La chronique de Philippe Randa
En France, et même s’il ne fait pas forcément l’unanimité, il y a un sujet avec lequel on ne plaisante pas : nos fromages ! C’est donc une partie de notre Patrimoine que l’on aurait juré être pour le moins sacrée ! Et pourtant…
Qu’y eût crû que l’épidémie de Coronavirus aurait sur ce secteur aussi une conséquence pour la moins inattendue : les appellations du Bleu d’Auvergne, du Comté, du Saint-Nectaire et de la Fourme d’Ambert vont être modifiées (Arrêté du 17 avril 2020 publié au JO du ministre de l’économie et des finances et du ministre de l’agriculture et de l’alimentation).
En février 2016, lors d’une réunion consacrée à l’agriculture et à la ruralité, Nicolas Sarkozy en appelait dans une déclaration aux accents des plus identitaires, à se battre pour nos appellations (entre autres celles des fromages) : « C’est la bataille de notre savoir-faire, c’est la bataille de notre identité, c’est la bataille de notre histoire, c’est la bataille de nos terroirs. Et si nous cédons là, nous cèderons sur tout. »
Que pense-t-il aujourd’hui de ce changement d’appellation, certes temporairement, mais tout de même ?
Devant l’urgence des pertes dûes à leurs fabrications, les conditions de préparation, de stockage, d’emprésurage et de conservation de ces fromages sont modifiées pour limiter les pertes de lait.
« Le pic habituel de production laitière printanier – moment où les veaux naissent et où les vaches retrouvent les prairies après un hiver à l’étable – coïncide avec l’écroulement simultané de pans entiers de consommation sous l’effet du confinement obligatoire : fermeture des restaurants et des marchés de plein air et baisse des exportations », nous apprend un article du quoditien Le Monde.
D’où des stocks de lait trop importants en Europe et les ministres de l’agriculture français et allemands de réclamer à la Commission européenne une «ı approche coordonnée et européenne », ainsi que l’autorisation d’un « stockage privé » des denrées excédentaires.
« Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? » se plaignait le général De Gaulle… Sil avait sû qu’on en changerait un jour certaines appellations, on imagine quelle aurait été alors son angoisse !
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