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Le mouvement dextrogyre à l’épreuve des élections de 2017

6a00d83451619c69e201bb09e1b51d970d-800wi.pngEntretien avec Guillaume Bernard, auteur de La Guerre des droites aura bien lieu. Le mouvement dextrogyre :

Les élections de 2017 ont plus que déçu, c’est un euphémisme, l’électorat de droite, qu’il ait été filloniste ou mariniste. Certains en ont donc conclu que le « mouvement dextrogyre » que vous avez théorisé n’était qu’une vue de l’esprit.

Je maintiens que le mouvement dextrogyre est sous nos yeux. Mais, pour pouvoir prendre position à son sujet, encore faut-il savoir de quoi il s’agit. Il m’est difficile de vous cacher un certain agacement quand j’entends des commentaires venant de la part de ceux qui, à l’évidence, n’ont pas pris la peine de lire mon livre. Il est toujours à leur disposition et continue, d’ailleurs, de se vendre. S’ils font cet effort de lecture, ils pourront constater que, au-delà des questions électorales que je ne traite qu’en quelques pages, j’essaie surtout d’identifier et d’expliquer les positions philosophiques classique (de droite) et moderne (de gauche) à propos des questions politiques essentielles (identité, construction européenne, insécurité, économie, famille, bioéthique, etc.).

Cela dit, le mouvement dextrogyre consiste dans le glissement des idéologies de droite vers la gauche en raison, d'une part, de l'effondrement de l'idéologie collectiviste et, d'autre part, d'un regain d'intérêt et de diffusion des idées classiques. L'évolution du spectre politique depuis plusieurs années – y compris les élections de 2017 ! – l’illustre parfaitement : ce qui est « de » droite se réaffirme en tant que tel (il y a même une progression électorale) tandis que ce qui n'est qu' « à » droite (mais pas de droite) glisse vers le centre. Je n'ai jamais expliqué que le mouvement dextrogyre consistait et se réduisait à une « droitisation » de l'électorat. Et, ce, pour une raison très simple : tout ce qui est classé à droite n'est pas de droite ou, pour le dire autrement, toute une partie de ce qui est sur la droite du spectre politique est philosophiquement moderne et donc beaucoup plus compatible avec la gauche qu'avec ce qui est ontologiquement de droite.

Donc, oui, il y a dans les médias, dans l'opinion publique, une progression des idées qui sont authentiquement de droite. Il faut avoir la mémoire courte pour ne pas se souvenir que les questions de l'immigration, de l'identité, de la définition des corps sociaux (autant la nation que la famille) étaient totalement taboues il y'a quelques années encore. Elles ne le sont plus. Si ces idées n’ont pas été défendues lors des élections de 2017, ce n’est pas de la faute des analystes ou des électeurs mais des hommes politiques ! Le mouvement dextrogyre est bien en œuvre. Si ce concept met en évidence une évolution constatable, celle-ci est en cours et n’est pas encore achevée.

Le mouvement dextrogyre suppose la classification des forces politiques selon le clivage droite-gauche. Pourquoi ?

Électoralement, le clivage droite-gauche s’est cristallisé sous la Ve République en raison du mode de scrutin mis en place en 1962 (majoritaire à deux tours avec uniquement deux candidats au second tour) dont l’effet a été amplifié par ce qu’il est convenu d’appeler le phénomène majoritaire (la démobilisation du camp ayant perdu la présidentielle conduit à la victoire des candidats du nouveau chef de l’État à l’occasion des législatives). Sous les régimes précédents, le clivage était plus flou dans la mesure où les partis politiques modérées pouvaient s’allier avec des forces connexes de l’autre camp et ignoraient les organisations extrêmes de leur bord.

Pour autant, il possible d’identifier, depuis la Révolution, des forces politiques dont l’idéologie est de droite ou de gauche. René Rémond a, dans les années 1950, proposé une classification des courants de droite : les droites réactionnaire (légitimiste, catholique sociale), bonapartiste et orléaniste. L’épigone de la seconde est, au XXe siècle, le gaullisme. Quant à l’orléanisme, il est incarné par le courant libéral. Depuis, d’autres classifications ont peu être proposées (par exemple : droites populiste, autoritaire et libérale) mais ne remettent pas en cause, pour l’essentiel, l’identité idéologique de ces courants classés sur la droite du spectre politique. En fait, c’est l’appartenance à la droite du bonapartisme et de l’orléanisme qui a été discutée. Il a été montré par Frédéric Bluche que ceux-ci ont été, au XIXe siècle, des centres : le premier par synthèse, le second par rejet des extrêmes (réactionnaires d’un côté, républicains de l’autre).

Ce n’est qu’en raison de la vie politique et du développement des idées socialistes collectivistes qu’ils se sont retrouvés sur la droite du spectre politique. D’ailleurs, dans une récente étude renouvelant l’analyse de la gauche (en ne la réduisant pas aux courants communiste, socialiste et radical en action depuis la IIIe République), Jacques Julliard n’a t-il pas montré que le courant libéral était (avec les gauches jacobine, collectiviste et libertaire) l’une des forces de ce camp ?

A suivre

par Michel Janva

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2017/12/le-mouvement-dextrogyre-%C3%A0-l%C3%A9preuve-des-%C3%A9lections-de-2017.html

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