Le chef des élus FN au conseil régional Nord-Pas-de-Calais-Picardie a prononcé jeudi soir en séance une violente charge contre le président Xavier Bertrand (LR) à propos de la gestion du dossier des migrants, la majorité répliquant en entonnant la Marseillaise, a-t-on appris de sources concordantes.
Philippe Eymery, président du groupe FN, a défendu peu avant 22H00 un "voeu" réclamant "le démantèlement des camps de migrants de Calais (Pas-de-Calais) et Grande-Synthe (Nord) et l'expulsion systématique de toute personne présente illégalement sur le territoire national", en raison des "effets dévastateurs de l'immigration clandestine".
Pendant près de 12 minutes, celui auquel Marine Le Pen, battue par M. Bertrand (LR) en décembre 2015, a confié la direction du groupe FN, a prononcé une diatribe - qu'il a postée sur Twitter - contre la majorité Les Républicains-UDI, confondue avec la gauche dans "l'UMPS". Il s'est insurgé contre les "insultes, menaces, intimidations en tout genre" prononcées selon lui par M. Bertrand contre le FN.
Dénonçant "des camps livrés aux mafias, aux trafics en tout genre, aux viols", il a lancé à M. Bertrand: "vous êtes co-responsables de cette situation (...) Un jour, l'Histoire vous jugera". Comparant le président François Hollande à un "roi fainéant", Philippe Eymery a encore affirmé au président de la région: "François Hollande vous a mis là où vous êtes aujourd'hui (...) Il tient la corde dont vous êtes le pendu".
Indignés par ces propos, les élus LR-UDI entraînés par Gérald Darmanin, vice-président et bras droit de Xavier Bertrand, ont entonné la Marseillaise, selon un témoin.
C'est la maire de Calais Natacha Bouchart (LR), autre vice-présidente, qui a répondu au FN par une déclaration dont "la grande dignité" a été saluée par ses colistiers sur Twitter.
"L'extrême droite a montré une nouvelle fois son vrai visage", a déclaré M. Bertrand en concluant la séance.
Pendant cette session d'une journée, les élus FN, utilisant les ressources du règlement intérieur, ont réclamé à moult reprises des suspensions de séance.
En déplacement à Milan, Marine Le Pen, qui avait mené la campagne des élections dans la région en décembre, n'a pas participé à cette première session de l'assemblée régionale.
Dans cette enceinte, la droite détient 116 sièges et le FN 54. S'étant retirée entre les deux tours du scrutin de décembre, la gauche est absente du conseil régional.