En avril – mai 2014 paraissait le premier numéro des Cahiers d’histoire du nationalisme grâce aux bons soins des « Bouquins de Synthèse Nationale » animé par Roland Hélie. Cinq autres numéros ont suivi avec différents thèmes sur François Duprat, Gustav Mannerheim, Jean-Louis Tixier-Vignancour, le PFN, Jacques Doriot et le PPF. Un septième consacré à la croix celtique vient de sortir.
Sous la direction de Christophe Georgy, ce premier numéro évoque la personnalité, la vie et l’œuvre de Léon Degrelle (1906 – 1994), le charismatique chef du Rex belge et courageux combattant anti-communiste sur le front de l’Est. C’est un bel ouvrage sur lequel souffle un esprit rexiste et européen de bon alois. Que l’ami Hélie me pardonne de raconter une savoureuse anecdote. Voulant disposer d’exemplaires de ce Léon Degrelle pour la deuxième Journée régionale de Synthèse Nationale dans le Nord, il convenait avec l’imprimeur de lui remettre les volumes dans une bourgade normande. Le transfert réalisé, il leva les yeux au ciel et découvrit qu’ils étaient sous l’enseigne lumineuse d’un établissement nommé… « Rex » !
Le succès de ce premier numéro a incité « Les Bouquins de Synthèse Nationale » à s’aventurer dans le multimédiat en éditant un CD exceptionnel : un entretien inédit d’une durée de deux heures avec Léon Degrelle ! Ce « monument historique » selon Jean-Marie Le Pen continue à susciter plus de vingt ans après sa disparition indignations pathétiques et enthousiasme véritable. Outre un discours de Degrelle à ses compatriotes travaillant à Berlin en 1942, on y trouve diverses contributions ainsi que la réaction hargneuse du site antifa belge RésistanceS.be.
Redoutable procureur contre les tripatouillages politiciens et la décadence morale de sa patrie, Léon Degrelle s’afficha en homme d’action. À la fois journaliste, homme de presse, écrivain, grand reporteur et baroudeur, il séjourne clandestinement au Mexique afin de témoigner du martyr des Cristeros. En tintinologue averti, Francis Bergeron revient sur un fameux copinage, celui de Léon Degrelle avec Hergé. Ce dernier s’inspira-t-il de son téméraire ami pour concevoir son célèbre personnage ? « Alors, Tintin, c’est Degrelle ? Pas si simple. […] Tintin, c’est Hergé, comme Madame Bovary, c’est Flaubert. Ou plus exactement Tintin, c’est le jeune homme idéal qu’Hergé aurait aimé être. […] Mais il est vrai que Tintin, c’est quand même un peu Degrelle (pp. 46 – 47). »
Cette amitié aurait pu porter préjudice au père de Tintin, car la répression fut implacable pour Degrelle et les siens. La résistance assassina l’un de ses frères. Elle condamna son épouse à dix ans de prison. Elle arrêta, emprisonna et tortura ses parents, coupables de l’avoir enfanté. « En 1944, ajoute Christophe Georgy, il avait été condamné à mort par un jugement prononcé à l’encontre de toutes les règles judiciaires légales, le mettant ainsi dans l’impossibilité d’interjeter appel, un jugement digne d’un tribunal d’exception ! (p. 37) » Pis, le Parlement bien corrompu de Belgique étendit spécialement pour lui seul les délais de prescription avant de le déclarer « étranger indésirable ». En revanche, les actuels clandestins migrants… Sa persécution se poursuivit post mortem avec un arrêté royal du 18 avril 1994 interdisant le retour de ses cendres outre-Quévrain !
