Il s’agit d’un pas de plus dans le délitement de nos institutions (voir ici). Même certains médias dominants comme l’Obs posent la question de la pertinence de la nomination d’Alain Juppé au Conseil constitutionnel en raison de sa lourde condamnation :
Condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, Alain Juppé est-il bien à sa place au Conseil constitutionnel ? Des voix s’interrogent.
On peut donc avoir été condamné par la justice et finir au Conseil constitutionnel. La nomination d’Alain Juppé en témoigne. L’ancien Premier ministre, choisi mercredi pour rejoindre la rue de Montpensier, avait écopé en 2004 d’une peine de 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité. La cour d’appel de Versailles l’avait reconnu coupable de “prise illégale d’intérêt“, dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, pour son rôle de bras droit de Jacques Chirac au RPR et à la mairie (…)
“Au regard de sa condamnation pour emplois fictifs et du contexte actuel de défiance généralisée envers élus et institutions, la nomination d’Alain Juppé au Conseil constitutionnel est-elle habile ?”, demande l’historien Corentin Sellin, sur Twitter.
Un autre historien, André Loez, s’interroge à voix haute :
“Je n’ai jamais compris l’argumentation consistant à exonérer Juppé de toute faute en lien avec sa condamnation. “Couvrir” Chirac et un système de corruption, dissimuler la vérité pour raisons politiques n’a rien de très reluisant. Et ne qualifie pas pour le conseil constitutionnel…“
Dans son arrêt de 2004, la cour de Versailles avait estimé “regrettable que M. Juppé, dont les qualités intellectuelles sont unanimement reconnues, n’ait pas cru devoir assumer devant la justice l’ensemble de ses responsabilités pénales et ait maintenu la négation de faits avérés“. La cour a aussi jugé “particulièrement regrettable qu’au moment où le législateur prenait conscience de la nécessité de mettre fin à des pratiques délictueuses qui existaient à l’occasion du financement des partis politiques, M. Juppé n’ait pas appliqué à son propre parti, dont il était le secrétaire général à l’autorité incontestée, les règles qu’il avait votées au Parlement” (…°