Jean-Claude Empereur. Haut fonctionnaire honoraire. Cofondateur de la Convention pour l’Indépendance de l’Europe
♦ Encerclement et Contre-encerclement du Monde au XXe siècle
♦ Les récents événements politiques, tant aux Etats-Unis qu’en Europe : élection de Donald Trump, Brexit, montée des mouvements antisystèmes sur le Vieux continent marquent la fin d’un monde. On ne peut s’empêcher de penser à Gramsci : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».
Parmi ces événements, sans doute le plus important est l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. La violence des attaques qui le visent provenant de l’establishment médiatique et politique, de la communauté du renseignement, comme du « deep state », traduit l’inquiétude des milieux qui ont fait d’une conception idéologique et hégémonique de la mondialisation l’alpha et l’oméga de leur philosophie politique.
L’élection de Donald Trump est le reflet de la sourde révolte des « quiet people » ces « électeurs cachés », ces Américains oubliés dont le président Obama lui-même a reconnu qu’il les avait « négligés », de tous ceux qui « n’en pouvaient plus », devant l’impuissance de nos gouvernants, face à une crise américaine, à l’origine immobilière et financière devenue au fil des ans sociale, économique, politique et enfin géopolitique.
Ce que nos médias ont qualifié de séisme politique n’est autre que la traduction, dans la politique intérieure des Etats-Unis, de cette dimension géopolitique de la crise qui a conduit une partie des électeurs américains à voter pour celui qui leur a promis de mettre fin aux conséquences d’une mondialisation ravageuse pour leurs emplois et leur genre de vie.
Au cœur de cette perception : le rôle grandissant de la Chine et de l’expansion illimitée, conquérante et assumée comme telle, de son économie. C’est la raison pour laquelle Donald Trump bénéficie aussi du soutien d’une partie de l’élite dirigeante hostile à la mondialisation effrénée de l’économie américaine. On voit resurgir, ironie du sort, s’agissant de la Chine, l’opposition traditionnelle entre « bourgeoisie nationale » et « bourgeoisie compradore ».