigidité allemande. Évidemment, le travail « au noir » se développe, atteignant le tiers de l'activité économique grecque, amputant les rentrées fiscales espérées de 20 %.
Le particularisme grec
L'importance prise par la crise grecque se nourrit des doutes qu'ont les créanciers de la Grèce sur sa capacité à rembourser sa dette publique et à en payer les intérêts. La Grèce a été déclarée coupable de négligence et clouée au pilori. Le cas de la Grèce se différencie de celui des autres pays endettés de la zone euro par l'ampleur de ses problèmes structurels relativement aux "normes" occidentales en vigueur, notamment par sa difficulté relative à lever les impôts. Toujours traumatisés par les taxes qu'ils payaient au seul bénéfice des Ottomans durant quatre siècles d'occupation, les Grecs considèrent les impôts comme une charge qui n'influence en rien leur bien-être quotidien et ne voient donc pas l'intérêt de s'en acquitter, attitude somme toute saine lorsque Ton voit comment les Etats occidentaux comme la France pressurent leurs nationaux pour des résultats douteux du point de vue dû bien commun. La corruption de l'État les encourage à persister dans cette attitude, le refus de l'impôt étant alors considéré comme une juste compensation.
Bruxelles en a tiré prétexte pour ne pas apporter les aides appropriées et a préféré « donner une leçon » à la Grèce qui ne consentait pas à se soumettre perinde ad cadaver aux règles communes de l'U.E., au risque de laisser la crise dégénérer en gangrène mortelle. L'UE. a ainsi imposé à la Grèce la présence de hauts fonctionnaires au service du système, la "troïka" pour contrôler les réformes de l'État grec dans ces domaines, les tranches de prêts à la Grèce n'étant débloquées qu'après que celle-ci eut estimé que le pays respectait ses engagements. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois de son histoire que la Grèce connaît la crise financière, car elle a été en défaut pendant de nombreuses années depuis son indépendance, avec mise sous tutelle de puissances étrangères.
Il ne s'agit pas d'ignorer les causes propres à la Grèce. Le clientélisme étatique est une entrave à l'efficience économique. Or il vient des origines de la Grèce moderne, dès son indépendance en 1830. Les principales institutions de l'organisation administrative de l'État grec ont été créées de force, sans concertation, par les conseillers bavarois du premier roi de Grèce, Othon, arrivé en 1833. Ils instituèrent un système administratif extrêmement centralisé, toute décision remontant au roi. Cette organisation, qui est restée inchangée jusqu'aux années 1980, rompait avec une organisation séculaire de la vie politique sociale et culturelle établie autour d'une communauté rurale ou urbaine.
Pour la maîtriser et parvenir à se concilier les notables grecs, Othon les incita à s'installer à Athènes pour faire partie de sa cour et de son administration, les utilisant comme instrument de contrôle entre le centre et les provinces. S'est mis alors en place un système de clientélisme qui constitue la trame de la vie politique de la Grèce. Le notable doit son pouvoir à sa clientèle locale qui, en contrepartie, attend de lui des faveurs, tels des postes dans l'administration.
Cette situation va gonfler anormalement le poids du secteur public dont l'efficience sera d'autant diminuée. On comptait en 2010 plus de 1,1 million de fonctionnaires pour une population de 11 millions d'habitants. Nombre de services manquent d'efficacité et de qualité ; des fonctionnaires mal payés et frustrés par le manque de perspectives professionnelles résistent mal aux tentations de la corruption...
L'entrée de la Grèce dans l’U.E. et plus encore dans la zone euro a rendu ces travers insupportables car elle nécessite une « mise à niveau » de la société grecque qui, nonobstant les réserves que suscite l'optique d'exploitation des peuples voulue par le mondialisme, est nécessaire pour assurer un fonctionnement efficient de l'État grec. De ce point de vue, les demandes de la "troïka" de réformes Qu'État en contrepartie d'une aide financière sont donc fondées.
A cela s'ajoute une charge supplémentaire que supporte la Grèce par rapport aux autres Etats de l’U.E. : l'importance des dépenses militaires (4 % du PIB, contre 2,4 % en France) dues à la position de la Grèce face à la Turquie qui, en dépit des suavités diplomatiques, demeure l'ennemi pluricentenaire. Et il est à observer que la réduction des dépenses militaires grecques n'a jamais été demandée par les gouvernements européens dans le cadre des plans de rigueur, d'autant plus que dans le cadre de l'espace Schengen, la Grèce doit assurer à ses frais la protection de son importante frontière orientale soumise à la pression de l'immigration extra-européenne venue d'Orient.
André Gandillon, Président des Amis de Rivarol.
Rivarol du 28 mai 2015