La communauté citoyenne dans toute sa diversité est condamnée à vivre ensemble ou à périr dans la sauvagerie d'une guerre civile de tous contre tous. Bien que la France ne soit pas le pays de la mesure - les dévastations de nos révolutions sont explicites - elle n'a pas vécu cette douloureuse expérience depuis les guerres de Vendée, même si certaines périodes y ressemblaient fort, comme la Commune de Paris ou la seconde moitié du régime de Vichy. Une guerre civile est carrément atroce et doit être évitée ; relire pour s'en convaincre Les grands cimetières sous la lune de Georges Bernanos, récit de proximité écrit en 1937 à Palma de Majorque
Les contradictions sociales du pays réel d'aujourd'hui sont les antagonismes de demain matin, qui seront proclamés légitimes par les factions. Ces contradictions de tous ordres ne sont pas réparables ni par décret ni par incitation morale. Elles sont trop anciennes, profondes et racialisées pour être contenues par autre chose que la force du pays légal. Qu'on me démontre le contraire par le raisonnement en évitant la citation des grands érudits morts ! Un état des lieux le plus réaliste possible est à faire avant que de vouloir réorganiser nos territoires, et les statistiques ethniques y aideront beaucoup. Avant de conjurer la guerre civile il en faut connaître les ressorts parce que ce n'est pas qu'une affaire dialectique : il ne suffit pas de la condamner du haut des pupitres, il ne suffit pas de faire l'inventaire des partis présumés vouloir en découdre ; il en faut comprendre la chimie de base et trouver les détonateurs. Je soupçonne l'Administration de disposer de données fiables permettant une photographie fidèle de notre société, données traitées à l'insu des aboyeurs d'hémicycles. On verra bien, en attendant, il faut freiner des quatre fers dans la pente.
Selon Maurice La Châtre*, bon communiste de la première race, la guerre civile, "la plus affreuse de toutes", est fomentée par les intérêts des puissants qui parviennent à rallier un fraction importante du peuple à leur cause et le fait combattre à leur profit. Pour un Rousseauiste tel que lui, tout le mal vient d'en haut : "Les guerres commencent par l'ambition des princes et finissent par le malheur des peuples".