S’afficher comme défenseur de l’Etat-nation au sein même de la citadelle du supranational et du globalisme : Donald Trump – qui d’autre ? – vient de lancer ce défi à la communauté mondiale du haut de la tribune de l’Organisation des nations unies. Il fallait à la fois de l’audace et de la fidélité. Audace, parce qu’une fois de plus le régime républicano-populiste né le 8 novembre dernier se retrouvera mis au ban par l’univers politiquement correct. Fidélité, parce que depuis les combats des primaires de l’hiver 2016, Trump répète ce qu’il a clamé lundi et mardi derniers dans le palais de verre de Manhattan. Discours percutant devant l’assemblée générale de l’ONU. Discours passionnément nationaliste : le slogan America First (l’Amérique d’abord) repris comme un leitmotiv et l’importance soulignée de la souveraineté nationale comme fondement d’une coopération internationale. Du sans précédent dans des travées où s’élaborent en silence les prochaines structures d’un gouvernement mondial.
« La véritable énergie de l’ONU », a martelé Trump, « se trouve dans les Etats-nations quand ceux-ci sont forts, indépendants et libres ». Puis il a enchaîné dans un rare moment voué aux applaudissements :
« Chaque leader a le devoir de penser d’abord à son pays, à son peuple, et l’Etat-nation reste le meilleur cadre pour améliorer la condition humaine. »
Retour aux fondamentaux du trumpisme : remplir ses obligations au sein du forum de Manhattan, mais surtout veiller aux intérêts de l’Amérique et aux besoins des Américains.
Le ton et l’esprit du discours furent 100 % pur Trump avec, pour la formulation, l’assistance de Steve Miller, l’un de ses conseillers. On craignait un effritement du populisme avec le départ en août de Steve Bannon, l’un de ses théoriciens. L’escapade new-yorkaise de Trump prouve que ces craintes n’étaient pas justifiées. D’autant moins que l’ex magnat de l’immobilier a su, comme toujours, montrer les dents : révision probable du traité nucléaire avec l’Iran et « destruction du régime nord-coréen » si Kim poursuit sa mission suicide.
Mais Trump ne s’est pas contenté de rappeler les principes de gouvernement qui sont les siens depuis janvier dernier. Quitte à froisser bon nombre de ses pairs. Quitte à braver les dogmes du nivellement universel. Il a également asséné à l’ONU ses quatre vérités, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé faire.Avec un budget en hausse de 140 % chaque année, l’ONU est scandaleusement dispendieuse. Elle est inefficace et gangrenée par une bureaucratie qui a doublé depuis 2000. Elle étouffe les souverainetés nationales indispensables à la paix et à la prospérité. Enfin, elle encourage l’irresponsabilité dans une phraséologie qui lui tient lieu de conscience.
Bref, Trump l’a souligné : il faut délivrer l’ONU de ses bureaucrates et de son incompétence. Il faut la réformer.
Trump s’est permis de conseiller au secrétaire général, Antonio Guterres, de « se concentrer davantage sur les résultats que sur les procédures » et de faire en sorte que l’institution qu’il dirige ne ressemble plus à « un club fermé où des gens se retrouvent pour discuter et passer du bon temps ». Image cinglante qui fut celle du candidat Trump pendant sa campagne. Elle est restée celle du président, même si celui-ci s’est montré plus conciliant dans ses derniers mots adressés directement à Guterres : « Nous lutterons ensemble […] pour la paix, pour la liberté, pour la justice, pour la famille, pour l’humanité – et pour Dieu tout-puissant qui nous a tous créés. »
Christian Daisug
Article publié par Présent daté du 21 septembre 2017