Selon RTL, alors que « le vote FN ne cesse de progresser au sein de l’électorat catholique (32% aux dernières régionales) », le journal La Croix entend diffuser prochainement auprès de ses 74 000 abonnés un petit opuscule afin de les dissuader de voter Marine et FN en 2017. De manière plus jésuitique diraient certains, Guillaume Goubert, patron du quotidien catholique, ne formule pas les choses aussi frontalement, mais le but visé est le même: « Il n’est pas question de partir en croisade contre le FN », « mais ces scores créent pour nous l’obligation de donner de la matière à nos lecteurs pour réfléchir avant l’élection. » Le rédacteur en chef de la revue, Jean Merckaert, rapporte encore RTL, a apparemment du mal (?) à appréhender le monde dans lequel vivent les catholiques se revendiquant comme tels: « On ne comprend pas nous-mêmes pourquoi le phénomène touche aujourd’hui autant de chrétiens. Alors, on a cherché à comprendre plutôt que de dénoncer ».
Ce ce qui est en tout cas certain affirme Bruno Gollnisch c’est que le FN , avec toutes les imperfections qui sont celles de toute entreprise humaine, est de très loin le seul mouvement politique de tout premier plan dont le programme, même si il peut apparaître trop timide et timoré à certains catholiques sur ces questions, défend résolument une politique d’accueil de la vie, la loi naturelle, la famille, et de manière générale les valeurs helléno-chrétiennes. A contrario, il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas le voir, les projets et surtout le bilan du PS et de la droite au pouvoir sont (également) dans ces domaines très condamnables. La Croix compte-t-il le rappeler et en informer ses lecteurs plus avant ?
Paris-Match nous affirme aujourd’hui que Nicolas Dupont-Aignan, à la tête de son petit parti souverainiste Debout la France, lui aussi ne comprend pas, si ce n’est la montée du FN, du moins qu’il puisse être assimilé ou défini comme une sorte de « FN light ». Il dit par ailleurs en avoir marre d’être dragué par le Front National. Au vu de son programme qui, quoi qu’il en dise, est assez largement un copier-coller de celui du Front National, et au regard de la gravité des périls qui pèsent sur la France, et que M. Dupont-Aignan analyse souvent de manière très lucide, un soutien (ne parlons pas de ralliement) au candidat patriote le mieux placé, susceptible de l’emporter, serait un geste patriotique très légitime. Cela n’en prend pas le chemin. M. Dupont-Aignan explique que lui défend une « rupture raisonnable, » ne veut pas « casser la vaisselle »… comprendre par là que le FN veut déchaîner le chaos ? Marine a fait justice dernièrement sur les plateaux de cette accusation grotesque. Faire peur… voila tout ce qui reste à nos adversaires…
M. Dupont-Aignan en revanche avait aussi prévenu comme nous l’avons fait que la primaire à droite serait sanglante. Elle l’est et la sortie du livre « La cause du peuple » ‘(sic) de Patrick Buisson, un ex conseiller de Nicolas Sarkozy qui témoigne de l’intérieur, n’arrange pas son image. Les deux hommes sont fâchés depuis les révélations sur les enregistrements de conversations privés de M. Sarkozy par M. Buisson, à l’insu de celui-ci.
Homme très cultivé, intelligent, issu d’une famille maurrassienne, pro Algérie Française, Patrick Buisson, milita dans sa jeunesse à la FNEF , syndicat étudiant anti-gauchiste, et étudiait à la faculté de Nanterre en 1968 comme Bruno Gollnisch qui se souvient : « Nous faisions partis d’un groupe qui assistait avec désolation au saccage des universités françaises ce qui forcément créé un lien quand vous êtes menacés physiquement par les militants d’extrême gauche, que l’on vous empêche de passer vos examens… » Directeur de Minute en 1986, Patrick Buisson y travailla en compagnie des regrettés François Brigneau, Emmanuel Ratier, mais aussi de son ami Alain Renault (Secrétaire général du FN jusqu’en 1980, avant de rejoindre quelques années plus tardPhilippe de Villiers). Il fut aussi le maître d’œuvre au milieu des années 80 du « L’album Le Pen » ouvrage retraçant la vie du président du FN.
