Ne nous y trompons pas : samedi, c’était non seulement la « fête à Macron », mais aussi la fête « de » Macron. La balade de Mélenchon dans les rues de Paris entre l’Opéra et la Bastille ne pouvait, en effet, que combler d’aise le Président. Les appels à la convergence des luttes, à une nouvelle révolution – dans un contresens historique total d’ailleurs, le député de Marseille n’ayant pas hésité à rappeler que ce 5 mai était le 229e anniversaire de l’ouverture des États généraux de 1789, un événement qui était tout sauf révolutionnaire -, ne peuvent que faire peur à tous les Français qui veulent de l’ordre, c’est-à-dire que les voyous aillent en prison, que les trains soient à quai pour aller bosser le matin et rentrer le soir à la maison, et qu’on puisse se promener dans la rue sans craindre d’être agressé.
« Continue comme ça, Jean-Luc, ça me va impeccable », pourrait lui téléphoner Emmanuel Macron ! « Dis à tes copains de continuer à me brûler en effigie. Les bourgeois seront outrés et certains, après le 20 Heures d’Anne-Claire Coudray, se fendront même d’une lettre de soutien dans le courrier de La Croix ou de Ouest-France« .
De son côté, Mélenchon est heu-reux. Il peut continuer à faire sa diva – d’où, peut-être, le départ de l’Opéra -, refaire le match de 2017 en mauvais perdant qu’il est. Juché sur un bus à impériale, tel un drag queen de la Gay Pride, ça a une sacrée gueule, faut reconnaître ! BFM TV en boucle, évidemment. Un vrai succès d’audience. Le premier opposant de Sa Majesté, en quelque sorte. En 2022, il n’aura que 71 ans. À cet âge-là, de nos jours, on est un jeune homme, vous pensez. On doit bien pouvoir en faire un candidat accessible en finale. Et là, c’est le strike assuré, comme dirait Rachida Dati. Tiens, grand seigneur, on pourra même offrir à Pécresse un maroquin, celui de la dernière chance, car l’horloge, tant biologique que politique, tourne aussi, vous savez. Faudra quand même que Mélenchon tienne la distance. Et qu’il ne soit pas rattrapé par un truc qui s’appelle la réalité et qui rime, en l’occurrence, avec identité…
Mais bon, en attendant, samedi, à Paris, c’était donc bien la fête de Macron. Merci, Jean-Luc !
Pratiquement au même moment, à 500 kilomètres de la capitale, à Saint-André-de-Cubzac en Gironde, un événement plus modeste, moins médiatisé – Anne-Claire Coudray ne l’a pas évoqué, faute de place, peut-être : l’agression de Robert Ménard par une bande d’extrême gauche, des « fascistes de gauche », selon les mots du maire de Béziers. Des élus socialistes, écologistes, MoDem et de La République en marche avaient appelé à manifester contre la venue de Robert Ménard, invité par une association d’élus d’opposition de Saint-André (commune tenue par les socialistes) pour parler de l’union des droites. Dans un communiqué, Edwige Diaz, conseillère régionale Front national, a estimé que « les assaillants ont été savamment agités par toute une caste politique aux abois », citant nommément un certain nombre d’élus locaux, socialistes, LREM, MoDem et même LR. « C’est donc avec un total sentiment d’impunité que les agresseurs s’en sont donné à cœur joie, sous les drapeaux de La France insoumise », déclare l’élue frontiste.
Au-delà du scandale que représentent cette agression et la mollesse de la réaction des pouvoirs publics – pour ne pas dire plus -, cet événement illustre parfaitement la connivence qui existe, de fait, entre La France insoumise, les socialistes, La République en marche et plus si affinités, lorsqu’il s’agit de « faire bloc » à ce qui ressemble à une droite qui n’a pas peur d’être de droite. Cela devrait faire un peu réfléchir tous ceux qui pensent que Macron incarne l’ordre et serait de droite.