L'avis de Jean-François Touzé
Alors que l'hôpital public, dans son fonctionnement global — ce qui impacte le moral du personnel, la qualité des soins et la sécurité sanitaire, parfois même la sécurité tout court — est au bord de la rupture, le Premier ministre, Édouard Philippe, vient d'annoncer un certain nombre de mesures qui, toutes cumulées, relèvent du simple rafistolage.
La reprise par l'Etat du tiers de la dette des hôpitaux (plus de 30 milliards) n'est qu'un artifice comptable puisque, au bout du compte c'est toujours le contribuable qui paye, que ce soit par ses cotisations sociales ou par l'impôt.
Le coup de pouce budgétaire de 1,5 milliards sur trois ans est dérisoire comparé au milliard annuel du coût de l'Aide médicale d'Etat (AME) accordée aux étrangers clandestins dont la supression constitue une exigence économique, morale et nationale.
La prime de 800 euros par an est une insulte pour les personnels soignants dont la qualité et le dévouement vont bien au delà de ce que propose la mesquinerie comptable du gouvernement.
Les promesses, enfin, du ministère de la Santé de créations de lits ne connaissent quant à elles, pas le moindre début de commencement de concrétisation.
L'hôpital public, asphyxié depuis vingt ans, par les réductions budgétaires, les fermetures de services, le malthusianisme des embauches et les conséquences de l'application des 35 heures, est en voie de tiers-mondisation.
Tiers-mondisation de ses infrastructures, mais tiers-mondisation aussi par la nature même des patients qui y affluent. Tant que la question des flux migratoires ne sera pas traitée et résolue dans le sens national, aucune mesure en faveur des hôpitaux français et de ses services d'urgences ne sera viable.
On l'aura compris: pour nous, un plan d'urgence pour l'hôpital ne peut être qu'englobé dans un plan d'urgence pour la France.