En écartant toute opposition idéologique par des artifices peu démocratiques, la France entre officiellement en « démocratie à parti unique ».
Le 13 décembre les élections régionales ont consacré la victoire du régime des partis : la victoire de la Droiche. La Droiche, c’est-à-dire le parti unique résultant de la fusion de fait des partis de gauche, du centre et de la droite institutionnelle. On dénonçait hier « la bande des quatre » ou « l’UMPS », quand l’UMP existait encore. Nous avons désormais la Droiche, version 2015 du régime des partis.
L’alliance durable des libéraux et des libertaires
La Droiche se compose de deux sous-ensembles, d’où son nom : un sous-ensemble qui se présente comme « de droite » et un sous-ensemble de gauche.
Mais ce n’est pas qu’une simple alliance de circonstance de l’oligarchie politicienne. Car la Droiche repose sur une idéologie cohérente : le libéralisme libertaire. La Droiche rassemble ceux qui sont libéraux en économie et laxistes (libertaires) au plan des mœurs.
Cette posture résulte d’abord du grand recentrage effectué au cours des années 1990 : la gauche a alors rallié le libéralisme et abandonné toute volonté de sortir du capitalisme. La droite pour sa part a adopté l’égalitarisme et le cosmopolitisme de la gauche, car elle n’a pas su conduire la lutte des idées ; elle s’est donc ralliée à l’idéologie alors dominante chez les intellectuels : l’idéologie libertaire issue de la révolution culturelle de mai 1968.
Une idéologie cohérente
L’idéologie de la Droiche est surtout très cohérente : car le libéralisme est un individualisme radical qui vise à la destruction de toutes les normes et institutions censées brider le libre-arbitre, la raison et l’optimisation du calcul marchand. Le capitalisme s’est donc empressé de récupérer la révolution des mœurs à son profit, en organisant le grand marché mondial du désir compulsif.
C’est pourquoi il est incohérent et trompeur de se prétendre libéral « en économie » et conservateur au plan des mœurs, comme voudraient le faire croire Les Républicains. Ou de se prétendre libéral et « national » à la fois, puisque le libéralisme milite toujours pour la déconstruction des frontières et des nations, et qu’il prétend substituer le « doux commerce » (1) à la régulation politique.
L’assassin habite au 21
Les cinéphiles se souviendront sans doute du vieux film d’Henri-Georges Clouzot L’Assassin habite au 21, tiré du roman de Stanislas-André Steeman. Dans ce film, un inspecteur de police (joué par Pierre Fresnay) enquête dans une pension de famille soupçonnée d’accueillir un tueur en série. Mais il finit par découvrir, à ses risques et périls, que tous les pensionnaires, qui paraissaient se dénoncer mutuellement, sont en réalité des complices qui se partagent les gains des crimes.
Les composantes de la Droiche font de même. L’alternance politique n’est un vote sanction qu’en apparence : car elle permet de partager les gains du pouvoir entre la gauche et la droite tous les 5 ans – sans que les « ruptures » ou les « changements », toujours promis, changent quoi que ce soit sur le fond.
Car les composantes de la Droiche sont d’accord sur l’essentiel : les transferts de souveraineté au profit de l’Union européenne et l’euro (2) ; l’indépendance des banques centrales (3), la libéralisation de l’économie (4), l’atlantisme (5) ; l’immigration de peuplement (6) ; l’islamisation (7) ; l’écologisme mondialiste (8) ; les droits de l’homme et aussi « l’antiracisme » (9).
Toute la Droiche communie dans ces prétendues « valeurs » qui constituent l’idéologie du Système, une idéologie carcérale car il est interdit d’en sortir sous peine « d’extrémisme ».
La Droiche complice
Si la gauche et la droite font mine de s’opposer à chaque consultation électorale, il ne s’agit que d’une gesticulation du régime des partis, pour donner le change auprès de leurs électeurs respectifs. Car gauche et droite sont non seulement d’accord sur l’essentiel, mais sont au surplus complices pour se partager le pouvoir.
Ainsi si N. Sarkozy a prétendu affirmer la ligne « ni FN ni PS » lors des dernières élections régionales, il n’empêche que Les Républicains ont profité du « désistement républicain » pratiqué unilatéralement par le PS, notamment en PACA. Et Cl. Bartolone a su prononcer la petite phrase qu’il fallait pour aider V. Pécresse à passer au second tour pour le candidat de la « race blanche » en Ile-de-France et capter des voix frontistes. Laquelle V. Pécresse, à l’annonce de sa victoire, s’est empressée de se faire photographier, entourée de personnes de couleur.
La Droiche ne trompe que les gogos !
