François Floc'h*
Depuis de longues semaines et sans doute pour quelque temps encore, tous les responsables politiques et de santé, tous les médias nous serinent aux oreilles les bienfaits de « la distanciation sociale » et « des gestes barrières ».
Mais, qui se souvient que c’est Jacques Chirac qui a inventé et mis en œuvre la « distanciation politique » à l’Assemblée nationale ? Une « distanciation sociale » et « gestes barrières » avant la lettre !
Nous sommes en 1986. Grâce au scrutin proportionnel institué par François Mitterrand, le Front national a réalisé un très beau score aux élections législatives de mars 1986, prouvant ainsi son poids politique. Trente cinq députés ont été élus ! Un groupe parlementaire a pu être constitué. Il fera un magnifique travail à l’Assemblée nationale. Mauvais joueur, Jacques Chirac s’empressera de revenir au scrutin majoritaire à deux tours, avec charcutage de la carte électorale…
Jean-Marie Le Pen, dans le second tome de ses mémoires (page 156), Tribun du peuple, nous rafraîchit la mémoire. Il nous conte la « distanciation » mise en place vis-à-vis du tout nouveau groupe parlementaire Front national-Rassemblement national (RN déjà !) : « Chirac réagit aussitôt. Il lança contre notre remarquable équipe, que la géographie de l’Assemblée plaçait à l’extrême droite du président de séance, la consigne de l’isoler par un “cordon sanitaire”. Tel fut le vocabulaire employé, que nul, dans ce cas, ne jugea nauséabond. Les députés de sa majorité ne devaient ni voter les textes que nous proposerions ni nous adresser la parole. Le journaliste Franz-Olivier Giesbert devait révéler plus tard que Chirac avait choisi lui-même les députés RPR limitrophes des nôtres afin de s’assurer que la consigne soit bien respectée. »
Vous le voyez, Chirac était vraiment un grand démocrate très respectueux du suffrage universel ! Bon joueur, à la mort de Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen avait déclaré : « Mort, même un ennemi a le droit au respect » ! Chapeau l’artiste !
* Ancien responsable breton du FN.