... ou le nouvel impératif social et politique qui exige l'adaptation du peuple à une trajectoire imposée comme une figure de trapèze volant, à défaut de quoi il se cassera la gueule. On commence par une émission courte de France Culture avec la philosophe nietzschéenne Barbara Stiegler, discours assez concentré mais plus maniable que la rencontre chez la Société de Philosophie de Bordeaux qui dure une heure dix et qu'on peut écouter en cliquant ici, s'il est besoin de délayer les concepts travaillés ! Importante mise à jour du libéralisme actuel. Tant la crise climatique que la découverte des limites dramatiques de la mondialisation par la pandémie du coronavirus de Wuhan remettent en cause ce dogme qui a déjà un siècle et continuait jusqu'à hier soir à diriger le monde. Puis on lira la quatrième de couverture de Gallimard du bouquin de la philosophe « Il faut s'adapter » avant de passer commande (22 euros en papier). Il ne reste plus qu'à inventer un nouveau paradigme en Occident, l'Orient farà da sé !
"D’où vient ce sentiment diffus, de plus en plus oppressant et de mieux en mieux partagé, d’un retard généralisé, lui-même renforcé par l’injonction permanente à s’adapter au rythme des mutations d’un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation progressive du champ économique, social et politique par le lexique biologique de l’évolution ?"
"La généalogie de cet impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources d’une pensée politique, puissante et structurée, qui propose un récit très articulé sur le retard de l’espèce humaine par rapport à son environnement et sur son avenir. Elle a reçu le nom de « néolibéralisme » : néo car, contrairement à l’ancien qui comptait sur la libre régulation du marché pour stabiliser l’ordre des choses, le nouveau en appelle aux artifices de l’État (droit, éducation, protection sociale) afin de transformer l’espèce humaine et construire ainsi artificiellement le marché : une biopolitique en quelque sorte".
"Il ne fait aucun doute pour Walter Lippmann, théoricien américain de ce nouveau libéralisme, que les masses sont rivées à la stabilité de l’état social (la stase, en termes biologiques), face aux flux qui les bousculent. Seul un gouvernement d’experts peut tracer la voie de l’évolution des sociétés engoncées dans le conservatisme des statuts. Lippmann se heurte alors à John Dewey, grande figure du pragmatisme américain, qui, à partir d’un même constat, appelle à mobiliser l’intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques, à inventer par le bas l’avenir collectif.
Un débat sur une autre interprétation possible du sens de la vie et de ses évolutions au cœur duquel nous sommes plus que jamais".