Disparu il y a presque dix ans, Jean Mabire ne semble plus guère subsister que dans la mémoire émue de ses anciens amis et des quelques orphelins littéraires – dont votre serviteur – d’un conteur hors-pair qui, à l’instar d’un Jean Raspail, d’un Vladimir Volkoff voire d’un Serge Dalens, a nourri l’imaginaire d’une jeune génération de militants nationalistes (camelots, gudards, FNJ ou autres) puisant dans leurs œuvres un idéal d’aventure débridé qu’elle cherchait à éprouver dans la rue.
Celui qui célébrait « la grande aventure, les prouesses guerrières, sous n’importe quel drapeau » (Eric Lefèvre) savait aussi ressusciter, avec une verve narrative sans pareille, l’éclat de la fantastique geste des Vikings à l’origine de sa chère Normandie et tout aussi bien parler de littérature (voir les 9 tomes de Que lire ?, véritable anthologie de littérature mondiale). Reste aujourd’hui, pour cette génération désormais « rangée des voitures », comme pour celle, 2.0, qui lui succède, une association chargée d’entretenir, non seulement sa mémoire et la diffusion de son œuvre, mais aussi un certain souffle vital. Celui-ci était particulièrement vivace, le 27, septembre dernier, dans le Vexin français, aux marches de la Normandie, lors de son assemblée générale annuelle où, autour d’une petite cinquantaine de membres, chacun des orateurs (Francis Bergeron, Philippe Randa et Pierre Vial) rappela qu’au-delà d’une œuvre immense (une centaine de livres et des articles innombrables), Mabire, Normand, Français et Européen tout ensemble, s’attacha surtout à insuffler un fraternel esprit de concorde entre nations européennes, pourvu que leurs peuples veillassent à n’être jamais coupés des terres héritées de leurs pères comme de leurs traditions indivises. Il suffit de lire le superbe et substantiel bulletin semestriel diffusé par l’association, pour se rendre compte que « Mait’Jean » plaçait plus haut que tout la défense de nos héritages antiques, boréens et celtes, grecs et romains, païens et chrétiens. Si l’on devait résumer, sous une formule lapidaire, le testament intellectuel et spirituel de Jean Mabire, nous dirions que nos libertés sont charnelles pour autant qu’elles sont enracinées. A l’issue de la journée, les participants furent d’ailleurs invités à revivre symboliquement le solstice 21 juin 1948 où, au pied de la petite église romane, alors en ruine, de Marquemont, Mabire et des camarades flamands, bretons, allemands, refermèrent les plaies fratricides ouvertes par leurs parents. Cette ardente « Communauté de jeunesse » jettera les bases des futurs Scouts d’Europe.
Amis de Jean Mabire, 15 route de Breuilles – 17 330 Bernay Saint-Martin www.jean-mabire.com
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Jean-Mabire-ou-les-libertes