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Le trucage des choix binaires

6a00d8341c715453ef0240a45c7792200c-320wi.jpgEn septembre 2012, pour la première fois de son histoire électorale, mon village préféré avait placé en tête une candidate classée, par les politologues et les commentateurs politiquement corrects, à l'extrême droite de l’échiquier politique. Cette modeste petite commune entre Touraine, Beauce et Berry organise chaque année une sympathique fête que l'on a instituée, au cours des siècles, presque dans toute la France autour de la Saint-Gilles. Comme j'avais accepté que mon champ serve, pour la circonstance, de parc de stationnement aux voitures trop nombreuses, on me fit ce jour-là l'honneur de la table du maire.

Je me suis donc enhardi à questionner timidement les membres du conseil municipal quant aux motivations de leur vote.

Ils n'avaient certainement pas été influencés par la lecture des éditoriaux de la Nouvelle République du Centre-Ouest[1].

Il apparaissait clairement que le vote protestataire ne se préoccupait en aucune manière des programmes respectifs. Personne n'envisageait même ni l'hypothèse d'une victoire électorale, ni de la formation du prochain gouvernement.

Il s'agissait simplement, dans l'esprit de mes interlocuteurs, de dire le mot de Cambronne au duel Coca-cola contre Pepsi-cola, de Dupont et Dupond, rebaptisés cette année-là Hollande et Sarkozy. Basta. Peu leur importait l'emballage et l’étiquetage du refus.

On se demande si dans la prétendue campagne européenne en cours, et pour des raisons de pauvres calculs de politique intérieure on ne cherche pas à rejouer cette partie de manille

Pas plus qu'aucun parti ne peut se prévaloir du monopole de la France, le gouvernement de Paris ne dispose du monopole du sentiment européen. Réduire, une fois encore, le choix des électeurs à un duopole que tout le monde désormais rejette en fait, c'est favoriser le plus redoutable des concurrents : le taux d'abstention qui semble bien dans les sondages actuels pouvoir atteindre 60 % ; une écrasante majorité. C'est aussi se préparer à affaiblir l’influence du pays au sein d'un parlement et d'un conseil des États, au sein desquels l'un comme l'autre des candidats monopolistes se retrouveront isolés.

En ce 9 mai, on célèbre à Bruxelles, particulièrement dans les bureaux des institutions, le souvenir de la déclaration de Robert Schumann de 1951. Venant après le congrès de La Haye de mai 1948, il s'agit du point de départ d'un processus qui a conduit avec bien des virages, 40 ans plus tard, à l'amorce de fédéralisme de l'Union européenne. Leur auteur ne saurait, honnêtement, être présenté comme un agent américain[2]. Mosellan et chrétien, il souhaitait le rapprochement des peuples européens et la fin des guerres fratricides, dont les siens plus que d'autres ont tant souffert.    Si on mesure le chemin effectivement parcouru, on peut s'étonner, comme le fait un Jean-Dominique Giuliani, actuel président de la Fondation Robert Schuman[3], que "personne n’ose dire que l’Union européenne est un immense succès."

Un tel jugement peut paraître excessif, voire propagandiste. Mais il mérite réflexion.

On peut et on doit regretter que, depuis le vote de l'assemblée parisienne en 1954, l'Europe ne dispose pas encore des moyens militaires de sa sécurité. Merci au président Trump d'aiguillonner par ses foucades et ses menaces la prise de conscience de nos opinions publiques dans ce domaine.

On peut et on doit regretter que la bobocratie, nullement inhérente aux institutions européennes, pollue la culture, l'éducation, les conceptions morales, etc.

En revanche on peut et on doit constater que la vie quotidienne des Européens est devenue suffisamment enviable pour attirer, évidemment en surnombre, des millions de candidats à l'immigration.

On peut et on doit se féliciter que nous nous rêvions plus de nous entre-tuer entre Européens. Les vrais patriotes d'aujourd'hui se préoccupent plutôt de s'unir face aux dangers communs, et notamment face aux menaces évidentes de l'islamo-terrorisme ou de la dictature impérialiste de Pékin.

Tout cela devrait sérieusement figurer dans les enjeux d'une campagne électorale qu'on nous présente pour européenne mais qui ressemble furieusement, hélas, à de médiocres comices réduits à l’Hexagone.

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] Ceux qui connaissent ce journal, l'un des plus médiocres parmi les quelque 80 petits monopoles franc-maçonnards locaux qui se partagent l'Hexagone, n'en douteront pas.
[2] pas plus que le comte de Coudenhove-Kalerghi, autre victime d'une désinformation polémique constante. cf. l'article publié en 2016 par Ch. Tasin : "Il n’y a pas et il n’y a jamais eu de plan Kalergi"
[3] cf. entretien avec Jean-Dominique Merchet.

https://www.insolent.fr/2019/05/le-trucage-des-choix-binaires.html

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