Georges Feltin-Tracol
Pourquoi les États-Unis n’ont-ils jamais connu de coup d’État ? Parce qu’il n’y a pas d’ambassade étatsunienne à Washington ! Cette boutade très répandue en Amérique latine témoigne avec humour de l’emprise des États-Unis sur l’ensemble de l’hémisphère occidental depuis la proclamation en 1823 du président James Monroe. Relancée à la fin du XIXe siècle avec la conquête des îles Hawaï et poursuivie par la politique du « gros bâton » chère au 24e président, Theodore Roosevelt, cette domination s’accroît au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec une succession de putschs et de révoltes militaires fomentés par la CIA, cette puissante organisation terroriste légale. L’un des plus récents remonte au 28 juin 2009 avec l’éviction du président légitime du Honduras Manuel Zelaya, coupable de se rapprocher du projet bolivarien panaméricain du Commandante Hugo Chavez.
Depuis quelques semaines, l’Establishment yankee se dit bouleversé par les cyberattaques contre le Parti démocrate durant la dernière campagne présidentielle. Les 17 (!) agences de renseignement US, dont la CIA toujours constituée de faucons vraiment très néo-cons, les attribuent sans trop de preuves formelles à la Russie. Médiacrates et élus du Congrès s’offusquent d’une ingérence pareille envers un État si sourcilleux de sa souveraineté.
Leur indignation fait plaisir à voir et révèle toute l’hypocrisie de cette lamentable caste qui entend par ailleurs imposer au monde entier par des sanctions, l’embargo économique et des bombardements, son droit élastique, ses normes idiotes et sa démocratie de pacotille vérolée par le fric. La France de Chirac, de Sarközy et de Hollande n’a jamais réagi aux manœuvres subversives de l’ambassade des États-Unis à Paris qui investit dans les banlieues hexagonales de l’immigration, recrute le pire des futurs politicards dans le cadre de la French-American Foundation et s’affiche régulièrement avec certains politiciens en exercice tels le centriste Hervé Morin, un véritable habitué du lieu.
Le Système étatsunien et ses prébendiers locaux commencent néanmoins à comprendre que leur hégémonie s’estompe au profit d’un monde plus multipolaire et mieux équilibré. Les États-Unis ne sont plus cette forteresse inexpugnable protégée par deux vastes océans. Leur création la plus novatrice du XXe siècle – Internet – devient presque leur talon d’Achille, car le réseau numérique planétaire diffuse enfin auprès d’une population désinformée des vérités jusque-là bien occultées. Oncle Sam rentre dans le rang !
Certes, des observateurs venus de Chine, du Bélarus, de Corée du Nord, d’Iran, du Venezuela, d’Érythrée, de Russie et de Cuba ne superviseront pas encore les élections de mi-mandat en novembre 2018 et encore moins la présidentielle de 2020. Un sévère coup vient toutefois d’être porté à l’hyper-classe ploutocratique étatsunienne. Il faut s’en réjouir.
Chers Amis, joyeux Noël, très bon solstice d’hiver et à l’année prochaine pour de nouvelles chroniques hebdomadaires du Village planétaire, toujours sur Radio-Libertés !
Bonjour chez vous !
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 15, diffusée sur Radio-Libertés, le 23 décembre 2016.