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La rentrée des mensonges

6a00d8341c715453ef0240a4cbec6a200b-320wi.jpgCe 2 septembre marque bien, en effet, pour des millions de familles, pour 12 millions d'enfants, dont 2,5 millions dans des écoles maternelles, mais aussi pour des millions de parents et de grands-parents, pour des centaines de milliers de professeurs et d'instituteurs, pour autant de personnels techniques et administratifs qui, quant à eux, y ont travaillé depuis plus longtemps, la rentrée des classes.

Le ministre présenté pour le sauveur de l'Éducation Nationale communique donc, lui aussi depuis plusieurs jours, sur des chiffres faux ou très approximatifs, comme celui de la rémunération des enseignants. Ils seront gratifiés généreusement cette année nous dit-on d'un rehaussement de salaire de 300 euros, c'est-à-dire d'une augmentation de 18 euros de leur rémunération nette mensuelle.

Parmi les éléments de désinformation du jour on ne peut pas ne pas mentionner cette significative prétention de faire de l'École, orthographiée avec un grand E, un instrument de la coagulation jacobine. Les paroles de l'hymne constitutionnel deviendront un marqueur imposé aux jeunes générations, sous prétexte de les prémunir contre la lecture littéraliste du Coran. Leur renommée remonte, pour ceux qui s'intéressent encore à l'histoire de France aux journées sanglantes de l'été 1792. Celles-ci, préludes aux martyres respectifs du roi, de la reine et du dauphin, constituent le point de départ de la guerre civile franco-française et européenne, marquées par ce qu'on doit appeler le génocide de la Vendée. Tout ceci se terminera à Waterloo, après un quart de siècle d'abominations.

Qu'on se rassure, les drapeaux officiels français et européens seront installés dans les salles de classe ou les préaux pour qu'on ne s'y trompe pas. L'école étatique de Jules Ferry ne dispense plus la doctrine de la colonisation mais au contraire l'idéologie du sanglot de l'homme blanc. Pourtant elle n'a varié que dans ses caprices, pas dans sa nature monopoliste et péremptoire. Et les petits-fils de ceux qui se sont réfugiés dans l'Hexagone persisteront à apprendre à en haïr les indigènes, mais on prétend, toujours "en même temps" ne pas les laisser aller jusqu'au bout de la logique, celle d'un phénomène qu'on appelle pudiquement "radicalisation".

Étonnante cohabitation : l'introduction dans les mêmes locaux de l'étendard bleu frappé des douze étoiles qui fleurit désormais aussi au fronton des bâtiments publics.

Imaginer que, par ce symbole, nos dirigeants pensent vraiment en fonction de l'Europe, de sa défense, de la consolidation de ses institutions, de la cohésion de sa diplomatie, de son identité et de ses libertés ? pure illusion. Même leur météo, premier centre d'intérêt de leurs instruments de crétinisation quotidienne, demeure hexagonale.

Le règne des éléments de langage retrouve il est vrai toute sa vigueur pour évoquer l'attaque commise à Villeurbanne par un honnête réfugié afghan. Nous avons appris, sans surprise, qu'il s'agit d'un fou, que ses propos sont incohérents, qu'il a décliné trois identités différentes, et surtout, que les commentaires de l'extrême droite se révèlent vraiment désobligeants. En termes d'argot journalistique voilà sans doute ce que l'on doit considérer comme un "scoop". Les islamistes frappent-ils ? les blacks blocs et les antifas infiltrent-ils les manifestations les plus diverses ? c'est l'ultradroite, un concept bien commode puisque personne ne s'en réclame, qu'il faut enrayer par priorité.

Une polémique un peu décalée a vu, aussi, notre omniprésent président, Jupiter bienfaisant appelé à sauver l'école, à rétablir la justice dans les pensions de vieillesse,[1] etc. à dénigrer non pas l'étatisme, mais l'État profond. Cette expression mal traduite de l'américain, peut sembler surprenante dans le contexte.

Cet ectoplasme, à entendre M. Macron, entrave les vues géopolitiques, qu'il présente pour entièrement nouvelles, d'un rapprochement avec Moscou. Cette vieille illusion, remonte pourtant à la belle et bonne alliance conclue en 1944 par De Gaulle et Staline, renouvelée par le plus grand commun diviseur à partir de 1966. Et elle entraîne tant de contresens et de pataquès qu'il me semble utile de rappeler que la France, en fait, très concrètement, a donné son adhésion, depuis 1949 au traité de l'Atlantique nord, sur lequel reste basée la sécurité de l'Europe occidentale mais aussi en 1975 aux accords d'Helsinki, en 1992 au traité de l'Union européenne, etc.

Reprocher leur application à des hauts fonctionnaires qui ont consacré toute leur vie à appliquer une politique constante, au nom d'une nouvelle virevolte, d'un nouveau caprice, d'un nouveau désir de faux clinquant international, voilà un signe assez inquiétant de la volonté de nous faire rentrer un peu plus dans l'univers parallèle de la post-vérité.

Certaines choses fonctionnent encore dans cette république, à commencer, constatons-le, par la rentrée du mensonge.

JG Malliarakis 

Une réunion des Amis de l'Insolent  

Mercredi 18 septembre de 18h à 20 h JG Malliarakis donnera une conférence suivie d'un débat sur le thème
"Le Moment conservateur" Brasserie du Pont Neuf 14 quai du Louvre Paris 1er M° Louvre/Pont Neuf/Châtelet

Apostilles

[1] cf. les gros titres du Journal du Dimanche ou du Figaro en cette fin de semaine...

https://www.insolent.fr/2019/09/la-rentree-des-mensonges.html

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