La Droiche n’a qu’un ennemi
Les partis de la Droiche n’ont en réalité qu’un seul adversaire – certains n’hésitent d’ailleurs pas à employer le mot ennemi – politique : le Front national, contre lequel ils finissent toujours par s’unir (10) officieusement ou officiellement, et contre lequel tous les coups sont permis : insultes, propagande médiatique outrancière, espionnage politique, coups tordus en tous genres. Au nom des « valeurs de la République », bien sûr.
Parce qu’aujourd’hui seul le Front national incarne, à tort ou à raison, une autre politique que celle de la Droiche. Parce que le Front national est devenu, à tort ou à raison, le seul parti politique qui relaye le cri de douleur de tous ceux qui ne supportent plus « le suicide français » (11), c’est-à-dire la déconstruction de la souveraineté et de l’identité de la France.
Tous contre le FN ! Au moins les choses sont claires désormais.
La France à l’heure du parti unique
Depuis le 13 décembre, la France vit sous le régime des partis unifiés : la Droiche, qui cumule en outre tous les pouvoirs depuis 50 ans : pouvoir médiatique, pouvoir politique, pouvoir bureaucratique, pouvoir syndical et pouvoir économique. Comme dans n’importe quel régime totalitaire.
Mais si la Droiche dispose de tous les pouvoirs, elle ne réussit jamais rien : le chômage et la désindustrialisation progressent, la délinquance et le terrorisme prospèrent, les services publics se paupérisent, l’islamisation avance, le Grand Remplacement des Français s’accélère.
Qu’importe ! Si la Droiche gouverne mal, elle se défend très bien et cela seul compte.
Malgré une impopularité abyssale et des échecs répétés, elle réussit une nouvelle fois à conserver son pouvoir, car elle s’est liguée contre le peuple français : du Nouvel Obs au Medef, en passant par le CRIF, tous contre le FN ! Un remake du scénario de 2002 en quelque sorte.
Contre le régime des partis
L’histoire de France – que la Droiche a décidé aussi de ne plus enseigner (12) – doit nous donner à réfléchir : le régime des partis dispose d’une extraordinaire capacité de « résilience » (comme on dit aujourd’hui) à l’impopularité. Car il ne recule devant rien pour conserver son pouvoir.
La Troisième République a ainsi fait la guerre au parti catholique, au nom de la laïcité, pour asseoir son emprise ; la loi de 1936 sur les ligues lui a aussi permis de briser la dynamique de l’opposition nationaliste. La Quatrième République a pour sa part modifié in extremis le régime électoral pour contrer la poussée poujadiste.
Seul un choc externe a réussi à ébranler le régime des partis et non pas le vote des électeurs.
Ce fut la défaite de la France en 1940 pour la Troisième. Ce fut la guerre d’Algérie et la menace d’une sédition militaire pour la Quatrième en 1958. Sinon ces régimes auraient continué comme si de rien n’était, quitte à épuiser la France et à museler les Français.
Le régime des partis finit toujours par des catastrophes car seules les catastrophes peuvent y mettre fin. C’est bien pourquoi De Gaulle avait tenté, sans grand succès finalement, de sortir de ce Système.
Nous sommes aujourd’hui exactement dans la même situation. Avec cette différence que la Droiche dispose au surplus, avec les médias, d’un pouvoir d’ahurissement de l’opinion sans précédent dans l’histoire – et que le Grand Remplacement se charge de marginaliser les patriotes.
Vous avez aimé 2015 ? Vous adorerez 2017 !
Michel Geoffroy, 15/12/2015
Notes :
- La « mondialisation heureuse » d’A. Minc et D. Strauss-Kahn.
- N. Sarkozy a fait adopter le Traité de Lisbonne et F. Hollande a ratifié le dispositif de contrôle des budgets nationaux par la Commission européenne (traité TSCG).
- La première affirmation de ce principe remonte à la loi de 1973, votée sous la présidence Pompidou.
- C’est E. Macron, ministre « socialiste », qui veut s’attaquer aux rigidités du Code du travail.
- C’est N. Sarkozy qui a fait réintégrer la France dans l’OTAN.
- Le regroupement familial, voulu par le patronat, a été adopté sous Giscard d’Estaing ; N.Sarkozy préconisait la société métissée ; M. Valls préconise la « politique de peuplement ».
- Baptisée « islam à la française » ou « laïcité positive » sous Sarkozy et « vivre-ensemble » sous Hollande.
- Chirac à la conférence de Durban et Hollande à la COP 21.
- Les législations liberticides censées lutter contre « les discriminations » n’ont cessé de se renforcer depuis la loi Pleven de 1972 et la droite ne les a jamais remises en cause malgré ses promesses.
- M. Valls avait préconisé que le PS et Les Républicains fassent liste commune aux régionales pour mieux contrer le Front national.
- Par référence au livre d’E. Zemmour, même si le mot assassinat serait sans doute plus exact.
- La droite n’est jamais revenue sur les réformes pédagogiques de la gauche.