Tandis que le gouvernement, aux abois, ne sait plus comment se sortir de la crise, tandis que les partis d’opposition cherchent, plus ou moins adroitement, à tirer leur épingle du jeu, il est une personnalité qui, sans se mettre en avant, fait doucement son chemin : c’est Marion Maréchal.
Dans un entretien à l’hebdomadaire britannique The Economist, la directrice de l’Institut des sciences sociales économiques et politiques déclare qu’elle reviendra certainement à la politique.
Marion Maréchal réaffirme sa volonté de faire tomber les digues entre la droite et la droite nationale, se différenciant en cela de Marine Le Pen qui qualifie, selon Le Figaro, le projet d’« union des droites » d’« arlésienne qui n’a jamais marché ». Ce qui n’est pas faux, mais il y a, de plus en plus, un décalage entre le parti LR, qui répète à l’envi son rejet d’une alliance avec le Rassemblement national, et son électorat, de plus en plus sensible à la défense d’une France souveraine, au contrôle de l’immigration, à la lutte contre l’islamisme.
Interrogée sur le « Grand Remplacement », l’ancienne députée du Vaucluse a osé affirmer que cette théorie n’était « pas absurde ». Ce concept, défendu par l’écrivain Renaud Camus, dénonce le remplacement progressif des peuples européens au profit des populations non européennes. Même pour qui doute que ce remplacement soit organisé par des mondialistes qui ont jeté les nations dans les poubelles de l’Histoire, il paraît évident qu’au train où vont les choses, les Français de souche deviendront minoritaires dans les prochaines décennies. Il faut avoir un certain courage pour le dire, alors que l’auteur des attaques contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande s’est réclamé de cette invasion pour expliquer sa tuerie.
Ce n’est pas parce qu’un forcené massacre de façon barbare près de cinquante musulmans que le problème d’une immigration massive n’existe pas. Et il ne peut que s’accentuer si l’on ne cherche pas à maîtriser l’afflux des migrants et à assimiler ceux qui sont installés en France. Il suffit de se promener dans certains quartiers pour constater que les Français d’origine européenne sont comme des étrangers dans leur propre pays… Il n’y a pas que des Zemmour pour le rappeler : François Hollande, lui-même, confiait à des journalistes : « Comment éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. » Mais c’est un sacrilège contre la pensée unique de le dire publiquement.
Marion Maréchal n’est pas pressée. Elle sait que son « conservatisme » est de plus en plus partagé par des Français, soucieux de préserver les valeurs qui ont fondé la France. Ce n’est pas pour rien qu’elle s’est réjouie, récemment, de voir François-Xavier Bellamy prendre la tête de liste LR aux élections européennes : les convergences sont évidentes entre les convictions personnelles de ce jeune philosophe et les siennes. Mais un rapprochement éventuel se heurte, pour le moment, au veto du parti LR ou, du moins, de ses principaux dirigeants.
Contrairement à une partie de la presse, qui explique que Marion Maréchal multiplie les divergences idéologiques avec Marine Le Pen, on peut penser que toutes deux, avec des méthodes différentes, défendent les mêmes valeurs. Des valeurs qui se retrouvent aussi bien dans la droite populaire et nationale que dans la droite plus traditionnelle, quand elle n’a pas vendu son âme aux idoles modernes, chez des Français qui ne croient plus en la politique, et même chez des électeurs de gauche.
Il est difficile de prévoir si Marion Maréchal jouera prochainement un rôle prépondérant. Mais il est certain qu’elle marche en éclaireur.