Dans se recension du livre consacré en 2014 par Ariane Chemin et Vanessa Schneider à M. Buisson, « Le Mauvais Génie », Le Monde rapportait qu’il fut « l’un des conseillers les plus influents de la Ve République. De 2006 à2012, Patrick Buisson a travaillé main dans la main avec Nicolas Sarkozy, pour la campagne de 2007 d’abord, sans que personne alors ne le sache, puis durant tout le quinquennat ». Cet « ancien prof d’histoire » - qui a aussi noué des relations amicales avec Jean-Luc Mélenchon est-il indiqué –, « a bénéficié d’une mansuétude fascinante au sein de la Sarkozie. Patrick Buisson ne s’est pas contenté d’insuffler ses thèses identitaires au président de la République, il a irrigué toute la droite, fabriquant de nombreux bébés Buisson . «
Thèses identitaires, irrigation que les Français n’ont pas vraiment vu à l’œuvre lors du quinquennat Sarkozy qui battit notamment des records en matière d’immigration de peuplement et de soumission à Bruxelles et à l’Otan.
M. Sarkozy ne tarissait pas d’éloges sur M. Buisson est-il rapporté par Ariane Chemin et Vanessa Schneider : « Il est mon homme, ma boussole, mon hémisphère droit, dit-il. Un génie, plaide-t-il devant Roselyne Bachelot. Un homme unique »,lâche-t-il à Bruno Le Maire. (…). M. Sarkozy le récompensera de ses bons et loyaux services en lui donnant, via Martin Bouygues, la direction de (l’excellente) chaîne Histoire.
Désormais, l’ex conseiller explique son exécution par le fait que « Sarkozy sait que la présence de Marine Le Pen au second tour de la prochaine présidentielle est acquise, on jette donc la ligne Buisson aux poubelles de l’histoire. Mon utilité devient nulle. »
En attendant, il balance sec en rapportant les propos de l’ex chef de l’Etat qui peuvent le gêner (?) auprès des militants et sympathisants LR qui voteront aux primaires de la droite. Ainsi en 2006, M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur a ne serait pas intervenu sciemment lors des émeutes anti-CPE pour déstabiliser le Premier ministre Dominique de Villepin : « Nous avions pris la décision de laisser les bandes de blacks et de beurs agresser les jeunes Blancs aux Invalides tout en informant les photographes de Paris Match «, écrit l’ancien conseiller. « L’émotion fut en effet à son comble après la publication des photos […] dont l’opinion ne retiendrait qu’une chose : des hordes sauvages étaient entrées dans Paris. »
Nicolas Sarkozy aurait aussi déclaré : » Les valeurs du Front National sont celles de tous les Français ; c’est la manière dont le FN les exprime qui est choquante. Les Français n’aiment pas les plats trop pimentés qui emportent la gueule »; « Bien sûr que nous avons des valeurs communes avec le FN ». Un avis partagé en tout cas par la très grande majorité de la base de son parti.
M. Buisson rapporte pareillement les jugements de M Sarkozy sur ses « amis » politiques. Jacques Chirac ? « Le plus détestable de tous les présidents de la Ve République. Je n’ai jamais vu un type aussi corrompu ». Un jour, il a voulu me faire signer un contrat avec l’Arabie saoudite. Je me demande encore comment il a osé me mettre ça sous le nez. Il en a tant fait qu’il était fatal que ça lui pète à la gueule. J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi méchant et avide. »
François Fillon ? Un « pauvre type, minable… » François Baroin aujourd’hui présenté comme Premier ministre en cas de victoire en 2017 ? « Je l’ai acheté à la baisse. Trop cher, je te le concède, pour un second rôle. » Xavier Bertrand ? « C’est un méchant. Dix ans à essayer de placer des assurances en Picardie, dix ans à taper aux portes et à se prendre des râteaux, ça a de quoi vous rendre méchant pour le restant de vos jours. C’est d’ailleurs pour ça que je l’avais choisi. » Christian Estrosi ? « Une noisette dans la tête ».
Autant de révélations et de commentaires qui a priori ne devraient pas faire de peine à Alain Juppé.