Marine Le Pen semble avoir enfin pris conscience de ses erreurs stratégiques et veut visiblement passer à la vitesse supérieure. Alors que les responsables de LR continuent une comédie qui ne trompe personne (surtout pas d’alliance, mais on laisse Thierry Mariani en parler quand même), elle vient de franchir un nouveau cap. Après avoir officiellement proposé une alliance à Laurent Wauquiez, après avoir opté pour le changement de nom du parti, elle vient de lancer un vrai pavé dans la mare. Elle appelle officiellement à voter pour le candidat LR. Certes c’est à une législative partielle, certes c’est à Mayotte.
Mais justement, la situation mahoraise pose de façon exacerbée toutes les questions auxquelles les deux droites vont devoir rapidement apporter des réponses fortes : immigration incontrôlée, droit du sol etc. Et la décision du gouvernement Macron de suspendre de facto le droit du sol pour la maternité de Mayotte valide la doctrine de la droite en ce domaine et montre que c’est faisable. Pour peu qu’on en ait le courage.
C’est pourquoi ce geste politique fera date.
« J’appelle tous les électeurs qui m’ont fait confiance à Mayotte à se reporter sur le candidat LR Mansour Kamardine. La situation est trop grave là-bas, il faut dépasser les étiquettes politiques. »
C’est un pas décisif et irréversible qui aura de multiples conséquences, d’abord chez Les Républicains. Cela va précipiter la recomposition, faire fuir les dernières brebis centristes, obliger Laurent Wauquiez à sortir de son ambiguïté, à « assumer » comme prétend le faire Virginie Calmels. S’il n’en sort pas, il continuera la descente aux enfers qu’il a commencée d’après les derniers sondages, et son parti continuera à se vider des deux côtés. on ne résiste pas longtemps à un double siphonnage.
Pour Marine Le Pen, c’est un coup de maître : elle assume – enfin!- une stratégie d’ouverture et d’alliance, elle va gagner en popularité auprès de l’électorat de droite. Certes, ce désistement et ce report ne doivent pas être systématiques et tenir compte de la personnalité et de la ligne du candidat. Mais en actionnant ce levier, elle va précisément peser sur la ligne et le profil des candidats LR, et c’est ce qu’il faut. S’ils veulent avoir un espoir d’être élu, il leur faudra être national-compatible. Le peuple de droite attend cela depuis des années… Dire que c’est Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui vont obliger la droite à être enfin de droite ! Qui l’eût cru ?
Pour LR et FN, et pour la France, il n’y a de salut que dans une alliance intelligente, ou à défaut, un siphonnage.
Mais il n’est écrit nulle part que le siphonnage ne fonctionne que dans un sens. D’ailleurs, et malgré la prestation calamiteuse de Marine Le Pen et les doutes sur sa crédibilité, ce grand siphonnage a déjà commencé lors du second tour de la présidentielle, quand quatre millions d’électeurs de droite se sont ajoutés aux sept millions de voix qu’elle avait engrangées au premier tour. Ce n’est pas rien, et ce bloc de base est bien plus homogène et solide que les 66 % de M. Macron.
Marine Le Pen n’a certes pas comblé toutes ses lacunes, mais elle a compris quelques problèmes de tuyauterie. Ce n’est pas si mal.
http://www.bvoltaire.fr/marine-pen-appelle-a-voter-candidat-republicains-enfin/