C’est promis, juré. Nous ne nous y attendions pas du tout. Mais revenons au départ.
Nous avons établi un classement de la puissance globale. Le mérite en revient à toute la rédaction de Conflits et tout particulièrement à Jean-Marc Holz. Son travail méticuleux et ingénieux permet de mesurer la puissance dans tous ses aspects, géographique, démographique, économique, technique, militaire, politique, social… Ce qui justifie la formule « puissance globale ».
Ne soyons pas modestes. Nous avons bâti cet indice en nous démarquant d’autres classements qui nous ont semblé insuffisants. Certains se contentent de comparer les PIB, ce qui ne permet d’appréhender que l’économie, et encore. Le Composite Index of National Capability construit en 1963 part de six données, dont la production d’acier, un produit qui était l’un des fondements de la puissance au XIXe siècle et qui ne l’est plus aujourd’hui. Le moins que l’on puisse dire est que le CINC date ! Le Power Index du Global Fire Power prend essentiellement en compte la dimension militaire (de façon précise et réaliste) à laquelle il ajoute quelques éléments (territoire, ressources, main-d’œuvre) ; il n’en sous-estime pas moins les dimensions économiques, techniques et sociales. Il n’est pas étonnant qu’il place en tête les États-Unis devant la Russie, la Chine et l’Inde : les faiblesses économiques de la Russie ou de l’Inde ne sont pas prises en compte. Originaire de Chine, le Comprehensive National Power Index développé par plusieurs instituts de ce pays paraît le plus complet. Il inclut différents types de ressources (humaines, géographiques, économiques, technologiques, militaires, internationales) ; l’index de l’Académie des Sciences Sociales chinoise intègre même la stabilité politique. Mais il sous-estime le soft power et privilégie l’économie. Après les États-Unis et la Chine en rattrapage rapide, il place donc le Japon malgré ses manques militaires, la Russie arrivant cinquième.