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Le jaune, le noir et le pouvoir

6a00d8341c715453ef0240a44766b2200c-320wi.jpgAinsi l'acte XVIII des gilets jaunes nous a-t-il donné l'occasion de rappeler plusieurs caractéristiques de cette crise d'un genre nouveau.

Toutes origines confondues, vrais gilets comme black blocs ou simples pillards, on a compté officiellement plus de 14 000 manifestants, dont, fait nouveau, les trois quarts à Paris.

Des violences intolérables ont été commises sur les Champs-Elysées par l'extrême gauche. Des dégâts considérables ont été infligés à 80 enseignes pillées et vandalisées, autant à de petits kiosquiers qu'aux boutiques de luxe, au Fouquet's ou au Drugstore Publicis. Mais la voyoucratie trouve toujours quelques bons apôtres pour les excuser au nom de l'idéologie.

Tout le monde savait la veille que les forces de l’ordre redoutaient un regain des actions violentes. On ne doit donc pas s'étonner des protestations politiques. Elles sont venues aussi bien de la mégère Hidalgo à gauche, que de François-Xavier Bellamy, chef de file de la liste de droite en vue des Européennes. Celui-ci ne manque pas de déplorer que "l'ordre républicain n'est plus assuré dans Paris" et de souligner que "jamais l'État n'a baissé la tête à ce point-là[1]".

Première caractéristique : le contraste de plus en plus affirmé entre le jaune et le noir.

Autant ce qui demeure de la protestation proprement dite réaffirme son aspect initial pacifique sinon bon enfant. Certains allaient même jusqu'à se mêler à l'affligeante manif climatique des bisounours. Autant, de leur côté, les casseurs et autres black blocs donnent la mesure de leur sauvagerie.

Cette frange ultra-violente est évaluée par le ministère de l'intérieure entre 1 000 et 1 500 activistes. Or, cette nuisance s'est montrée, plus que jamais, bien distincte des porteurs de gilets, ne serait-ce que par leur accoutrement noir.

Une deuxième question interpelle désormais aussi une part importante de l'opinion publique comme des commentaires médiatiques. Nous la posions dès le 26 novembre[2] : celle des responsabilités de l'actuel occupant de la place Beauvau.

Quand tirera-t-on les leçons de son incompétence ?

Car enfin à qui fera-t-on croire qu'il se révélerait impossible, dans un pays si anciennement administré et centralisé comme la France, de prévoir en mars les événements qui se sont produits, et reproduits, depuis novembre et décembre.

Certes, en 2008 ce fut une double erreur de la présidence Sarkozy et de son ministre de l'Intérieur Hortefeux de supprimer, sans la remplacer, la Direction centrale des Renseignements Généraux. La création de la nouvelle DCRI vit fusionner cette vieille machine remontant à la Troisième république, aux fonctions multiples, pas toujours bien remplies, avec la DST. En 2014, lorsque le gouvernement Valls chercha à remettre en place le Renseignement territorial (SCRT) il lui assigna un rôle précis, celui d'informer le gouvernement sur l'état de l'opinion et des mouvements sociaux. Nous payons donc des impôts pour ce service public. Il emploie 2 600 fonctionnaires. Son patron, Henri Bricq, a été nommé en août 2017, donc par le gouvernement d'Édouard Philippe, sous le règne de Jupiter Ier.

Et il ne semble pas, par ailleurs, que les autres missions de renseignement soient mal remplies par les services français, plutôt efficaces malgré des moyens matériels pauvrement dotés.

Le pouvoir aurait, par conséquent, dû le savoir. L'acte XVII, le 9 mars, avait été marqué, avec 28 000 gilets jaunes recensés dans l'Hexagone, par la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement. Mais en vérité on pouvait s’attendre à voir, pour l’acte XVIII du 16 mars, une remontée en nombre de manifestants, sinon sur toute la France, du moins à Paris sachant que les mots d'ordre gauchistes prétendaient, depuis plusieurs jours, frapper un grand coup dans la capitale, réalisant ainsi une réponse centralisée à l'opération grand débat s'achevant la veille, au 15 mars.

Les mouvements de blacks blocs et les voyous de banlieue ne sont pas apparus si soudain que l'on ne puisse les identifier, les pénétrer, les suivre sur les réseaux sociaux, les ficher, au gré par exemple des milliers d'arrestations opérées depuis novembre etc.

Ne succombons pas à la tentation d'imputer la médiocrité du dispositif à la malice du pouvoir. Certains l'imaginent désireux de capitaliser en sa faveur la frayeur des honnêtes gens. Cela semble faire beaucoup d'honneur à ces responsables du maintien de l'ordre qui n'ont su protéger que les Palais nationaux.

Votre chroniqueur penche plutôt ici pour une explication qui se vérifie trop souvent : les coefficients B, comme bêtise, V comme veulerie, L comme lâcheté dont les valeurs paraissent assez élevées dans le cas du ci-devant maire de la charmante petite ville de Forcalquier. Nous n'avons pas affaire à un machiavel de sous-préfecture mais à un médiocre danseur de tango.

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] cf. BFM Politique. [2] cf. "Castaner ministre de la chienlit"

https://www.insolent.fr/2019/03/le-jaune-le-noir-et-le-pouvoir.html

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