C’est Le Monde de ce soir qui l’affirme sur toute la largeur de sa une : à cet instant de la campagne présidentielle, Marine Le Pen est « plus forte que jamais ». Dans ce numéro daté du vendredi 17 février, Le Monde se base sur la nouvelle vague de l’enquête électorale du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), réalisée par Ipsos-Sopra Steria du 7 au 12 février auprès d’un panel représentatif de 15 874 personnes. Il « témoigne des mouvements importants qui ont bousculé, depuis un mois, le paysage de la campagne présidentielle », en raison de l’« affaire Fillon » et de la désignation de Benoît Hamon comme candidat du Parti socialiste.
Cette enquête révèle tout d’abord, écrit Gérard Courtois, que « les électeurs expriment une indétermination très inhabituelle à dix semaines du premier tour.A pareille époque, en 2012, 76 % se disaient certains d’aller voter ; ils ne sont aujourd’hui que 69 %, soit environ 3 millions de moins ». Elle montre aussi que « le candidat de la droite paie au prix fort l’affaire lancinante des emplois présumés fictifs de son épouse et de ses enfants ».
Or, dans cette campagne inédite « qui tarde à s’engager sur le fond des projets, laisse les Français beaucoup plus perplexes, troublés et hésitants que lors des précédentes campagnes […], ce sont les électeurs de Marine Le Pen qui semblent les plus déterminés ».
« La candidate du Front national, poursuit-il, consolide patiemment sa situation et paraît plus que jamais assurée de se qualifier pour le second tour. Certes, avec 26 % des intentions de vote, elle n’a pas progressé depuis un mois. Mais elle fait désormais nettement la course en tête et peut compter sur un électorat remarquablement fidèle et déterminé : 74 % des électeurs qui se prononcent en sa faveur assurent que leur choix est définitif, soit un taux bien supérieur à celui des autres candidats (Fillon 61 %, Mélenchon 53 %, Hamon 39 % et Macron 33 %). Si Mme Le Pen apparaît toujours comme la candidate qui « inquiète » le plus, elle est aussi celle qui, aux yeux des Français, « veut vraiment changer les choses ». »