Migrants, polygamie, affaire Barbarin... Ce jeudi, la présidente du Front national est sortie de son silence médiatique au micro de RTL.
Marine Le Pen s'était faite très discrète dans les médias depuis janvier dernier. Ce jeudi, elle est sortie de son silence en accordant une interview à la matinale de RTL. Après avoir été interrogée par Olivier Mazerolle de 7 h 45 à 8 heures sur RTL, la présidente du Front national a répondu aux questions d'Yves Calvi et des auditeurs de 8 h 15 à 8 h 30.
Affaire Barbarin : « aucune complaisance »
En plein coeur d'un scandale pédophile qui ébranle l'Église catholique française, Marine Le Pen a estimé nécessaire de « faire toute la lumière sur cette affaire qui est absolument épouvantable ». La présidente du FN a ensuite ajouté : « Dans bien d'autres endroits sévissent des pédophiles, manifestement dans une forme d'impunité. Il y a quelques semaines, c'était un professeur qui avait déjà été condamné pour pédophilie en Grande-Bretagne et qui, pourtant, a été embauché et mis en contact avec des élèves. Je suis extrêmement sévère et je n'ai aucune complaisance. Je pense que la justice doit être impitoyable avec ce type d'acte. »
Changement de nom du FN
Marine Le Pen n'a pas exclu un changement de nom du Front national, affirmant qu'elle n'y est « pas a priori défavorable », mais a refusé que ce soit uniquement « une opération publicitaire ou cosmétique ». « C'est vrai que, dans les adhérents du Front national, il y a un débat, il y a ceux qui sont attachés au nom, il y a ceux qui souhaitent en changer », a reconnu la présidente du FN, interrogée par un auditeur sur l'opportunité d'un changement de nom. « Je n'y suis pas a priori défavorable, je veux juste que ça corresponde à une réalité et pas uniquement à une opération publicitaire ou cosmétique », a-t-elle souligné. « Je pense que le Front national a vocation à être un pôle de rassemblement, à vocation majoritaire, que demain il va être rejoint dans le cadre de la politique d'ouverture qu'il met en oeuvre depuis un certain nombre d'années et que je porte, et le jour où véritablement ce rassemblement se fera, eh bien peut-être faudra-t-il envisager ce changement de nom pour qu'à cette nouvelle structure corresponde un nouveau nom », a-t-elle développé.
Hauts-de-France
La présidente du parti frontiste a par ailleurs déploré le changement de nom de la région dans laquelle elle était candidate aux dernières élections régionales : « C'est une indication qui n'est même pas géographique parce qu'à ce moment-là il fallait mettre Nord de France », a-t-elle déclaré. « Je pleure la disparition des Picards, parce que, du coup, les Picards disparaissent, nous sommes rayés de la carte. Tout ça est absolument injuste. Pour se soumettre à une forme de modernité, on déracine les Français qui n'ont vraiment pas besoin de ça en ce moment. Donc Picardie Nord Pas-de-Calais, croyez-moi, c'était bien plus appréciable. Après tout, quand il n'est pas utile de changer, il est utile de ne pas changer. »
Retour à une souveraineté monétaire
Interrogée sur la position du Front national sur la monnaie unique, Marine Le Pen s'est exprimée en faveur d'un référendum : « Je n'aime pas cette expression retour au franc parce qu'on a l'impression qu'on va revenir au franc avec toutes les divisions (…), ce n'est pas du tout ça, c'est le retour à une souveraineté monétaire : nous voulons avoir notre monnaie. Moi, ce que je vois, c'est que la Grande-Bretagne est en train de mettre en œuvre ce que j'ai proposé en 2011, à savoir la mise en œuvre d'une négociation avec l'Union européenne sur des points qui sont essentiels à la maîtrise de notre économie et au retour de la croissance et, à l'issue de ces négociations, un référendum. » Avant d'ajouter : « Je pense qu'il est utile d'avoir une monnaie nationale (…) pour récupérer une très grande compétitivité avec l'Allemagne. (…) Deuxièmement, ce sera un instrument pour financer les PME et les TPE. Troisièmement, ça permet de faire l'équivalent du quantitative easing (la création de monétaire) pour l'économie réelle en France (…), ça permet d'éviter le danger de la déflation. »
Angela Merkel et les migrants
Marine Le Pen a critiqué jeudi la politique européenne en matière migratoire et le rôle dominant joué par Angela Merkel, qu'elle a qualifiée de « catastrophe pour l'Union européenne », et a dénoncé un « chantage » de la Turquie à l'égard de l'UE. « Nous nous sommes tellement affaiblis en réduisant nos frontières que nous nous sommes soumis en réalité au chantage de la Turquie », a déclaré Marine Le Pen au sujet de l'accord migratoire conclu entre la Turquie et l'UE. Au sujet de la montée du parti populiste allemand AfD et du souhait de ce parti d'un retour au mark, la présidente du FN a affirmé ne pas être « choquée de voir les Allemands défendre les intérêts allemands ». « Là où je suis choquée, c'est quand les gouvernements français défendent les intérêts allemands et ne défendent pas les intérêts français », a-t-elle poursuivi.
Marine Le Pen a enfoncé le clou contre la chancelière allemande, qu'elle a qualifiée de « véritable catastrophe pour l'Union européenne ». « L'Allemagne fait n'importe quoi », tacle-t-elle. « Elle a fait n'importe quoi en matière économique, elle a fait n'importe quoi en matière d'immigration. Et Nicolas Sarkozy et François Hollande suivent aveuglément Angela Merkel. (...) L'intérêt de l'Allemagne, c'est d'avoir un euro fort. Ce n'est pas l'intérêt de la France. Aujourd'hui, c'est le chaos. Aujourd'hui, c'est la guerre. Aujourd'hui, c'est le conflit entre les nations. Aujourd'hui, les nations s'insultent. Je crois que ceux qui nous ont vendu l'Europe c'est la paix se sont lourdement trompés. L'Union européenne aujourd'hui, c'est la guerre économique, c'est la guerre des postures. »
Polygamie et mariage pour tous
La présidente du Front national Marine Le Pen a pris implicitement jeudi ses distances avec sa nièce Marion Maréchal-Le Pen qui a dit craindre que la reconnaissance du mariage homosexuel ouvre la voie à la polygamie, affirmant qu'« on est très, très loin » en France de « la reconnaissance de la polygamie ». « Vous mettez sur le même plan une analyse politique et une analyse juridique », a indiqué la présidente du FN. « Juridiquement, l'ouverture du mariage aux homosexuels permet d'envisager que d'autres revendications puissent s'exprimer. Politiquement, je pense que nous en sommes extrêmement éloignés, parce que les Français, évidemment, à mon avis, à 99 % seraient tout à fait opposés à envisager, ne serait-ce qu'une seconde, que la polygamie soit autorisée dans notre pays, même si, en réalité, elle l'est déjà un peu puisque les services sociaux la prennent en compte. Puisque, dans les HLM, on accorde sur le même palier des appartements mitoyens pour permettre aux familles polygames de vivre en toute sérénité ensemble. Sujets qui ne font jamais, hélas, la une de la presse, car ça, ce sont de véritables scandales. »