L’exil de Léon Degrelle en Espagne ne fut pas toujours serein. Son ami espagnol Alberto Torresano rappelle qu’il échappa à huit tentatives d’enlèvement. Si l’une d’elles avait réussi, Léon Degrelle risquait la peine de mort. Aurait-il été exécuté pour des motifs politiques et historiques ? L’interrogation demeurera à jamais sans réponse. Pourquoi un tel acharnement ? Pour le président de l’ancienne Œuvre française, Yvan Benedetti, « Léon Degrelle a dénoncé l’argent-roi, la canaillocratie, les terroristes de la mondialisation, lesbanksters… (p. 197) ». Dans un discours prononcé à Berlin le 7 février 1943, il assure que la guerre « a été délibérément voulue, cyniquement préparée, par une Haute-Finance qui ne voulait pas d’un État populaire où elle n’aurait plus le contrôle de l’État et ne ressemblerait plus dans ses coffres le profit du travail du peuple (pp. 79 – 80) ». Cette haine irrationnelle à son égard s’explique aussi parce que « Hitler, rappelle Saint-Loup, auteur des SS de la Toison d’Or, l’avait choisi pour fils, selon Sparte (p. 106) ». Pour le journaliste dissident Henri de Fersan, Degrelle constitue un parfait « exemple de la fidélité par son sang versé (p. 177) ». Quant à Jean-Yves Dufour, il dépeint un homme curieux, boulimique de lectures variées. « On a accusé Degrelle d’être mégalomane et mythomane. Il pouvait avoir tendance à l’exagération, et à la projection de ses rêves dans la réalité, mais jamais au mensonge. Il croyait en lui, il ne doutait pas de ses capacités. Il fut même surnommé ironiquement Modeste. Mais ce sont là des qualités nécessaires aux hommes d’État (p. 129). » Or Camille Galic se « méfie des légendes vivantes (p. 117) » avant de se raviser.
Pour l’animateur de la revue Réfléchir & Agir, Pierre Gillieth, « Degrelle reste […] un exemple et il garda l’espoir jusqu’au bout (p. 192) ». Par ailleurs, « Léon Degrelle était curieux de tout, des autres peuples, de ce qui faisait leur vie, avait beaucoup voyagé, signale Edwige Thibaut. Il exécrait cette xénophobie idiote. Il n’était pas l’homme d’une appartenance étriquée et égocentrique. La conscience de soi, de son identité, est une force rayonnante qui ne redoute pas le contact et ne peut être dilué dans la différence (p. 143) ». « Ce modèle de poète-guerrier que donne Degrelle, poursuit Alexandre Gabriac, est excellent pour la jeunesse nationaliste d’aujourd’hui, puisqu’elle permet d’affirmer à travers son exemple qu’un homme marche sur deux jambes : la réflexion et l’action (p. 172) ». Edwige Thibaut considère même que « Léon Degrelle était avant tout un Bushi d’Occident, un homme de guerre, de cœur et de don total, qui sut manier aussi bien la plume que l’épée et dont la vertu dépassera toujours ce qu’il fut (p. 151) ».
Et si son œuvre la plus profonde n’était ni ses écrits journalistiques, ni son action politique, ni son engagement militaire, ni même son rôle – d’après-guerre – de grand témoin, mais la relance du « mythe bourguignon » ? Pierre Vial examine cet idéal historique et géopolitique européen, référence fugace au Grand Duché d’Occident au XVe siècle et à l’éphémère Lotharingie après 843. Le président de Terre et Peuple l’envisage tel un mythe, c’est-à-dire « une force de mobilisation de l’imaginaire destiné à susciter l’action (p. 155) ». Intarissable sur le sujet et pourfendeur constant de dogmes historiques erronés, « l’historien Léon Degrelle ne mériterait-il pas d’être réhabilité, s’interroge Camille Galic ? (p. 120). » Même dans ce domaine, surtout dans ce domaine hautement explosif, les vérités assénées par Degrelle dérangent.
Les télévisions française et belge francophone ont en effet censuré avec une belle régularité toute émission qui évoquait l’« autre Léon de Bruxelles ». Pensons au fameux Autoportrait d’un Fasciste réalisé en 1978 par Jean-Michel Charlier (le grand scénariste de BD) pour FR3 et qui n’a jamais été diffusé. Heureusement que Jean-Michel Charlier contourna l’épais murs du silence en publiant Léon Degrelle persiste et signe. Ce lourd silence voulu est une nouvelle fois défait par un double CD : Léon Degrelle raconte. L’ultime témoignage enregistré quelques mois avant son décès.
Léon Degrelle fut l’acteur des tempêtes du XXe siècle. Son courage, sa hardiesse, sa droiture, sa rectitude intellectuelle et politique en firent le parangon même du soldat politique, un type d’homme qui reviendra probablement bientôt.
Georges Feltin-Tracol
• Christophe Georgy (sous la direction de), Léon Degrelle. Documents et témoignages, Cahiers d’histoire du nationalisme, n° 1, avril – mai 2014, 206 p., 20 €.
• Léon Degrelle nous parle. L’ultime témoignage…, double CD avec un cahier de 16 p. illustrées, 2 h. d’écoute, 20 € (+ 3 € de port).
À commander tous les deux à Synthèse Nationale, 116, rue de Charenton, F – 75012 Paris, France. Commandes en ligne possibles sur www. synthese-editions.com.