Le drame hellène qui se joue au niveau des institutions européennes révèle des constantes de fond. Que le rideau tombe sur un happy Ending ou sur un chaos sanglant, la vraie nature des pays impliqués est apparue. Comme le disait Raymond Queneau : « Ce qu'il y a de constant sous l'écoulement de la durée, le lit du torrent des phénomènes internes, c'est la substance.»
Il n'y a pas photo pour les PECOs. Tous les pays de l'Est sans exception sont vent debout contre la Grèce à leurs yeux paresseuse, gouvernée aujourd'hui par des communistes et autres trotskards qui puent. Ces pays ont subi le gouvernement communiste et connaissent la dialectique du double et triple langage. Le retour dans le monde libre leur a coûté très cher, et s'ils voient la lumière du jour au bout du tunnel, ils ne vont pas se le laisser boucher. Dans les PECOs sont la Bulgarie et la Roumanie, deux pays misérables au niveau de vie inférieur à celui de la Grèce mais qui ne mouftent pas puisqu'ils ne seront jamais dans l'Eurozone si les critères sont maintenus. Ils sont bien conscients quand même que l'argent englouti à Athènes n'ira ni à Sofia ni Bucarest.
Viennent ensuite les pays latins. Ce sont les philhéllénistes... jusqu'à un certain point, car tous sont malades, même si l'état d'agravation ou de rémission est différent pour chacun d'eux. Parmi ces pays (Portugal, Espagne, France et Italie) c'est la France qui pose problème à cause de sa taille et de ses déficits chroniques (triple déficit¹). L'incapacité de sa classe politique à réformer une République pachydermique qui a enfanté l'Etat le plus invasif du monde après les références cubaines ou nord-coréennes, est un must. Même en Chine vous avez plus de liberté qu'en France si vous ne vous occupez pas de politique. Or c'est le grand cancéreux qui veut prendre le "lead", et de posture avantageuse en mine réfléchie devant les caméras, le meilleur rôle que la pièce va nous laisser est celui de Reine des Gitans. Nous aurons tout fait pour !
L'Espagne dynamique veut raccrocher les wagons avec l'Allemagne ; l'Italie, c'est l'Italie.
Les pays actifs non zonés, Royaume-Uni, Royaume du Danemark, Royaume de Norvège (∈EEE), Royaume de Suède observent le massacre et identifient parfaitement le risque... français, la Grèce étant peanuts à l'échelle du continent depuis que tous les investisseurs institutionnels et bancaires se sont débarrassés des bons et obligations grecs (après cent milliards de retructuration à leur frais, on peut les comprendre).
Reste le gorille de neuf cent livres dans le coin de la pièce, qui ne dort jamais. Ceux qui ont suivi la propagande française de ces derniers jours auront entraperçu que la délégation française gesticulait beaucoup, mais pour son opinion intérieure, car les photos et vidéos montrent que tout le monde nous sourit et personne ne nous parle ! Le gorille a fait le service minimum en venant à Paris. Cela devra nous suffire, car l'Allemagne a d'autres soucis que de jacasser avec un élu local.
Pour la première fois de son histoire d'après-guerre l'Allemagne a toutes les décisions entre ses mains. Elle crée de la stratégie, elle ne la subit plus. L'Allemagne n'est telle que bismarckienne. Elle n'est pas rhénane, goethique ou bavaroise, son Etat qui la structure est poméranien ! Où est la Prusse est l'Allemagne. Merkel, Schäuble et Gabriel ne jouent pas le destin de l'Europe ; ils jouent celui de l'Allemagne revenue. Jean-Luc Mélenchon ne s'y est pas trompé qui a débondé sa haine du Boche dès qu'il a compris qu'il ne pourrait plus rien contre eux. C'est assez minable de sa part, mais n'empêchera rien.
Déjà ailleurs... ! |
Le train de la France est passé. Nous en avons englouti les promesses que donnait le plus beau pays du monde dans une gabegie phénoménale nourrissant le fameux millefeuille des intérêts bunkérisés ; nous saignons à milliards dans un modèle qui fait rire ; nos représentants sont des ploucs qui n'ont aucune autorité naturelle, aucune aura, et que personne n'écoute, à l'exception près de la négociation iranienne dans laquelle Laurent Fabius est très actif (il fut premier ministre à l'époque). C'est tout !
Nous regardons maintenant passer le train des autres comme des vaches dans le pré.
Très corrézien !
(1) Le triple déficit est le cancer généralisé : déficit budgétaire, déficit des comptes sociaux hors-budget, déficit commercial.