Il y a une totale schizophrénie dans le comportement de la grande majorité de nos élites, qu’elles soient nationales et surtout supranationales.
Elles imposent à l’Europe et à ses populations d’absorber et de subir une immigration à haut risque, immigration créée en grande partie par leur propre politique extérieure, à savoir la folle politique européenne et occidentale en Irak, en Libye ou en Syrie.
Dans le même temps la suppression des frontières nationales s’est accompagnée d’une situation de non préparation à cette pression migratoire à laquelle le droit-de-l’hommisme totalitaire n’a finalement aucune réponse, si ce n’est celle d’imposer aux Européens de se taire et subir.
Alexandre Latsa
En 1973, l’écrivain Jean Raspail écrivait son roman Le camp des saints, qui à l’époque préfigurait ce qui était considéré comme une scène de science-fiction : un million de «miséreux» prennent d’assaut des cargos pour tenter de rejoindre un Occident riche mais incapable de leur faire modifier leur route.
Finalement, les bateaux finirent par s’échouer en France, sur la Côte d’Azur, sous l’œil de pouvoirs publics désarmés et face à une armée française affaiblie, sans ordre, incapable de réagir à cette «invasion pacifique».
Si un tel scénario pouvait sembler totalement irréaliste il y a un peu plus de 40 ans, les dernières semaines ont clairement laissé comprendre que ce scénario n’est plus celui d’un futur proche, mais la réalité qui est celle de la France et de l’Europe d’aujourd’hui : une réalité face à laquelle l’été 2015 nous a violemment confrontés.
Selon les chiffres du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR), ce sont déjà près de 224.000 réfugiés et migrants qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée entre janvier et juillet de cette année. Toujours selon le HCR, les Syriens constituent le groupe le plus important parmi ces arrivants (34%), suivis par les Érythréens (12%), les Afghans (11%), les Nigérians (5%) et les Somaliens (4%). Des estimations basses envisagent que, cette année, c’est entre un demi-million et un million de migrants qui tenteront de rejoindre les côtes européennes.
Ces chiffres, qui ne sont que des chiffres officiels, traduisent le volume de migrants qui souhaitent fuir des zones en guerre et rejoindre une Europe en paix et considérée comme l’eldorado
Sans surprise, l’arrivée massive de ces migrants entraîne des troubles dont l’intensité ne cesse de croître au cours des derniers mois, surtout dans l’Europe des périphéries et des frontières, déjà aux prises avec une profonde crise économique.
En Italie, Lampedusa connaît depuis maintenant quelques années des émeutes régulières opposant les migrants à la police italienne ou à la population locale. Cet été, c’est Rome qui a été visée par des incidents violents entre la police et la population d’un quartier de la ville qui s’opposait à l’installation forcée de clandestins par les autorités locales. Débordées, les autorités italiennes ont cet été demandé à l’Europe la prise en charge de dizaines de milliers de clandestins que le pays ne pouvait absorber tandis que le nombre d’arrivants ne cesse, lui, de croître. Certains villages dépeuplés sont passés de quelques centaines à plusieurs milliers d’habitants puisque les autorités locales ont décidé d’y implanter et d’y laisser séjourner ses nouveaux habitants.
Autre avant-poste de l’immigration clandestine en Europe, la Grèce fait face à une situation tout aussi grave que Rome puisque le pays est confronté à une vague migratoire sans précédent. La situation est particulièrement grave sur les îles grecques, dont certaines se situent à quelques centaines de mètres seulement des côtes turques. Des incidents d’une rare violence ont par exemple éclaté sur l’ile de Kos, dont les 30.000 habitants font désormais face à 7.000 migrants majoritairement issus de Syrie et d’Afghanistan.
Du reste, la Turquie ne pose pas problème qu’à la Grèce, mais également à la Bulgarie. Ce pays a décidé de prolonger de 130 kilomètres le mur anti-migrants, érigé le long des 275 kilomètres de frontière qu’il partage avec la Turquie dans le but de stopper l’afflux de réfugiés, principalement syriens.
