On devrait toujours se méfier quand les hommes de l'État parlent de pédagogie. Or un certain catastrophisme ambiant semble encouragé par une partie des pouvoirs publics. Cette tendance se voit aggravée par les médias. Elle incite hélas trop de nos contemporains à attendre leur salut des autoritarismes... à commencer par celui de Pékin pour faire face à cette crise actuelle du virus chinois où ce régime porte pourtant la plus grande part de responsabilité.
Gardons nous donc d'envier en quoi que ce soit les pouvoirs totalitaires. Leurs réussites, apparentes et mensongères, fugaces et factices se payent toujours au prix fort.
La Chine post-maoïste nous en donne l'exemple depuis un peu plus de 40 ans. Une courte transition mouvementée, au lendemain de la mort de Mao Tsé-toung en 1976, a conduit cet immense pays à l'arrivée au pouvoir du petit Deng Xiaoping en décembre 1978. Tant que cet intelligent marxiste réformateur a tenu la barre, on a pu espérer, dans certains cercles occidentaux, que le communisme serait progressivement dissous dans l'eau douce de l'État de droit. Et, en effet, contrairement à Gorbatchev, et contrairement à Eltsine, Pékin a pu sembler ainsi quelque temps réussir, là où le Kremlin échouait.
Tout cela reposait en fait sur une immense duperie. Celle-ci était favorisée par l'hypocrite accord entre certains affairistes et l'oligarchie esclavagiste rouge. Pour la qualifier, de façon polémique et caricaturale, certains ont pu aller jusqu'à parler d'une alliance entre les grands magasins américains et le parti communiste chinois
La Chine, ou plutôt le monde chinois, n'a probablement pas le monopole du mensonge sur sa propre histoire et sur sa propre illusion identitaire. Toute sa rhétorique actuelle, comme celle de ses laudateurs s'engouffre dans un ressentiment faussement national. Elle développe ainsi le mythe d'un Empire du milieu, hier humilié et dépecé, appelé aujourd'hui à prendre sa revanche sur les mauvais traitements que lui auraient infligés les méchants occidentaux au XIXe siècle.
Or, s'il existe sans doute une langue [écrite] commune et des liens de culture entre les différents peuples actuellement assemblés dans la République dite populaire de Chine, cela ne légitime ni la volonté de leurs dirigeants de dominer à leur tour d'autres pays ni même les tentatives millénaires de leur unification forcée.
Rappelons que ces opérations impériales ont été maintes fois renouvelées puis mises en échec depuis celle de l'empereur mégalomane Qin (259-210 av JC).
C'est bien ce personnage, déjà totalitaire, que Mao Tsé-toung admirait ouvertement. Le Grand Timonier, dont l'immense portrait trône toujours place Tian An Men, surplombant le porte de la Paix Céleste, entreprit à sa suite pendant la Révolution culturelle de détruire l'héritage confucéen, en asservissant à son tour les individus et les familles. Maître de Pékin depuis 1949, il imagina même lors du prétendu "Grand Bond en avant" de 1958-1960 de massacrer les moineaux accusés de picorer les graines...
Adepte du rêve taoïste de l'immortalité, la dynastie de Qin avait été vite balayée (207 av JC). Son pouvoir oppresseur ne lui survécut pas. Mais, plusieurs fois au cours des 23 siècles qui suivirent la fin des Qin et l'arrivée des Han, c'est une même tentative étatique qui fut imposée aux 18 provinces traditionnelles, mais aussi aux conquêtes extérieures. Car, dans la moitié du territoire actuel, les Han ont toujours été des Etrangers, au Tibet comme au Turkestan, en Mongolie ou en Mandchourie. Cet impérialisme est aujourd'hui continué par les héritiers du maoïsme, sous la conduite du dictateur idéologue ouvertement stalinien qu'est Xi Jinping.
À cet égard, un amical correspondant, reproche, ironiquement sans doute, à L'Insolent de ce 17 avril de se montrer, à propos de l'île monstrueuse du Dr Xi, peut être trop "tendre" avec notre adversaire rouge[1]…
Le lecteur le moins attentif aura probablement rectifié de lui-même. Car, bien entendu, votre chroniqueur partage le point de vue de cet intellectuel de qualité, engagé lui-même dans le combat pour la liberté.
La Chine communiste est redevenue en effet, plus clairement que jamais, notamment depuis l'accession au pouvoir de Xi en 2013, renforcé depuis le 19e Congrès du PCC de 2017, le pays du Grand Mensonge.
Ses admirateurs, ses obligés, ses laudateurs, naïfs ou intéressés, comme ses imitateurs reprennent un refrain pro maoïste que cherchait à corriger déjà, de son vivant le regretté Simon Leys. Arraché en 2014 à l'admiration de ses lecteurs, persécuté pour les distances qu'il observait vis-vis du gauchisme sorbonnard régnant, rappelons au besoin qu'il s'agissait d'un excellent défenseur de la véritable culture chinoise en tant que traducteur de Confucius[2].
Ce n'est donc pas la Chine en tant que telle, mais le régime communiste qui est devenu le premier ennemi de ce qu’il faut bien appeler, à nouveau, le monde libre.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf.Mensonges de l'État chinois
[2] Sous son vrai nom de Pierre Ryckmans.
https://www.insolent.fr/2020/04/lheritage-pourri-du-maoisme.html