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Le mirage suisse

Georges Feltin-Tracol

Pour bon nombre d’observateurs de sensibilité patriotique, identitaire ou non-conformiste, le voisin suisse fait presque figure d’Arcadie. Leur attirance pour la Confédération helvétique ne repose ni sur son fédéralisme sagement pensé ainsi que sa pratique fréquente de la subsidiarité (deux axes majeurs pour la promotion d’une Alter Europe à rebours de l’Union pseudo-européenne de Bruxelles), ni sur la cœxistence de quatre ensembles linguistiques (germanique, francophone, italien et romanche) qui prouve que la Suisse par ce polyculturalisme enraciné résume elle aussi l’authentique esprit européen.

Non, l’helvétophilie en cours en France ne se rapporte qu’à la votation. Ce terme désigne le référendum d’initiative populaire organisé indifféremment à l’échelle de la commune, du canton et de la Confédération. C’est d’ailleurs cette dernière configuration qui suscite le plus d’admiration. Il faut reconnaître que les votes surprises du 29 novembre 2009 sur l’interdiction des minarets et du 14 février 2012 contre l’immigration de masse n’ont pu que ravir les vrais Européens.

Cependant, ces victoires sans efficacité pratique parce que le gouvernement fédéral bloque la mise en œuvre ne doivent pas masquer de nombreux échecs. Le 12 février dernier, 60,4 % des Suisses approuvèrent la simplification de la procédure de naturalisation des petits-enfants d’immigrés souvent d’origine balkanique, orientale et africaine ! Les médiats du Système fêtèrent ce résultat ! Quelques années auparavant, les Suisses avaient majoritairement rejeté le projet d’abrogation des lois liberticides. Ces deux exemples démontrent que, loin de s’opposer au nouvel ordre cosmopolite, la votation représente parfois un excellent moyen d’asservissement !

Ses introducteurs ignoraient en effet tout de l’impact de ce terrible pouvoir que constitue la sphère médiatique. Ils ne pouvaient pas non plus imaginer que le corps électoral serait au gré des vagues successives de naturalisation plus hétérogène sur le plan ethnique. La démocratie directe convient à l’homme européen à la condition expresse qu’il puisse établir son propre jugement. Dans le tumulte de la vie post-moderniste et l’emprise croissante des réseaux sociaux, ce n’est plus le cas !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 28, diffusée sur Radio-Libertés, le 7 avril 2017.

http://synthesenationale.hautetfort.com/

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