Le livre «The End of Plenty : The Race to Feed a Crowded World” (“La fin de l’abondance: la course pour nourrir un monde surpeuplé“) préconise une révolution bleue et une révolution rose pour pouvoir faire face à l’augmentation de la population mondiale.
En 2050, la Terre devrait compter 9 milliards de bouches à nourrir. Il faudra alors produire autant de nourriture qu’on en a produit depuis le début de l’agriculture pour alimenter tout le monde, explique Joel K. Bourne Jr., ex-rédacteur en chef de National Geographic sur NPR, la radio publique aux États-Unis.
La hausse démographique est d’autant plus problématique qu’on est arrivé à la fin de la révolution verte du siècle dernier. Les rendements atteignent un plafond, même s’il reste des innovations à venir dans les OGM, comme le riz c4 qui pourrait augmenter la production par 50% ou le riz qui peut résister aux inondations.
Les cultivateurs marins
À l’heure où plus de 800 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique et où un tiers de la population mondiale présente des carences alimentaires, Joel K. Bourne Jr. soumet dans The End of Plenty: The Race To Feed A Crowded World, publié en ce mois de juin, une recette des solutions.
Au-delà des bonnes initiatives déjà lancées comme la réduction des émissions de carbone ou le changement de position de l’église catholique sur le changement climatique, il propose de mieux utiliser notre approvisionnement d’eau, ainsi que de produire plus de protéines avec l’aqua-culture, qui s’annonce comme la révolution bleue.
Inspiré par l’explorateur océanographique Jacques Cousteau, ce système espère remplacer les chasseurs-cueilleurs par des cultivateurs marins.
Il faut également réduire la demande en éliminant les nourritures à base de biocarburants, ce qui ouvrirait 10% de terres cultivables aux États-Unis et 15% en Europe du jour au lendemain. Dans cette même logique, il lui paraît indispensable de réduire la consommation de viande, créant ainsi un épargne de céréales.
Des écarts de rendement à réduire ?
Mais le facteur-clé reste une chute des taux de natalité. La transition démographique peut s’accélérer notamment dans des régions où la surpopulation est très forte. Il y a donc des avancées à faire en matière d’éducation sexuelle et d’équilibrage des opportunités hommes-femmes. Réduire la hausse démographique et rendre la moitié de la population plus productive. Voilà les bases d’une véritable révolution rose.
En attendant, la question des écarts de rendement fait aujourd’hui débat. Joel K. Bourne Jr. souligne qu’il faut réduire les disparités partout dans le monde, notamment là où la production serait un tiers à un quart moins efficace qu’ailleurs. Un avis que ne partage pas Mark Bittman.
Dans un éditorial de 2014, ce contributeur au New York Times, écrit qu’augmenter les rendements pour donner à manger aux pauvres équivaudrait à produire plus de voitures et de jets pour que chaque personne puisse en avoir un.
Selon lui, la question fondamentale n’est pas “Comment nourrir les 9 milliards?“, mais comment réduire la pauvreté. Le problème vient d’abord de prix trop élevés. Pour une partie de la population, se nourrir, c’est simplement trop cher.