En ces heures sombres où le révisionnisme historique des peuples albo-européens fait rage, le dernier livre en date de Jean-Paul Demoule étant un bon exemple (1), il devient nécessaire de se tourner vers notre plus longue mémoire pour nous la réapproprier et surtout la transmettre à nos enfants. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous ainsi ? Ces questions, Hans F.R. Günther, les aborde dans un synthétique ouvrage qui se focalise sur les Indo-Européens.
Hans F.R. Günther est l’un de ces hommes que l’histoire selon les vainqueurs a voué aux gémonies. Comme le fait remarquer Robert Steuckers, traducteur, auteur de la préface et des deux annexes du présent ouvrage, ce philologue « jouit d’une réputation détestable, celle d’être “ l’anthropologue officiel ” du Troisième Reich d’Hitler », rien que ça ! Certes Günther suscita l’intérêt de plusieurs dignitaires nationaux-socialistes par la qualité de ses livres de raciologie, surtout ceux dont le sujet était la race nordique. Mais l’homme, comme il l’écrira à la fin de sa vie (2), était tout sauf un fanatique du nazisme, lui qui voyait d’un mauvais œil ces grands mouvements de masse, sans parler de sa méfiance vis-à-vis du régime hitlérien. Günther suscita également l’intérêt de l’auteur italien Julius Evola – une présentation de ce dernier est d’ailleurs inclue dans cet ouvrage, traduit de l’italien par Philippe Baillet – qui évoquait le travail de Günther dans son livre Le Mythe du sang (3) et l’influença très certainement lors de la rédaction de l’excellentSynthèse de doctrine de la race (4).
Pour commencer, qu’entend Günther par « religiosité européenne » ? « Ce que je définis en tant que religiosité indo-européenne, c’est toujours cette religiosité propre aux époques de l’histoire des peuples indo-européens, où l’âme de la race nordique pouvait s’exprimer dans toute sa force ». Son « but est donc de saisir la religiosité indo-européenne dans son moment le plus dense et le plus pur. Un tel moment peut se retrouver, par exemple, dans la poésie hellénique d’Homère à Pindare et Eschyle ». L’élément indo-européen ne se borne pas uniquement à l’Europe : sa présence est attesté en Inde et en ancienne Perse. « Ainsi, la mystique des Perses devenus musulmans, nommée “ soufisme ”, constitue un retour de la religiosité indo-européenne dans le cadre d’une religion au départ étrangère et imposée de force ». René Guénon ne contredirait sans doute pas cette dernière affirmation… Mais, de toute évidence, Günther, en bon Allemand de son époque, n’a d’yeux que pour la partie nordique. C’est en quelque sorte son moyen de discriminer les éléments inférieurs, c’est-à-dire indo-européens, des éléments qui leur sont supérieurs. « Je ne considérerai pas comme indo-européenne n’importe quelle représentation religieuse découverte parmi l’un ou l’autre peuple de souche indo-européenne car ces peuple, précisément, étaient divisés en strates raciales, de telle façon que seuls les éléments dominants appartenaient principalement à l’humanité nordique. » Il ajoute que « souvent, il est question, chez un même peuple, d’une “ mythologie inférieure ” opposée à une “ mythologie supérieure ”. En règle générale, cette “ mythologie inférieure ” n’a aucune relation avec la “ mythologie supérieure ”. […] La religiosité indo-européenne doit être exclusivement recherchée dans les pratiques culturelles et les croyances des aristocraties paysannes, gérées selon le droit patriarcal, constitués de sujets de race nordique dominant une population non nordique ». Ce concept d’aristocratie paysanne sera longuement développé par l’un des lecteurs de Günther, à savoir Walther Darré du mouvement Blut und Boden, dans son livre La Race (5). Néanmoins, l’auteur n’opère pas à une analyse matérialiste et naturaliste, mais à une analyse métaphysique au sens de la Tradition Primordiale. C’est donc bel et bien la « race de l’âme » et la « race de l’esprit » – conceptualisé par Julius Evola – qui sont passées au crible.
Hans F.R. Günther base principalement son exposé sur l’opposition de la religiosité indo-européenne et celle des monothéismes abrahamiques, le peuple des forêts contre le peuple des déserts en quelque sorte. La crainte du divin, le rapport créateur/créatures, le pêché, la rédemption ou encore le fatalisme sont autant exemples ontologiquement étrangers à la religiosité indo-européenne.
On l’aura bien compris, il n’est pas ici question de race au sens strictement biologique du terme mais d’une tentative de définition de la race « intérieure » des Indo-Européens. Cette ébauche n’est sans doute pas parfaite – Günther le sait bien – mais elle a néanmoins le mérite d’aborder les choses sous un angle singulier pour l’époque. C’est aussi cette sensation de socle commun aux peuples européens qui se dégagent de l’analyse de Hans Günther et qui fit défaut à l’Allemagne hitlérienne. Depuis, beaucoup ont mis en évidence ce socle commun – d’Europe Action à l’Institut Iliade – dans le but à la fois de dépasser les nationalismes étriqués, hérités du XIXe siècle, et aussi de savoir qui nous sommes vraiment. Voilà les conditions sine qua non à un réveil des consciences endormies et à l’érection d’une véritable « Europe cuirassée », autant dans les cœurs qu’aux remparts de notre grande cité.
Thierry Durolle
Notes
1 : Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Aux origines du mythe de l’Occident, Le Seuil, 2014.
2 : Hans Günther, Mon témoignage sur Adolf Hitler, Pardès, 1990.
3 : Julius Evola, Le Mythe du sang, Éditions de L’Homme libre, 1999.
4 : Julius Evola, Synthèse de doctrine de la race, Éditions de L’Homme Libre, 2002.
5 : Walther Darré, La Race. Nouvelle noblesse du sang et du sol, Nouvelles Éditions latines, coll. « Histoire – Étude », 1939.
• Hans Günther, Religiosité indo-européenne, Les Éditions du Lore, 2013, 124 p., 16,90 €.