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Identité nationale et éducation

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Par André Murawski, conseiller régional Hauts-de-France, vice-président du groupe FN-RBM ♦ Pourquoi parler d’identité nationale en 2018 ? C’est-à-dire, pourquoi parler de nouveau d’identité, huit ans après le Grand débat sur l’identité nationale conduit du 2 novembre 2009 au 31 janvier 2010 à l’instigation de Nicolas Sarkozy et qui, on le sait, a glissé vers un débat sur l’immigration et sur l’islam ? Surtout, pourquoi associer l’éducation à l’identité dans la France de ce début du XXIe siècle ?

L’actualité récente nous y invite. Pas forcément l’actualité événementielle, car les questions liées à l’identité nationale se sont peu à peu banalisées, notamment après les émeutes urbaines survenues à Clichy-sous-Bois fin 2005, après qu’une grenade des CRS avait visé une mosquée. Pas l’actualité événementielle donc, mais l’actualité éditoriale et institutionnelle.

Du côté de l’édition, la polémique a été relancée en septembre 2017 après la parution d’un ouvrage de Bernard Ravet, fonctionnaire de l’éducation nationale ayant attendu d’être à la retraite pour divulguer des faits que son devoir de réserve lui commandait de taire, du moins au public, pendant les quinze années où il en a été le témoin. Intitulé « Principal de collège ou imam de la République ? », le livre dérange. Il dérange parce qu’il met en cause l’institution, bien sûr. Mais le livre dérange aussi parce que l’auteur aborde un problème récurrent : celui de l’influence grandissante d’une culture propre à une civilisation, la civilisation islamique, au sein d’une autre culture, propre à une autre civilisation, la nôtre : la civilisation occidentale, qui fut un temps confondue avec la chrétienté, mais dont les racines sont bien plus anciennes et les prolongements bien plus étendus.

Du côté institutionnel, la gravité de la situation n’est ni méconnue, ni dissimulée. Ainsi, pour circonscrire l’observation au seul ministère de l’éducation nationale, plusieurs textes orientent l’action publique. En septembre 2015, la Conférence des présidents d’universités avait produit un guide intitulé « la laïcité dans l’enseignement supérieur », dont les recommandations portaient sur le déroulement des cours et sur le déroulement des examens, mais aussi sur la participation à l’animation de la vie étudiante et sur la participation à la vie démocratique étudiante. Si le fait religieux était au cœur de la réflexion, le port du voile y tenait une place toute particulière. Un an plus tard, au mois de décembre 2016, le ministère de l’éducation nationale diffusait un « livret laïcité » dans le cadre de la refondation de l’école. Là encore, après les déclarations de principe, les difficultés liées à l’enseignement étaient abordées clairement en cinq chapitres : « contestation au nom de convictions religieuses », « difficultés et contestations autour de l’enseignement des faits religieux », « réactions en cas de confrontation », « contestation d’un enseignant dans sa légitimité à enseigner tel ou tel point du programme », « commémorations et moments collectifs ». On mesure l’étendue du problème.

Un problème dont l’institution scolaire, mais aussi les pouvoirs publics, ont pris la juste mesure. Le 3 mai 2017, un décret du Premier ministre créait un Conseil scientifique sur les processus de radicalisation. Le 10 décembre 2017, le ministre de l’éducation nationale reconnaissait que des statistiques allaient être mises en place sur la pression de l’islam dans les établissements scolaires. Le 20 décembre 2017, la Présidence de l’Assemblée nationale enregistrait une proposition de loi déposée par 45 députés et visant à créer un dispositif d’écoute et de signalement pour lutter contre la radicalisation islamiste dans les établissements d’enseignement supérieur. Enfin, au mois de février 2018, un rapport dit « rapport Clavreul », et intitulé « Laïcité, valeurs de la République et exigences minimales de la vie en société », constatait « l’impossible consensus », les risques « d’essoufflement » d’une mobilisation « inégale » et la nécessité de « donner plus d’impact aux politiques de promotion de la laïcité ».

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