Une recomposition de la vie politique française aurait pu commencer, dans l'action, dès la journée du 7 décembre. Mais les équipes sortantes, accrochées à leurs antiques prébendes continuent de remuer leurs vieilles recettes de cuisine qui ne trompent plus grand monde. Car les prétendues valeurs qui leur servent de drapeau risquent fort désormais de ne plus jouer qu'à titre de repoussoir.
Dans un tel contexte il faut, malgré, tout, se pincer le nez, et voir comment les professionnels de l'intrigue cherchent encore à sauver les meubles.
En fait, et depuis plusieurs mois, sinon depuis 2012, le scénario dépend d'autant plus de l'Élysée que le président se montre discret. Il communique beaucoup sur les décisions qu'il ne prend pas. Il cherche de la sorte à passer pour l'organisateur d'événements qui le dépassent. Ainsi lui prête-t-on généreusement une autorité sur la chose militaire ou sur certaines postures diplomatiques, alors qu'il n'exerce plus qu'en façade les missions de souveraineté.
En revanche, les nouvelles tendances dans la présentation des clivages politiciens, son seul métier, renvoie systématiquement à sa stratégie personnelle, distincte de celle de son Premier ministre. Il a donc envoyé en première ligne son Cambadélis, le seul homme capable de proférer un mensonge aussi déconcertant que de présenter la gauche comme victorieuse le 6 décembre avec 38 % des voix.
Il est vrai que cette préemption d'une fusion des électorats n'est ni gratuite ni innocente. Elle demeure la seule perspective permettant à Monsieur Hollande d'envisager une réélection en 2017. Et elle s'articule sur l'aggravation du clivage entre droite et front. Conçu par des disciples de Chevénement, le programme officiel de ce parti s'y prête, lors même que fort peu d'électeurs s'y attachent.
La vraie raison du vote frontiste, tout le monde la connaît. Exprimons-la sous forme de litote : c'est une association d'idées sociologiquement recevable, entre l'insécurité grandissante, l'immigration incontrôlée, et l'islamisation rampante. Aucune de ces tendances n'ayant été ressentie comme sérieusement inversée sous le quinquennat précédent, et ceci en dépit des promesses de rupture de l'élu de 2007, qui, derechef avait promis en 2012 de renoncer à la politique s'il n'était pas réélu, on conçoit que le fossé s'agrandisse entre le parti qu'il dirige à nouveau et le sentiment populaire.
C'est ainsi que la confusion se développe à droite. Personne ne semble oser dire au vieux comédien que la représentation est terminée, que le manteau d'Arlequin s'abaisse et qu'il peut, qu'il devrait regagner sa loge et sans doute son dodo.
En face au contraire, on observe tous les culots. Cela va se voir en Île de France. À cet égard la région capitale n'est seulement la plus grosse, elle reste la principale quant aux grands choix qui relèveront naturellement d'une compétence régionale et se profileront dans les années à venir, en matière de transports, en matière d'urbanisme, etc.
Or, la décision cynique de Bartolone d'intégrer sur ses listes en vue du second tour les écologistes et les communistes, des équipes en perdition qui ne ratent jamais une occasion de critiquer le gouvernement actuel, mais dont le vote d'appoint se révélera décisif en 2017, voilà qui correspond à l'arrière-pensée présidentielle.
Voilà ce qu'on aimerait ne plus jamais voir. Voilà ce qu'il faudra sanctionner. Voilà ce qu'il faut dénoncer.
JG Malliarakis
http://www.insolent.fr/2015/12/fusion-a-gauche-confusion-a-droite.html