Plus au nord et au centre de l’Europe, le tandem franco-allemand n’est pas épargné non plus, puisque la seule Bavière, par exemple, a fait face cet été a une augmentation importante du nombre de réfugiés qui se monte à 6.560 pour les 5 premiers jours d’août, soit près de 1.500 par jour. Le pays a du reste accueilli 79.000 demandeurs d’asile, principalement venus de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, pour le seul mois de juillet 2015. La locomotive de l’Europe semble l’être également dans le phénomène migratoire, puisque Berlin envisage d’accueillir à elle seule 600.000 réfugiés cette année, le pays ayant besoin de 500.000 nouveaux migrants chaque année pour faire face à la pénurie d’enfants issus de sa population de souche. L’accueil de ces réfugiés se passe de façon plus ou moins chaotique puisqu’au sein de certaines municipalités, des consignes civiques sont imposées aux populations de veiller à ne pas choquer les arrivants afin d’éviter tout malentendu : en clair que les enfants ne portent plus de t-shirts et de chemises transparentes, ni de shorts ou de jupes trop courtes. Pendant que l’on explique aux jeunes Allemandes qu’elles ne sont plus libres de mettre des jupes chez elles, des élus allemands visiblement «éclairés» ont décidé de montrer l’exemple en accueillant chez eux des réfugiés érythréens, un exemple suivi par déjà près de 100.000 citoyens, tandis que le nombre d’attaques contre les réfugiés est lui fortement en hausse.
La France n’est pas épargnée par ces flots humains face auxquels les autorités semblent, tout comme dans Le Camp des saints, incapables de faire face. De Calais à Dunkerque, des bidonvilles regroupant jusqu’à plusieurs milliers de personnes sont apparus au cours des derniers mois, ressemblant à d’authentiques bidonvilles africains mais implantés au cœur de la campagne française. Certaines nuits ce sont plusieurs centaines de migrants qui tentent de traverser le tunnel sous la Manche pour rejoindre l’Angleterre en déstabilisant totalement le trafic routier entre les deux pays. A l’autre bout de l’Hexagone, les migrants affluent également à la frontière franco-italienne, puisque nombre d’entre eux souhaitent rejoindre la Scandinavie, l’Angleterre ou la France.
Pour freiner le flot de réfugiés qui arrivent du sud-ouest et du sud-est de l’Europe, Bruxelles envisage de pénaliser les pays tiers et candidats comme la petite Serbie, où les élites européistes envisagent de créer un camp de 400.000 réfugiés, soit l’équivalent de 5% de la population du pays.
La situation est en effet tellement grave que c’est la Hongrie qui doit désormais faire face à ce flux de migrants qui souhaite rejoindre la vieille Europe. Les autorités hongroises ont ainsi, tout comme les autorités bulgares, constitué un mur de près de 175 kilomètres le long de la frontière avec la Serbie pour «protéger l’Europe».
Il y a une totale schizophrénie dans le comportement de la grande majorité de nos élites, qu’elles soient nationales et surtout supranationales.
Elles imposent à l’Europe et à ses populations d’absorber et de subir une immigration à haut risque, immigration créée en grande partie par leur propre politique extérieure, à savoir la folle politique européenne et occidentale en Irak, en Libye ou en Syrie.
Dans le même temps, la suppression des frontières nationales s’est accompagnée d’une situation de non préparation à cette pression migratoire auquel le droit-de-l’hommisme totalitaire ne présente finalement aucune réponse, si ce n’est celle d’imposer aux Européens de se taire et de subir.
Alors que l’on a vendu aux peuples européens le mythe d’une Europe en paix et libérée de toutes frontières, voilà que s’érigent des murs et des territoires occupés, finalement sur le modèle d’un Orient dont personne ne devrait souhaiter qu’il ne préfigure l’avenir de notre continent hormis les «ennemis de l’Europe», des ennemis de l’Europe dont la cinquième colonne devra sans doute, un jour ou l’autre, être chassée de la structure de gouvernance globale qu’elle occupe et dont la politique tue, à petit feu, l’Europe en tant que civilisation.
Alexandre Latsa
Ma dernière analyse pour Sputnik, 17/08/2015
Source : http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150817/1017607716.html#ixzz3jAbG78o3